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Le son du grisli
3 décembre 2012

Anne-James Chaton, Andy Moor : Transfer (Unsound, 2011-2012)

anne-james chaton andy moor transfer le son du grisli

Voici les quatre quarante-cinq tours de la « série » Transfer édités. Alors de quoi retourne cette collaboration d’Andy Moor et d’Anne-James Chaton ? D'une affaire de poésie et de musique non pas mises en chanson mais qui, sous un thème arrêté pour chacun de vinyles (Departures, Princess in a Car, Flying Machines, Inbound/Outbound), servent ensemble des obsessions que les deux hommes ont en commun : pour l’événement et l’information, l’espace et le temps (un point sur la carte et une brèche-issue de secours), la nouveauté et la répétition, la réalité et la fiction…

Télégraphique, clinique ou sévère, la voix de Chaton scande des histoires au rythme de vers-séquences (faces de Princess in a Car, qui racontent respectivement Lady Diana et Grace Kelly avec un sens de la dramaturgie assez habile pour nous intéresser à ces sujets rebattus), énumère coordonnées géographiques, dates et codes temporels (Dernière minute), renouvelle l’inventaire à la Prévert en empruntant à Leonard de Vinci (Sul Volo) ou le témoignage à la Reznikoff (Not Guilty), dresse un constat par l’échec d’un monde de progrès (Une histoire de l’aviation)…

A la guitare électrique et à la programmation, Moor enveloppe les mots – qu’une voix parallèle peut soudain traduire en anglais, allemand, portugais…)  – pour mieux les endormir et enfin opérer : le décor du drame qui se joue est fait d’accords brefs, de cordes crachant ou d’arpèges rapides, aussi de battements sourds, de collages concrets et de prises de guitare renversées. Faite de tensions multiples (et motivantes), la musique accueille la preuve désincarnée comme l’information sèche avec une faveur égale. La poésie dite y gagne où la musique nerveuse trouve un sens peu commun. A entendre donc…

Andy Moor, Anne-James Chaton : Transfer (Unsounds)
Edition : 2011, 2012.
45 Tours : Transfer 1 (Departures) : A/ Dernière minute B/ D’Ouest en Est – Transfer 2 (Princess in a Car) : A/ Princess in a Mercedes Class S 280 B/ Princess in a Rover P6 3500S 28 – Transfer 3 (Flying Machines) : A/ Une histoire de l’aviation B/ Sul Volo – Transfer 4 (Inbound/Outbound) : A/ Metro B/ Not Guilty
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

11 décembre 2012

Grass Roots : Grass Roots (AUM Fidelity, 2012)

grass roots le son du grisli

Indiscutablement, Grass Roots ne manque pas d’atouts. Darius Jones, en particulier, dont on connait l’épaisseur du souffle, le rejet des codes, la convulsion naturelle et qui, ici, déroule, à nouveau, ses rocambolesques phrasés.

On saisit d’emblée l’intention du quartet : varier les prises de vue, créer puzzle, faire du souffle unifié une vertu première (Hovering Above) tout en le désavouant ailleurs (Ricochet).

Et surtout : réconcilier les pôles (ternaire-binaire, composition-improvisation), désosser le passé pour mieux édifier le présent. Donc : rassembler ce qui ne demandait qu’à l’être et explorer sans trop de contrainte un territoire ouvert et jamais cadenassé. Pour faire court : saisir la ronde des possibles.

EN ECOUTE >>> Lovelorn >>> Ricochet >>> Whatiss

Sean Conly, Alex Harding, Darius Jones, Chad Taylor : Grass Roots (AUM Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
CD : 01/ Hottness 02/ Lovelorn 03/ Ricochet 04/ Schnibbett 05/ Flight AZ 1734 06/ Whatiss 07/ Hovering Above
Luc Bouquet © Le son du grisli

8 janvier 2013

Michael Attias : Spun Tree (Clean Feed, 2012)

michael attias spun tree

Nulle intrigue dans le jazz de Michael Attias mais une écriture à multiples niveaux. Même les ballades ne peuvent s’empêcher de bifurquer, de se transformer. A chaque tiroir sa liste d’ingrédients savamment agencés, ordonnés. Ainsi, ne pas s’attendre à un chapelet de griffures mais à un continuum de très fines secousses et de suavités, confirmées ici par chaque membre du quintet.

Au leader, les débouchés fructueux et les sages torsades. Au trompettiste Ralph Alessi, la logique d’infiltration des strates. Au pianiste Matt Mitchell, l’art de suspendre le solo de ses respirations autoritaires. Au contrebassiste Sean Conly, l’art de dissimuler ses éclats. Et au batteur Tom Rainey, tout le reste : la diversité, l’inspiration, la torsion et l’élasticité des rythmes. Et surtout : la facilité à extraire le liant de compositions qui, en d’autres baguettes, auraient pu s’enticher de lourdeurs assassines.

Michael Attias : Spun Tree (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2012. Edition : 2012.
CD : 01/ Bad Lucid 02/ Question Eight 03/ No’s No 04/ Calendar Song 05/ Subway Fish Knit 06/ Arc-en-ciel 07/ Ghost Practice 08/ Spun Tree
Luc Bouquet © Le son du grisli 2013

1 janvier 2013

Interview d'Andrew Lamb

andrew lamb interview le son du grisli

Il a fallu phraser sans forcément être dans la lumière. La phrase, lumineuse, est d’Andrew Lamb, qui donnait l’année dernière deux disques d’importance : Honeymoon on Saturn et Rhapsody in Black. L’occasion de débuter une nouvelle année en espérant, pourquoi pas, qu’elle enrichisse autant et aussi bien que la précédente la discographie de ce musicien rare. En attendant : Andrew Lamb, c’est ici et maintenant.

… Mon premier souvenir de musique remonte à mes trois ou quatre ans. Une vieille dame que connaissait très bien ma mère me gardait de temps à autre et m’emmenait à l’église le dimanche matin. Là, on chantait, dansait et jouait d’instruments tels que la batterie, la basse, l’orgue ou la guitare. Ma mère ignorait tout de ce genre de façon de cérémonie jusqu’à ce qu’elle m’amène avec elle à l’église et que je lui demande où étaient passés les instruments. Elle a alors réalisé que sa vieille amie était membre d’une église pentecôtiste, où la musique abonde. 

Comment êtes-vous venu à la musique, et par quel instrument ? La musique m’a été offerte par la grâce du Créateur. Garçon, j’étais assez athlétique et bien déterminé à en découdre avec les meilleurs athlètes de mon âge ; pourtant lorsque, à dix-sept ans, j’ai commencé à entendre constamment en moi le son du saxophone, j’ai ressenti le besoin de m’y mettre. Je me suis alors trouvé un petit travail afin d’épargner et de m’acheter un saxophone. Quelques mois plus tard, mon travail a pris fin : je me suis enfermé dans une pièce, ai arrêté le sport et commencé à développer mon rapport à cet instrument. Auparavant, j’avais essayé la trompette, à l’âge de six ou sept ans, j’avais même un mouchoir blanc à la Armstrong

Quelles ont été vos premières influences au saxophone ? Chicago, d’ou vous venez, a-t-elle aussi joué une influence sur votre musique ? D’abord, ça a été Lester Young. Pour ce qui est de Chicago, la ville a influencé ma musique au son de gentlemen qui la représentaient pour moi : Fred Anderson, Von Freeman, Clifford Jordan, Johnny Griffin, John Gilmore, Warren Smith et bien sûr Kalaparusha Ara Difda, l’Art Ensemble of Chicago et puis tout l’AACM. Maintenant, je n’ai commencé à entendre ces musiciens qu’une fois arrivé New York, dans le quartier de South Jamaica, Queens, où j’ai grandi… Cette influence s’est exercée en termes de compréhension de la tradition de cette musique, du professionnalisme, de l’excellence artistique, de l’expression de sa propre histoire et de la nécessité d’être en accord avec soi-même et son environnement proche… En règle générale, je suis influencé par tous les grands artistes qui ont vécu pour jouer du saxophone…

Kalaparusha, qui vous a donné des leçons, est-il celui qui vous a ouvert à la « musique libre » ? En fait, je m’étais ouvert à ce genre de musique quelque temps avant de le rencontrer et d’étudier avec lui. Mais il m’a aidé à me tenir sur mes jambes et à trouver une stabilité alors que je travaillais à comprendre les formes libres et toutes les choses que lui avait plus tôt développées.

Est-ce à New York que vous avez fait vos premiers pas de musicien ? Ma toute première expérience date de la fin de mon adolescence, je jouais avec des musiciens de mon quartier, bien plus expérimentés que moi ; ravi de me mesurer à eux, j’étais aussi très fier qu’ils me demandent de revenir pour la répétition suivante. Quant à New York, chacune de mes collaborations a été extrêmement importante. Ces échanges n’ont pas seulement été des concerts ou des performances, mais aussi de véritables espaces de communication où se donnaient rendez-vous les esprits d’une même famille.

Vous avez notamment pris place dans des orchestres emmenés par Cecil Taylor ou Alan Silva. Etait-ce à l’occasion de concerts ? Oui, dans l’un et l’autre cas, c’était à l’occasion d’une série de concerts. Ces deux expériences ont dépassé toutes mes attentes, vu le niveau des musiciens et la direction d’ensemble ; elles m’ont révélé pour toujours une musique sans limites, certes, mais aussi capable d’être partagée et spontanément ajustée quand cela est nécessaire dans le même temps qu’elle résout des problèmes musicaux de façon créative.

Vous n’avez que peu enregistré sous votre nom. Est-ce un choix ? C’est simplement dû à la façon dont les choses sont arrivées : il a fallu phraser sans forcément être dans la lumière. La question ne se pose pas en ces termes pour moi : Andrew Lamb, c’est ici et maintenant, dans le présent.

Histoire de « déplorer un peu », on peut avancer que vous auriez sans doute eu davantage de propositions dans les années 1960 ou même dans les années 1980… Grâce à la technologie et les réseaux sociaux, un musicien créatif a aujourd’hui plus de chance qu’hier de se faire entendre, mais il est vrai que les circonstances qui lui permettent de jouer et de gagner sa vie ne sont plus aussi favorables qu’hier…

Si nous jouions à réduire encore votre discographie : quels seraient selon vous les trois disques qui diraient le mieux votre musique ? Je dirais Portrait in the Mist, The Pilgrimage et New Orleans Suite. Ces trois disques partagent cependant le même principe que tous les autres, qui me pousse à rester naturel, organique voire, dans mon rapport à la composition. Ce qui reflète assez ma façon de créer…  

Et concernant vos deux dernières références, Honymoon On Saturn et Rhapsody In Black Je suis honoré d’avoir eu la possibilité d’enregistrer ces deux disques. Ils sont assez différents l’un de l’autre, mais la musicalité et le savoir-faire des musiciens qui m’accompagnent est étonnante. Et puis, les labels qui les ont produits, CIMP et NoBusiness, sont de ceux qui respectent un artiste et lui donnent la liberté de souffler et de créer comme il l’entend.  

Sur ces deux disques, on peut entendre Tom Abbs, un contrebassiste dont la sonorité s’entend à merveille avec votre art... Tom est un musicien merveilleux et un gentleman au superbe tempérament qui ne compte pas ses efforts sur scène. Il n’y a ni bornes ni limites aux voyages que nous faisons ensemble en musique, d’autant plus que nous nous apprécions et nous respectons mutuellement.

D’autres jeunes musiciens ont-ils attiré votre attention ? Je souhaite le meilleur aux jeunes musiciens et à leur carrière. J’ai récemment écouté Matt Lavelle, Ras Moshe, Taylor Ho Bynum, James Brandon Lewis et quelques autres. Cependant, je ne suis pas forcément leur actualité, étant plutôt à l’écoute des vieux maîtres éternels que sont par exemple Kidd Jordan et Yusef Lateef.  

Avant de peut-être faire à votre tour figure de « vieux maître », estimez-vous que votre discographie contient d’ores et déjà ce que vous tenez à exprimer en musique ? Oui, je pense. Je le pense fort, même…

Andrew Lamb, propos recueillis en décembre 2012 et janvier 2013.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

24 juillet 2007

Spontaneous Music Ensemble: Frameworks (Emanem - 2007)

spontgrisliEn 1968, 1971 et 1973, le percussionniste John Stevens menait à Londres trois versions différentes de son Spontaneous Music Ensemble.

La première année, Norma Winstone dépose ses vocalises descendantes sur le bourdon étrange que forment Kenny Wheeler au bugle et Paul Rutherford au trombone. Notes longues portées haut par chacun des instruments (ajouter la basse clarinette de Trevor Watts), qui simulent chutes et rétablissements, tirant des dissonances de leurs confrontations. De plus en plus présent, Stevens finit par convaincre son ensemble des charmes d’une cacophonie libératrice (
Familie Sequence
).

Deux ans plus tard, le batteur retrouve Watts et invite Julie Tippett et le contrebassiste Ron Herman. Compulsif, mais aussi plus mélodique, Quartet Sequence
donne à entendre le duel interne auquel se livre Tippett, posant sa voix sur les arpèges clairsemés de sa guitare, parmi les frasques rythmiques montées par Stevens et Herman, et les chastes interventions du saxophone soprano.

A peine une dizaine de minutes, enfin, pour Flower
, sur lequel Stevens et Watts (toujours au soprano) improvisent et interrogent la possibilité d’une simultanéité d’exécution, pour mieux jouer, ensuite, avec le décalage de leurs interventions. Histoire de conclure l’exposition de trois pièces improvisées soumises à grands principes, qui éclairent sous un autre angle l'éloquent répertoire du Spontaneous Music Ensemble.

CD: 01/ Familie Sequence 02/ Quartet Sequence 03/ Flower

Spontaneous Music Ensemble - Frameworks - 2007 - Emanem. Distribution Orkhêstra International.

2 août 2006

Ernest Dawkins: The Messenger (Delmark - 2006)

dawksliEnregistré en juillet 2005 au Velvet Lounge de Chicago, The Messenger assoit encore davantage la puissance racée du New Horizons Ensemble d’Ernest Dawkins, au son d’un set placé sous la tutelle d’Art Blakey autant que d’Ornette Coleman.

Hommage au trompettiste Ameen Muhammad - membre du New Horizons dès 1979, et disparu en 2003 -, Mean Ameen profite d’un gimmick de contrebasse signé Darius Savage pour servir un swing débonnaire, jouant de l’unisson du trombone de Steve Berry et de l’alto de Dawkins, distribuant sagement les solos comme le fera aussi The Messenger.

Capable de servir avec autant d’efficacité un bop assuré (Lookin’For Ninny) et un jazz flirtant sans se poser de question avec la funk (The Brood), de prendre ses distances avec le blues tout en en respectant scrupuleusement les codes (Goin’Downtown Blues), ou enfin de tout sacrifier à la polyrythmie chatoyante de Toucouleur (sur lequel le batteur Isaiah Spencer dépose un solo remarquable), le groupe séduit toujours sans artifices.

A noter enfin la présence du trompettiste Maurice Brown, à la hauteur du talent de son prédécesseur, et pièce de luxe rapportée à l’édifice d’un ensemble qui n’a toujours pas terminé de combiner les traditions pour mieux imposer un jazz baroque et réjouissant.

CD: 01/ Intro 02/ Mean Ameen 03/ The Messenger 04/ Goin' Downtown Blues 05/ Toucouleur 06/ The Brood 07/ Lookin' For Ninny

Ernest Dawkins' New Horizons Ensemble - The Messenger - 2006 - Delmark. Distribution Socadisc.

31 août 2007

Aki Takase, Silke Eberhard : Ornette Coleman Anthology (Intakt, 2007)

aki takase ornette coleman anthology

Après Tarantella, la pianiste Aki Takase revient à deux de ses amours : le duo – qu’elle a interrogé déjà aux côtés de David Murray, Alexander Von Schlippenbach, Lauren Newton ou Rudi Mahall – et l’hommage prétexte à développer autrement sa singularité – de ceux qu’elle a déjà adressé à Fats Waller ou Thelonious Monk.

Avec  la saxophoniste et  clarinettiste Silke  Eberhard, Takase rend donc ici hommage à l’œuvre d’Ornette Coleman. Le temps de 32 reprises et de l’interprétation d’une dédicace (Dedicated to OC-Doughnut), le duo assiège l’univers du maître de façons différentes : free commandé par un piano dérangé (Free), délicatesses contemporaines - au lyrisme accordé (Revolving Door) ou malheureusement trop poli (Turnaround) -, swing à l’unisson (Mr. And Mrs. People) ou démarche plus déconstruite (Motive for Its Use), voire expérimentale (Airborne).

Si la prise de son manque parfois de chaleur, la nature des compositions et l’acuité avec laquelle les investissent Takase et Eberhard - qui démontre ici la palette large de ses possibilités, capable d’évoquer Evan Parker aussi bien qu’Eric Dolphy (clarinette basse, forcément, sur Cross Breeding) - font de cette anthologie un songbook particulier, défendu par un duo aussi concerné que baroque et sagace.

Aki Takase, Silke Eberhard : Ornette Coleman Anthology (Intakt / Orkhêstra International)
Edition : 2007.
2 CD : CD1: 01/ Turnaround 02/ Lonely Woman 03/ Free 04/ The Blessing 05/ Folk Tale 06/ Open to the Public - Check Out Time 07/ Cross Breeding 08/ The Sphinx 09/ Dedicated to OC-Doughnut 10/ Revolving Door 11/ Mr. and Mrs. People 12/ Angel Voice 13/ Motive for Its Use 14/ The Disguise 15/ Change of the Century 16/ Focus on Sanity - CD2: 01/ Congeniality 02/ Airborne 03/ Broadway Blues 04/ Beauty Is a Rare Thing 05/ Face of the Bass 06/ Peace 07/ Little Symphony 08/ Eventually 09/ Humpty Dumpty 10/ Eos 11/ W.R.U. 12/ Check Up - Enfant 13/ I Heard It over the Radio 14/ Round Trip 15/ Music Always 16/ Love Call 17/ Una Muy Bonita
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

15 novembre 2006

Junko Wada: Music Dances Itself (Sonic Arts Network - 2006)

wadasliCarte  blanche  et  sonore  donnée  à  l’artiste  Junko  Wada – pratiquant la danse et responsable depuis plus de vingt ans de performances singulières -, Music Dances Itself expose un panorama charmant de musiques minimalistes et percutantes.

En dix titres, Wada décline sa sélection de musiques capables de l’inspirer. Improvisations ou collages installés au creux d’enregistrements champêtres (celles du flûtiste Akio Suzuki ; ceux d’Arno P. Jirir Kraehahn), odes à l'abstraction confectionnées à partir de pratiques instrumentales originales (David Moss, Arnold Dreyblatt) ou compositions électroacoustiques plus méthodiques (Werner Durand).

Et puis, évidemment, quelques pièces rythmiques, élaborées selon différentes méthodes : bourdonnements marquant bientôt la cadence de Gordan Monahan, électronica burlesque du Supafly RMX de Kraehahn, ou prosodie arrangée au piano par Arnold Dreyblatt.

Affaiblie par trois choix moins judicieux – expérimentations prosaïques rassemblées, pour plus de commodité sans doute, en fin de compilation -, Music Dances Itself peut tout de même se prévaloir de révéler quelques musiciens rares, transcendés par une pratique adroite des musiques expérimentales.

CD: 01/ Arno P.Jiri Kraehahn: Sequined Seed Pply 02/ Werner Durand: Hearthunters 03/ Akio Suzuki: Tanabata 04/ Gordan Monahan: Speaker Swinging 05/ David Moss: ...Leaning Into The High Grass… 06/ Arno P.Jiri Kraehahn: Supafly RMX 07/ Arnold Dreyblatt: Nodal Excitation 08/ Rolf Julius: Walzer für ein Dreieck 09/ Christina Kubisch: Circles 1 10/ Hans Peter Kuhn: Chidori IV-2

Junko Wada - Music Dances Itself - 2006 - Sonic Arts Network.

22 septembre 2006

Bridge 61: Journal (Atavistic - 2006)

brisgsliEmmené  par  le  saxophoniste  Ken  VandermarkBridge 61 - avec des bouts de Spaceways Inc (le bassiste Nate McBride) et du Vandermark 5 (le batteur Tim Daisy) dedans – poursuit les efforts de son leader, dans sa lutte à rendre un jazz surpuissant et efficace, sans jamais rien entamer de ses belles manières.

Jamais las, donc, Vandermark déploie pour réussir ses astuces coutumières : unisson des instruments à vent (saxophones face à la clarinette de Jason Stein), interventions motivantes de la contrebasse (imposant un swing sur Atlas ou un bop sur A=A), grandes plages de déconstructions quiètes (Dark Blue, Bright Red) ou non (Super Leegera).

Passé à la basse électrique, McBride démontre son intelligence à prendre les bonnes décisions : élément principal de la structure de Various Pire, sur lequel Vandermark répond aux instincts mélodiques de Stein par un free soutenu ; gardien d’un gimmick crachant sur Shatter (judicieusement dédié au guitariste Sonny Sharrock) ou seul référent palpable d’un morceau de soul inquiète (Nothing’s Open).

A l’écoute de Journal, comme cela était déjà arrivé avec
Radiale, l’auditeur comprend à quoi aurait toujours dû ressembler le jazz rock. Au lieu de donner dans la guimauve exposée sous néons blafards, il aurait pu comme aujourd’hui mêler les influences de Roland Kirk et d’Hendrix avec intelligence. Encore eût-il fallu que les plus célèbres musiciens du genre aient eu, comme Ken Vandermark, un concept esthétique personnel à défendre.

CD: 01/ Various Pire (for This Heat) 02/ Super Leegera 03/ Atlas 04/ Nothing’s Open 05/ 29 Miles of Black Snow (for Jackson Pollock) 06/ A=A (for Antonio Tapies) 07/ Dark Blue, Bright Red 08/ Shatter (for Sonny Sharrock)

Bridge 61 - Journal - 2006 - Atavistic. Distribution Orkhêstra International.

26 novembre 2007

Al Margolis / If, Bwana: An Innocent, Abroad (Pogus / Import) - 2007

ifbwanagrisli

A partir de l’enregistrement de la voix de Lisa Barnard, Al Margolis dresse les plans des dernières explorations sonores en date de son If, Bwana. En compagnie de Jane Rigler et Jacqueline Martelle, flûtistes consentantes – et assez aventureuses pour accepter de se plier à des règles rappelant celles du cadavre exquis –, Margolis s’attache alors à mettre au jour un univers basé sur le langage.

Evidemment incompréhensible, celui-ci, et dissout sous les effets d'une essence de térébenthine administrée par des parties de flûtes étirées et traînantes. Un peu d’anglais, soudain, une déclaration d’amour étouffante, évaporée au creux des parallèles dessinées par les instruments à vent, couvrant de leurs graves répétés quelques voix qui s’opposent.

Ainsi, An Innocent, Abroad distille une ambient angoissante que le Stockhausen de Stimmung aurait investie sans crier gare, pour reléguer au second plan mots et musique, et s’occuper bien mieux d’une simple et belle affaire de sons.

CD : 01-05/ An innocent, Abroad

Al Margolis / If, Bwana : An Innocent, Abroad - 2007 - Pogus Records.

5 décembre 2007

Harmonia : Harmonia Live 1974 (Grönland, 2007)

harmonia

Inédit jusque là, Harmonia Live 1974 voit le trio Michael Rother / Hans-Joachim Roedelius / Dieter Moebius – krautrockers réunis jadis sous le nom d’Harmonia – édifier à coups de guitare électrique et de rythmes sortis de claviers électroniques une musique répétitive placée à mi-chemin entre expérimentations psychédéliques d’époque et raga réinventé. Souvent, les musiciens se contentent de jouer avec le volume sonore, et l’enregistrement d'osciller entre périodes plus ou moins captivantes. Reste le document.

Harmonia : Harmonia Live 1974 (Grönland / Differ-ant).
Enregistrement : 1974. Edition : 2007.
CD : 01/ Schaumberg 02/ Veteranissimo 03/ Arabesque 04/ Holta-Polta 05/ Ueber Ottenstein
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

24 janvier 2006

The Muffins : Loveletter #2 (Hobart, 2005)

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Etendard historique et toujours flottant de la scène progressive américaine, The Muffins accueillaient, début 2004, deux anciens membres de l’Arkestra de Sun Ra pour improviser son Loveletter #2.

Au quartette emmené par Dave Newhouse et Tom Scott vinrent donc s’ajouter Marshall Allen et Knoel Scott, saxophonistes alto plaçant l’enregistrement sous les voûtes célestes peu communes des univers du maître. Alors, les décors sombres et métalliques reçoivent les échos et réverbérations d’une valse déconstruite (In This World), d’un swing pétri de blues pour tout rappel des origines (Smooth Joe) ou d’un free jazz sans vergogne (Dog Park).

Si le son évoque les enregistrements les plus célèbres de l’Arkestra, l’évocation ne s’arrête pas là, que l’on approfondit en rappelant quelques intentions (le fantasme d’une planète Afrique lointaine et retrouvée, sur Monsta) ou des façons de faire (intersection des vents sur la progression ininterrompue d’un piano ronflant sur Chickenhead et incursions en terres funk sur Happy Now ?). Si l’on regrette parfois que l’exploration de l’univers tourne au sur-place (Dr. Mid-Nite), reste l’impression d’ensemble, touchante parce que juste. Donnée par six musiciens méthodiques dans leur rénovation d’un stylisme baroque jadis élevé au sommet de la cosmogonie personnelle de Sun Ra ; aujourd’hui devenu référence.

The Muffins : Loveletter #2 The Ra Sessions (Hobart / Orkhêstra International)
Edition : 2005.
CD : 01/ In This World 02/ Happy Now ? 03/ Monsta 04/ Chickenhead 05/ Dog Park 06/ Smooth Joe 07/ Dr. Mid-Nite
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

20 juin 2005

Sun Ra: Nothing Is... (Atavistic - 2005)

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Lorsqu’ils donnent, en 1966, ce concert dans une université new-yorkaise, Sun Ra et son Arkestra ont investi depuis quelques mois l’espace du free jazz. La tête dans les nuages, les musiciens mettent en place leur vision de la chose : moins politique, à l’écoute des sphères, et en quête de pépites intergalactiques.

Le message à délivrer est tel que la rencontre avec l’Autre – en l’occurrence, le public -, est porteuse d’espoir, comme d’incompréhensions possibles. A l’image de cette ambivalence, le pianiste fait d’une cacophonie expiatoire l’étendard de son vaisseau, comme il peut aussi bien décider de passages en sourdine, plus à même de permettre la réception des vibrations codées (Sun Ra and His Band From Outer Space).

Parmi l’étrange décorum, des chœurs expriment de temps à autre l’Essentiel, la position à retenir sur un brouillard de plans. Aux saxophones, John Gilmore et Pat Patrick se répondent sur un swing encanaillé, qui va au rythme des pulsations détectées et retranscrites par le batteur Clifford Jarvis (Dancing Shadows). Le même instaurera une rythmique progressant jusqu’à devenir jungle, quand, superbe autant que perdu, Ronnie Boykins tentait de se sortir d’Exotic Forest en mettant tout son espoir dans le pouvoir des redondances.

A chaque fois qu’une trajectoire a frôlé un trou noir au son de chaos distribués (Second Stop Is Jupiter, Theme of the Stargazers), l’Arkestra aura optimisé à l’idéal la phase de transition salutaire. Sous l’émotion, les musiciens plongent dans quelques mirages, qu’ils soient le souvenir d’un be-bop appuyé (Velvet), ou l’exploration d’un désert fantastique envahi par les ours, dont les peaux recevront, éléments des tambours, les caresses longues et répétées d’un Jarvis insatiable (Outer Nothingness).

Agrémenté de 3 inédits – dont une brève version de We Travel The Spaceways pour accentuer encore la compréhension du programme – revoilà Nothing Is…, disque emblématique initialement publié par ESP en 1966. Réédité, bien sûr, mais toujours pas redescendu sur Terre.

CD: 01/ Sun Ra and His Band From Outer Space 02/ The Shadow World 03/ Theme of the Stargazers 04/ Outer Spaceways Incorporated 05/ Next Stop Mars 06/ Dancing Shadows 07/ Imagination 08/ Second Stop Is Jupiter 09/ Exotic Forest 10/ Velvet 11/ Outer Nothingness 12/ We Travel the Spaceways

Sun Ra - Nothing Is... - 2005 (réédition) - Atavistic. Distribution Orkhêstra International.

18 février 2008

Bill Dixon: With Exploding Star Orchestra (Thrill Jockey - 2008)

dixon

Emmené par le trompettiste Rob Mazurek, l’Exploding Star Orchestra (dont font entre autres partie le guitariste Jeff Parker, la flûtiste Nicole Mitchell et le tromboniste Jeb Bishop) faisait, en septembre 2006, une rencontre inattendue : celle de Bill Dixon, légende, à sa manière détachée, des premières heures du free.

Au programme : un hommage du jeune trompettiste au plus ancien (Constellations For Innerlight Projections) inséré entre les deux mouvements d’Entrances : suite d’embouteillages instrumentaux qui réussit à placer quelques solos brefs sur un rythme soutenu avant de traîner son univers d’impressions lentes (One), puis clin d’œil au Third Stream assemblant des morceaux d’atmosphère de plus en plus denses jusqu’à l’apparition de sirènes reposantes (Two).

Entre les deux, la dédicace de Mazurek : Damon Locks récitant un texte plein de notes et de constellations, d’images et de planètes. A la suite de Sun Ra, donc, une faille spatio-temporelle que l’on investit avant que l’Exploding Star Orchestra envisage sa chute au son inquiet des hurlements, free grandiose en voie d’apaisement quand même, histoire de mieux faire le lien entre l’avant et l’après. Tout comme la rencontre, le fruit de celle-ci : inattendu.

CD: 01/ Entrances/One 02/ Constellations For Innerlight Projections (For Bill Dixon) 03/ Entrances/Two

Bill Dixon With Exploding Star Orchestra - 2008 - Thrill Jockey. Distribution PIAS.

24 novembre 2005

Kali Fasteau: Vivid (Flying Note - 2001)

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C’est à la toute fin des années 1960, que l’anthropologue émérite Zusaan Kali Fasteau décida de pratiquer un free jazz particulier, nomade et donc enrichi souvent. Enrichi encore, en 1998 et 1999, quand la multi instrumentiste donne 3 concerts aux Etats-Unis et au Canada, en compagnie – Joe McPhee excepté – de la jeune garde du jazz moderne.

Mis en avant, les saxophones : les sopranos de Fasteau et McPhee, l’alto de Sabir Mateen, ne cessent d’entamer des courses jubilatoires (Red), tissent quelques entrelacs (Tangerine), ou élaborent un free au-dessus de tout soupçon sur la section rythmique de William Parker, Hamid Drake et Ron McBee (Magenta).

Et l’expression libre explorée sérieusement de mener à plusieurs autres propositions : quête d’un apaisement revigorant (Chartreuse, Sea Green), blues chargé d’appréhension (Heliotrope), ou incursions en terres orientales mais pas étrangères : Sun Yellow ou Turquoise, sur laquelle la voix de Fasteau poursuit sans cesse la note de son autre instrument.

Car le jazz mis ici en pratique réserve une place de choix aux voix : celle de Fasteau, donc, qu’elle peut retoucher sur l’instant (Red) ou dont elle évalue la capacité à atteindre les hauteurs (Magenta), mais aussi celle de Drake, rassurée, sur Tamil Blue, par les percussions de McBee, qui avait mené juste avant une incursion chantée en Afrique désertique (Sienna).

Histoire, peut-être, de nuancer un peu la part belle faite, sur Vivid, aux instruments à vent. Préférence qui aurait été impossible à rendre sans la délicatesse de qui n’en étaient pas pourvus : la sensibilité de Parker, l’autorité pleine de retenue de Drake, ou les imprécations feutrées de McBee, nimbant tous trois les interventions irréprochables de Mateen, McPhee et Fasteau.

CD: 01/ Orange 02/ Red 03/ Turquoise 04/ Aquamarine 05/ Sun Yellow 06/ Chartreuse 07/ Tangerine 08/ Sienna (This Moment) 09/ Tamil Blue 10/ Royal Purple 11/ Pimento 12/ Heliotrope 13/ Violet 14/ Sea Green 15/ Magenta

Kali Fasteau - Vivid - 2001 - Flying Note. Import.

15 mars 2006

Jimmy Lyons: The Box Set (Ayler - 2003)

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Obnubilé par le jeu de Charlie Parker, le saxophoniste Jimmy Lyons excella sous licence hard bop avant d’être repéré, en 1960, par Cecil Taylor. Intégrant dans la minute l’Unit du pianiste, il servira plus que n’importe quel autre sideman cette formation à géométrie variable, profitant de quelques permissions pour mener en parallèle des projets plus personnels. C’est une sélection de ceux-là que The Box Set a choisi de présenter, le long de 5 CD regroupant des séances enregistrées entre 1972 et 1985.

Septembre 1972, d’abord. Lyons mène son quartette dans le studio d’un autre saxophoniste, emblème de l’époque des Loft sessions new-yorkaises : Sam Rivers. Devant public, il engage son discours sur la voie d’un post bop altier, peu à peu conquis par les envolées iconoclastes du saxophone. Capables d’impulsions en lien direct avec celles appréciées de Monk (Round Midnight), Lyons s’autorise la dérive, et s’inscrit ailleurs dans une avant-garde proche de celle défendue par Coleman (Mr. 1-2-5 Street), ou dans une autre, plus personnelle – qui confronte un savoir-faire ancien et une déconstruction audacieuse (Ballad One).

Epris de dialogue, le saxophoniste tisse un lien privilégié avec le trompettiste Raphé Malik ; les deux hommes se partagent les solos avant de confectionner ensemble des imbrications délicates (Ballad One) ou un contrepoint furieux (Gossip). Echange impeccable, auquel Jimmy Lyons s’interdira le recours en juin 1975, au même endroit, lorsqu’il interprètera en trio trois de ses compositions personnelles.

Là, le saxophoniste se trouve seul auprès d’une section rythmique composée du bassiste Hayes Burnett (déjà là en 1972) et du batteur Henry Letcher. Assuré, son alto brave le schéma complexe de Family, embrasse les trente dernières années de l’histoire du jazz, évoquant ici l’agile phrasé de Parker, là, la mutinerie orchestrée d’Ayler. Sur ballast sombre, le saxophoniste développe son propos : faisant se succéder notes brèves et enchaînements déliés sur les pizzicatos affirmés de Burnett (Heritage I), ou préférant prendre la mesure d’une tension allant crescendo (Heritage II).

Attestant des dispositions de Lyons à endosser le rôle de leader, ces deux premières sessions révèlent l’identité saisissante du saxophoniste. Qu’il n’aura cessé de mettre en pratique, et selon d’autres façons encore. Ce 9 avril 1981, par exemple. Où, en solo, il improvise et cite quelques standards en variant à chaque fois ses intentions (Clutter), réconcilie la chute des graves et les accents aigus de son alto (Never), ou défend des impulsions contre-nature avec un tact souverain (Repertoire Riffin’).

Lorsque le saxophoniste renoue, trois ans plus tard, avec une compagnie, c’est pour l’initier à un free exalté et à un jazz savant. Assurés de tenir en place par la précision du batteur Paul Murphy, Lyons et Karen Borca (au basson) installent alors un contrepoint syncopé (Shakin’Back) ou vacillant (Wee Sneezawee) avant de se permettre l’incartade de virulences éclatées (Theme).

Qui vireront, en 1985, à l’acharnement. Sur scène, les mêmes, et le contrebassiste William Parker. Free fortifié, plus que persistant, sur un autre Shakin’Back, un autre Wee Sneezawee ; déconstruction plus tempérée, sur After You Left, plus proche encore de l’inédit à découvrir ; ou construction libre et complexe, sur le rythme sophistiqué de Tortuga.

En guise de conclusion au quatrième disque, un journaliste interroge Jimmy Lyons sur la difficulté de défendre sa propre musique quand on est le sideman attitré d’un musicien tel que Taylor. La réponse, forcément difficile, laisse peu de chance au verbe. Qui préfère trouver ses arguments dans les enregistrements de The Box Set, recueil averti de concerts sans failles.

Jimmy Lyons : The Box Set (Ayler Records / Orkhêstra International)
Edition : 2003. 
CD1 : 01/ Jump-Up 02/ Gossip 03/ Ballad One 04/ Mr. 1-2-5 Street 08/ Jump-Up #2 06/ 'Round Midnight - CD2 : 01/ Family 02/ Heritage I -
CD3 : 01/ Heritage II 02/ Clutter 03/ Mary Mary Intro 04/ Never 05/ Configuration C 06/ Repertoire Riffin' 07/ Impro Scream & Clutter II - CD4 : 01/ Wee Sneezawee 02/ After You Left 03/ Theme 04/ Shakin' Back 05/ Good News Blues 06/ Itw - CD5 : 01/ Wee Sneezawee 02/ After You Left 03/ Tortuga 04/ Gossip 05/ Shakin' Back 06/ Driads 07/ Jump Up
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

11 février 2008

Fred Frith: Back To Life (Tzadik - 2008)

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Sur Back to Life, Fred Frith n’intervient pas, et laisse une poignée de virtuoses appliqués faire d’une sélection de ses compositions quelques pièces de musique de chambre souvent dérangée.

Quand le piano de Daan Vandewalle fait une pause dans l’interprétation d’une série de Seven Circles imprégnée d’école viennoise – faible pour le Seven Circle 3 aux digressions inspirées entre les schémas répétés –, le violoncelliste Joan Jeanrenaud (ancien membre du Kronos Quartet) et le percussionniste William Winant s’attaquent à Save As, développement hésitant sans cesse entre l’emportement mélodique et le chaos brutal institué par un dialogue qui vire souvent à l’affrontement.

Ailleurs encore, Stephen Drury conduit le Callithumpian Consort le long de Bridge Is Bridge et Back To Life, véritable chef-d’œuvre du disque et auparavant bande-son d’une chorégraphie composée par Frith en 1997. Audacieux, le mouvement profite du nombre des intervenants, tous irréprochables, qui ont su transformer un exercice pratique en œuvre surprenante.

CD: 01/ Seven Circles 1 02/ Save As 03/ Seven Circles 2 04/ Bridge Is Bridge 05/ Seven Circles 3 06/ Seven Circles 4 07/ Back to Life 08/ Seven Circles 5 09/ Seven Circles 6 10/ Elegy for Elias 11/ Seven Circles 7

Fred Firth - Back To Life - 2008 - Tzadik. Distribution Orkhêstra International.

26 février 2008

Fessenden: v1.1 (Other Electricities - 2008)

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Premier enregistrement studio mais sixième référence de Fessenden – comprendre : Steven Hess (Pan American, On), Joshua Convey et Stephen Fiehn –, v1.1 redit toutes les qualités de la musique électroacoustique du trio.

Passées en ordinateurs, une batterie, une guitare et une basse, s’occupent de peindre différentes atmosphères, quoique toutes oppressantes. Des rythmes mis en boucles que bousculent des effets ayant déjà avalé les guitares, un embouteillage d’aigus provoqué par la progression saccadée des musiciens, le mariage improvisé et réussi de nappes bruitistes et de larsens. L’électroacoustique brute voire féroce, souveraine et agissante.


Fessenden, Diode. Courtesy of Other Electricities.

CD: 01/ Not Sleeping, Just Resting 02/ Mid-Swing 03/ Diode 04/ A Walk In The Park 05/ PeakV/Z*sin

Fessenden - v1.1 - 2008 - Other Electricities.

23 mai 2008

Offonoff: Clash (Smalltown Superjazz - 2008)

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De la rencontre de Terrie Ex, Paal Nilssen-Love et Massimo Pupillo (Zu) est né fin 2006 Offonoff. Avec Clash, le trio pose les bases de sa musique récréative et bruitiste.

Lorsqu'Ex s’acharne sur un accord de guitare, Pupillo l’imite pour finir d'introduire une progression de rock sauvage naturellement régénérée par les incartades brutes des musicien ; que Nilssen-Love décide de l’allure expéditive qui finira d’imposer l’hirsute exposition des bruits et voici Offonoff trouvant son impeccable rythme de croisière : de cordes indélicates subissant les effets de pédales ou les décharges électriques d’un appareillage que l’on voudrait douteux, le trio fait alors son lot, qu’il enfonce rapidement sous les coups de basse et de batterie, les plaintes aigues assez rares, seulement décoratives.

A la suite de The Ex, profitant des possibilités offertes par le jeu de Nilssen-Love et gonflé par le soutien d’un membre de Zu, Offonoff a peu de mal à persuader de sa raison de jouer, qui ajoute aux bruits la particularité d’un son.   

CD: 01/ Rabbit Punch 02/ Calls 03/ Kicking Stones 04/ Bone Meat 05/ Clash >>> Offonoff - Clash - 2008 - Smalltown Superjazz. Distribution Differ-ant.

17 avril 2009

Dave Rempis : The Disappointment of Parsley (Not Two, 2009)

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En concert à l’Alchemia de Cracovie, le saxophoniste Dave Rempis, sorti du Vandermark 5, démontre une autre fois à la tête de son Percussion Quartet toutes ses capacités de leader.

Le contrebassiste Anton Hatwich et les batteurs Frank Rosaly et Tim Daisy là pour l’épauler, Rempis passe d’alto en ténor et de ténor en baryton sous le coup d’une inspiration échevelée : qu’imposent dès l’ouverture les rebonds d’un grain âpre et le souffle résistant au swing instable du morceau-titre. Ayant donné avec Zoni une leçon de délicatesse – ballade lovée au creux des coups légers de Rosaly et Rempis et de l’assurance de l’archet d’Hatwich –, Rempis laisse aux batteurs le soin d’ouvrir C/Sold at Ten Percent Discount, qu’il développera ensuite en musicien inspiré par un thème de Julius Hemphill. La progression est tortueuse, s’essouffle ici avec distinction, pour refaire œuvre de contrariétés sur un gimmick de contrebasse revivifiant. La fin de l'enregistrement est à l’image de cette nouvelle référence de la discographie de Dave Rempis : encore plus affirmée et encore prometteuse.

Dave Rempis Percussion Quartet : The Disppointment of Parsley (Not Two)
Edition : 2009.
CD : 01/ The Disappointment of Parsley 02/ Zoni 03/ C/Sold at Ten Percent Discount
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

9 juin 2009

Soft Machine : Third (Columbia, 1970)

SoftMachineThird

While it is difficult (impossible?) to choose one's favorite record - I do have my desert island list - one of my faves and most important records was Soft Machine Third. And this almost goes beyond just the amazing music. I remember seeing the ad for this LP in probably Downbeat in 1970 when it came out sitting waiting for my guitar lesson (my teacher was more a jazz guy) - and just being oddly attracted to the record. Sadly I did not actually buy the record for another few years. This also is chose as the record to write about that I have been recently listening in close succession to some of the live Soft Machine releases (mostly on Cuneiform) that have the various different lineups (quartet, quintet, septet) playing the works from that LP. It was quite an interesting take that the Softs kept approaching those pieces with live - I couldn't get this almost funky, metalish Hugh Hopper bass line on (I think it was live on BBC recording) Facelift. And then some of the horn parts integrated. Ok - enough - this record as they say is the shit (le merde?).

Soft Machine : Third (Columbia)
Enregistrement : 1970. Edition : 1970
CD : 01/ Facelift 02/ Slightly All the Time 03/ Moon in June 04/ Out Bloody Rageous
Al Margolis © Le son du grisli

favegrisliMusicien américain, Al Margolis anime notamment le projet If, Bwana et dirige le label Pogus. Favorite Encores est son dernier disque paru à ce jour. 

30 juin 2009

Discographie de Dave Rempis

rempisdisc2

Dave_Rempis_Quartet___Out_Of_SeasonDave Rempis Quartet : Out Of Season
Label: 482 Music / Cat. #: 482-1021
Format: CD
Release date: 2004



Dave_Rempis___Tim_Daisy___Back_To_The_CircleDave Rempis & Tim Daisy : Back To The Circle
Label: Okka Disk / Cat. #: ODL10008
Format: CD
Release date: 2005




As The Rempis Percussion Quartet (w/ Tim Daisy, Anton Hatwick, Frank Rosaly)

circularlogicCircular Logic
Label: Utech Records . Cat. #: UR-011
Format: CD-R
Release date: 2005



The_Rempis_Percussion_Quartet___Rip_Tear_CrunchRip Tear Crunch
Label: 482 Music / Cat. #: 482-1046
Format: CD
Release date: 2006



The_Rempis_Percussion_Quartet___Hunter_GatherersHunter-Gatherers
Label: 482 Music / Cat. #: 482-1056
Format: CD
Release date: 2007



The_Rempis_Percussion_Quartet___The_Disappointment_Of_ParsleyThe Disappointment Of Parsley
Label: Not Two Records/ Cat. #: MW 811-2
Format: CD
Release date: 2009




As Triage (w/ Jason Ajemian, Tim Daisy)


Triage___Premium_PlasticPremium Plastics
Label: Solitaire Records / Cat. #: SR003
Format: CD
Release date: 2001



Triage___Twenty_Minute_CliffTwenty Minute Cliff
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12045
Format: CD
Release date: 2003



Triage___American_MythologyAmerican Mythology
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12052
Format: CD
Release date: 2004



staggerStagger
Label: Utech Records / Cat. #: UR-031
Format: 2xCD-R
Release date: 2006




As The Vandermark 5

The_Vandermark_5___SimpaticoSimpatico
(w/ Jeb Bishop, Kent Kessler, Tim Mulvenna, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP107CD
Format: CD
Release date: 1999


burn_20the_20incline_125Burn The Incline
(w/ Jeb Bishop, Kent Kessler, Tim Mulvenna, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP121CD
Format: CD
Release date: 2000


acoustic_20machine_125Acoustic Machine
(w/ Jeb Bishop, Kent Kessler, Tim Mulvenna, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP128CD
Format: CD
Release date: 2001


free_20jazz_20classic_201_20__202_125Free Jazz Classics Vols. 1 & 2
(w/ Jeb Bishop, Kent Kessler, Tim Mulvenna, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP137CD
Format: 2xCD
Release date: 2001


The_Vandermark_5___Airports_For_LightAirports For Light
(w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Kent Kessler, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP140CD
Format: CD
Release date: 2003


elements_20of_20style_125Elements Of Style, Exercises In Surprise
(w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Kent Kessler, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP150CD
Format: CD
Release date: 2004


color_20of_20memory_125The Color Of Memory
(w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Kent Kessler, Ken Vandermark)
Label: Atavistic/ Cat. #: ALP166CD
Format: 2xCD
Release date: 2005


free_20jazz_20classic_203_20__204_125Free Jazz Classics Vols. 3 & 4
(w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Kent Kessler, Ken Vandermark)
Label: Atavistic/ Cat. #: ALP170CD
Format: 2xCD
Release date: 2005


The_Vandermark_5___AlchemiaAlchemia
(w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Kent Kessler, Bartlomiej Brat Oles, Marcin Oles, Ken Vandermark)
Label: Not Two Records / Cat. #: MW 750-2
Format: 12xCD
Release date: 2005

eehA Discontinuous Line
(w/ Tim Daisy, Kent Kessler, Fredrick Lonberg-Holm, Ken Vandermark)
Label: Atavistic/ Cat. #: ALP173CD
Format: CD
Release date: 2006


four_20side_20to_20the_20story_125Four Sides To The Story
(w/ Tim Daisy, Kent Kessler, Fredrick Lonberg-Holm, Ken Vandermark)
Label: Not Two Records/ Cat. #: MW 775-1
Format: LP
Release date: 2006


The_Vandermark_5___Beat_ReaderBeat Reader
(w/ Tim Daisy, Kent Kessler, Fredrick Lonberg-Holm, Ken Vandermark)
Label: Atavistic / Cat. #: ALP184CD
Format: CD
Release date: 2008



As Territory Band 

transatlantic_20bridge_125Territory Band 1 : Transatlantic Bridge
w/ Jim Baker, Jeb Bishop, Axel Dörner, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Tim Mulvenna, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12040
Format: CD
Release date: 2000

atlas_125Territory Band 2 : Atlas
w/ Jim Baker, Jeb Bishop, Axel Dörner, Kevin Drumm, Per-Ake Holmlander, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Fredrik Ljungkvist , Tim Mulvenna, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12050
Format: CD
Release date: 2002

map_20theory_125Territory Band 3 : Map Theory
w/ Jim Baker, Jeb Bishop, Axel Dörner, Kevin Drumm, Per-Ake Holmlander, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Fredrik Ljungkvist , Paal Nilssen-Love, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12060
Format: 2xCD
Release date: 2004

company_20switch_125Territory Band 4 : Company Switch
w/ Jim Baker, Jeb Bishop, Axel Dörner, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Fredrik Ljungkvist , Lasse Marhaug, Paal Nilssen-Love, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12070
Format: 2xCD
Release date: 2005

new_20horse_20for_20the_20white_20house_125Territory Band 5 : New Horse For The White House
w/ Jim Baker, Johannes Bauer, Axel Dörner, Per-Ake Holmlander, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Fredrik Ljungkvist , Lasse Marhaug, Paal Nilssen-Love, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12080
Format: 3xCD
Release date: 2006

collide_125Territory Band 6 with Fred Anderson : Collide
w/ Fred Anderson, Jim Baker, Axel Dörner, Per-Ake Holmlander, Kent Kessler, Fred Lonberg-Holm, Paul Lytton, Fredrik Ljungkvist , Lasse Marhaug, Paal Nilssen-Love, David Stackenäs, Ken Vandermark
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12090
Format: CD
Release date: 2007

As The Engines (w/ Jeb Bishop, Tim Daisy, Nate McBride)

The_Engines___The_EnginesThe Engines
Label: Okka Disk / Cat. #: OD12057
Format: CD
Release date: 2007




Appears on

borIngebrigt Håker Flaten Quintet : The Year Of The Boar
Label: Jazzland / Cat. #: 1761764
Format: CD
Release date: 2008



Ken_Vandermark___ResonanceKen Vandermark : Resonance
Label: Not Two Records / Cat. #: MW 800-1
Format: LP
Release date: 2008




Tracks appear on

2018VV.AA. - CHICAGO 2018... It's Gonna Change
as Ken Vandermark 5
Label: Clearspot / Cat. #: cs031
Format: 2xCD, 2xLP
Release date: 2000
track: Distance

VVVV.AA. - Morton Feldman Jazz Tributes
Label: Villars Edition / Cat. #: ve01
Format: CD
Release date: 2004
track: Ken Vandermark - Hbf 1

9 septembre 2009

Seth Nehil : Flock & Tumble (Sonoris, 2009)

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Artiste sonore entendu notamment aux côtés de Michael Nortam ou Brendan Murray, Seth Nehil donne sur Flock & Tumble un aperçu de sa pratique musicale en solitaire.

Diverse, celle-ci : qui combine fields recordings et élans percussifs jetés en d’étranges paysages intérieurs (Tew), oppose des voix blanches à d'éloquents silences (Whuilp) ou impose à ces mêmes voix une inconstance capable d’anéantir tout vocabulaire (The Sun) ; pour se faire ailleurs moins obscur : larsen et superpositions de notes longues obéissant à une ligne presque claire (Tew 2) ou rafale de percussions aux dégâts changés en fiers éléments d’esthétique (Blackhole).

Ainsi, la musique expérimentale de Nehil se rapproche en certains endroits de celle de Gunther Rabl (Plait pour tout exemple, sur lequel Nehil brille en terrible animateur de bruits) pour aller voir ailleurs du côté d’une ambient ténébreuse ou d’un bruitisme sournois. Le grand mérite de Seth Nehil, étant de savoir convaincre quel que soit le domaine qu’il investit.


Seth Nehil, Blackhole (extrait). Courtesy of Sonoris.

Seth Nehil : Flock & Tumble (Sonoris / Metamkine)
Edition : 2009.
CD : 01/ Tew 02/ Whuilp 03/ Plait 04/ Tew 2 05/ Grave 06/ The Sun 07/ Blackhole
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

10 septembre 2009

Franz Koglmann : Lo-lee-ta, Music on Nabokov (Col Legno, 2009)

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D’Auster à Joyce, on ne compte plus les rencontres manquées entre littérature et jazz – et tout particulièrement lorsqu’elles se fondent davantage sur une « inspiration » (ou un vague fumet ; et avec la matière romanesque, le risque semble encore plus grand qu’avec la forme poétique) que sur un véritable corps à corps, voire une étreinte syllabique (on passe alors parfois de la déjà rare jazzpoetry ou litt-jazz à un lit-jazz, littéralement « allumé », pour reprendre le mot de Steve Lacy).

Franz Koglmann* (trompette, bugle) réussit néanmoins ici à trouver la bonne distance en prenant précisément ses distances avec le prétexte (il l’avait déjà brillamment fait dans le chambriste et décalé About Yesterdays Ezzthetics de 1987, pour Hat ART, « about » George Russell, Irving Berlin ou Jerome Kern, comme ce Lo-lee-ta est « on » Vladimir Nabokov) : c’est tout un art du détachement, d’un certain désenchantement et du maintien du lien par l’intention…

Laisser tourner plusieurs fois cet enregistrement permet d’en libérer l’arôme qui reste léger, brumisé comme ces brouillards d’embouchure dont Koglmannn a le secret. En quatorze morceaux brefs – six duos avec Wolfgang Mitterer (piano, electronics) s’intercalant dans les huit pièces du Monoblue Quartet : FK, Tony Coe (clarinette, saxophone alto), Ed Renshaw (guitare), Peter Herbert (contrebasse) – et autant de petits pas de danse, saynètes et entrelacs, l’a priori de l’auditeur dubitatif peut être levé.


* Portrait de Franz Koglmann

Franz Koglmann : Lo-lee-ta, Music on Nabokov (Col Legno / Amazon)
CD : 01/ Love Theme from Lolita 02/ Hereafter n°1 03/ Montreux Palace 04/ Hereafter n°2 05/ A Day’s Work 06/ Hereafter n°3 07/ Ada and Van 08/ Vadim Vadimovich N. 09/ Hereafter n°4 10/ Laura 11/ Hereafter n°5 12/ Just half a Shade 13/ Hereafter n°6 14/ Martha Dreyer
Edition : 2009.
Guillaume Tarche © Le son du grisli

26 décembre 2009

John Cage : Sculptures musicales (Ogreogress, 2008)

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Sous l’impulsion du percussionniste Glenn Freeman, quatre pièces tardives de John Cage refont ici surface, servies par les savoirs-faires de Freeman lui-même et de Christina Fong (violon), Karen Krummel (violoncelle) et Michael Crawford (contrebasse), et puis ceux des vents de l’Orchestre de Prague et du Chance Operations Collective.

En exergue, une citation du compositeur affirme qu’aujourd’hui le silence a presque partout le bruit du trafic. Les quatre compositions, de révéler de manière assez surprenante la place grandissante faite au bruit par John Cage à la fin de sa vie. Aller entendre ainsi des sculptures musicales qui font toute la place aux injonctions de souffles grandioses puis à de grandes plages de silence, portées d’abord par un art percussif frôlant l’indus, rattrapées ensuite par les remous provoqués par une section de cordes en déroute puis en perdition.

Mais le silence, encore et enfin, pour tout salut : l’Orchestre de Prague qui sert le projet de Glenn Freeman s’en tient là : chassé par des vents contraires, voit emmenées ses dissonances et la fureur adéquate au propos de Cage dont il aura bercé les dernières et grandiloquentes illusions. 

John Cage : Sculptures musicales… (OgreOgress)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
DVD Audio : 01/ Sculptures musicales 02/ Twenty-Six with Twenty-Eight 03/ Twenty-Six with Twenty-Eight & Twenty-Nine 04/ Eighty
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

michel henritzi harutaka mochizuki guillaume belhomme le son du grisli
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