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Le son du grisli
12 mai 2015

Labfield : Bucket of Songs (Hubro, 2015)

labfield bucket of songs

Derrière Labfield, dont c’est le troisième CD, il y a trois musiciens connus de nos fidèles (que j’imagine infidèles de temps à autre) lecteurs : David Stackenäs (guitare), Giuseppe Ielasi (guitare, electronics) et Ingar Zach (percussions). Ce qui devrait suffire aux présentations !

Ce qui surprendra par contre peut-être comme moi nos infidèles lecteurs, c’est ce seau (cette pelletée ?) de chansons (qui démarrent ceci étant par des belles cordes gonflantes) qui en appelle de temps en temps à l'aide d'une invitée, Mariam Wallentin – note : la voix a été posée en 2013 sur des enregistrements datés de 2000, 2011 et 2013. Question style, le trio part dans tous les sens : ambiances électrogènes, joutes pseudo-africaines à la Hebden-Reid, néo-folk expérimental, balladisme à couronnes de fleurs…

Ce qui surprendra encore plus c’est que malgré sa diversité le CD fatigue bien vite avant de nous rebuter rien-que-ça. L’apothéose dans ce médiator qui égrène mollement une guitare folk sous des vocalises chagrines. Preuve que le format chanson n’est pas toujours bon conseiller.

Labfield : Bucket of Songs (Hubro)
Enregistrement : 2009-2013. Edition : 2015.
CD / LP / DL : 01/ Ragged Line Reversed 02/ Page 55 03/ Temporary Reasons 04/ Bucket of Songs 05/ Intensive Course in Bad Manners 06/ The Boy Who Never Remembered to Forget 07/ Straight A’s In Constant Sorrow 08/ Members Crossed 09/ Last Passacaglia
Pierre Cécile © Le son du grisli

14 mai 2015

Kasper T. Toeplitz, Jean-Noël Cognard, Jac Berrocal : Disséminés çà et là (Bloc Thyristors / Trace, 2015)

kasper toeplitz jean-noël cognard jac berrocal disséminés ça et là

Enregistrés le 18 juin 2014 à Evreux, puis Disséminés çà et là, Kasper T. Toeplitz, Jean-Noël Cognard et Jac Berrocal. Entendus (et expansifs) en Empan et Vierge de Nuremberg, le duo Berrocal / Cognard avait donc encore à dire. C’est-à-dire à improviser, en jouant de codes divers, électriques souvent.

Ainsi la basse de Toeplitz, derrière le sifflement des cymbales. Ronflant, elle déroule la trame et le son même de la rencontre : boulevard sous néons sombres sur lequel Berrocal pourra s’exprimer librement – c’est parfois, par quelques câbles no wave, Don Cherry solidement attaché à un totem fiché de travers. En fin de première face, les musiciens grondent toujours, mais en insistant maintenant : noise’n’roll tranchant

Qui tranchera d’ailleurs avec la seconde face : sur un écho léger, le trompettiste y improvise du bout des lèvres quand Toeplitz nourrit quelques parasites et Cognard invente une adéquate ponctuation : c’est alors une danse contournée qui préside aux débats, chassée bientôt par un blues étouffé par d’autres grondements sourds. Et « c’est l’heure », déjà : celle de l’après-écoute, celle où le trio concrétise son vœu du jour : Toeplitz, Cognard et Berrocal, Disséminés, çà et là.

Kasper T. Toeplitz, Jean-Noël Cognard, Jac Berrocal : Disséminés çà et là (Bloc Thyristors / Trace / Souffle Continu)
Enregistrement : 18 juin 2014. Edition : 2015.
LP : A1/ Remous écumants A2/ Lune des grottes profondes – B1/ Le corps s'arque sur le lit B2/ Rock' n roll station B3/ Un oiseau d'or aux ailes déployées
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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Ce jeudi 14 mai, Jean-Noël Cognard battra du Tribraque (Pauvros / Müller / Cognard) aux Instants Chavirés de Montreuil

26 août 2015

Regler : Regel #4 (HNW) (At War With False Noise / Décimation Sociale / Rapid Moment / Pilgrim Talk, 2015)

regler regel 4

En définitive, la conséquence qu'aura ce CD sur votre audition dépendra du volume auquel vous voudrez bien le passer… De quoi ? Eh bien, une demi-heure de noise (harsh noise wall, pour être précis) guitare / batterie. Comment ? OK, vous ne m'avez pas attendu, vous l'avez déjà écouté, ce CD de Regler = Mattin & Anders Bryngelsson (Brainbombs)… Ou alors c'est que vous ne vous êtes pas remis du Regel #3...?

Actualisons : ça part encore à fond les ballons (si je puis dire) qui ne résisteront pas longtemps à la pression. D’ailleurs à quoi bon le crescendo, mon ami ? Mattin et Bryngelsson sont des hommes pressés, et des nuisistes-parasites : à peine le temps de reprendre sa respiration (pas comme chez le dentiste, où la paille-aspirateur à salive vous permet de déglutir si on l’avale un peu) entre deux mesures (mais peut-on vraiment parler ici de mesure ?).

Non, car on tressaute plutôt sur ce brouhaha qui ne connaît que de rares variations (un accrochage d’accord de guitare, un larsen…) et on n’a pas le temps de compter les mesures. On les enquille, plutôt, le sourire aux lèvres. Ou rentré dans la bouche, pour être précis, le sourire!

Regler : Regel #4 (HNW) (At War With False Noise / Décimation Sociale / Rapid Moment / Pilgrim Talk)
Edition : 2015.
CD : 01/ Regel #4 (HNW)
Pierre Cécile © Le son du grisli

19 juin 2015

John Russell : With... (Emanem, 2015)

john russell with thurston moore evan parker

Quelques problèmes de cœur n’auront pas empêché John Russell de fêter son soixantième anniversaire, sur la scène du Café Oto de Londres, le 19 décembre 2014. C’est l’enregistrement qui nous intéresse, exposant le guitariste auprès d’invités de marque.

Un à deux par plage : Henry Lowther et Satoko Fukuda sur la première, où cette guitare sèche au goût de métal traîne entre une trompette parcimonieuse et un violon plus lyrique (si l’équilibre est instable, c’est que le lyrisme pèse) ; Phil Minton sur la seconde, dont bouche et gorge rivalisent d’effets capables de contrer notes étouffées et fulgurances de guitare-banjo ; Evan Parker (au ténor) et John Edwards, qui ne forment pas de duo puisque le contrebassiste travaille avec Russell à la création d’un formidable instrument à cordes ; Thurston Moore, enfin, qui oblige son partenaire à envisager l’ampli comme un second instrument au moyen duquel inventer autrement.

A l’intérieur de l’étui cartonné, un livret de huit pages revient sur l’événement, consignant les interventions de Russell avant chaque improvisation et une sélection de photos. La dernière, qui montre Moore et Russell devant quelques bougies, fait écho aux mots qu’il adressa à Martin Davidson quelques jours après le concert : « I had a ball and Joanna (sa compagne, nldr) said she hadn’t seen me so happy for weeks. »

John Rusell : With… (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 19 décembre 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ The First Half of the First Half 02/ The Second Half of the First Half 03/ The First Half of the Second Half 04/ The Second Half of the Second Half
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

7 février 2015

Wooley, Rempis, Niggenkemper, Corsano : From Wolves to Whales / Ballister : Worse for the Wear (Aerophonic, 2015)

nate wooley dave rempis pascal nigeenkemper chris corsano from wolves to whales

L’idée d’entendre une formation qui réunirait Dave Rempis et Nate Wooley – pour dire vite : deux des plus brillants instrumentistes (issus du jazz) de leur génération – commençait à dater. Il y a un an, elle finissait par éclore : sur scène (trois concerts new yorkais) puis en studio. From Wolves To Whales est ainsi le premier disque d’un quartette dans lequel on trouve aussi (et même « encore ») Pascal Niggenkemper et Chris Corsano.

L’occasion n’a pas été manquée de concilier art de la voltige et goût prononcé pour l’expérimentation. Un air de salive en circuits – le temps pour Wooley de s’extraire de son instrument – et les souffleurs dévalent une première improvisation à étages. Avec adresse, le groupe maintient l’équilibre entre énergie et invention dans sa quête de Swingin’ Apoplexy, pour reprendre un des titres du disque. Les boucles d’alto révélées sur les souffles aphoniques de la trompette (qui montrera sur Count Me Out qu’elle aussi sait faire tourner un motif) et les grippements intentionnels de la contrebasse sur les chahuts de la batterie relativisent alors : pourquoi craindre les risques d’un fantasme qu’on concrétise ?

Nate Wooley, Dave Rempis, Pascal Niggenkemper, Chris Corsano : From Wolves to Whales (Aerophonic)
Enregistrement : 10 février 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Slake 20/ Serpents Tooth 03/ Stand Up for Bastard 04/ Swingin’ Apoplexy 05/ Count Me Out
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

ballister worse for the wear

Moins de nuances peut-être, mais toujours les mêmes effets. Sur son cinquième enregistrement, Ballister développe son swing nerveux quand il ne le couche pas plutôt – sous les doigts de Lonberg-Holm, des sonorités peu communes, sur lesquelles Rempis surfe parfois, enrichissent le vocabulaire du trio. A tel point que la marche déviante de Vulpecula insiste : Worse for the Wear un Ballister indispensable.  





Ballister : Worse for the Wear (Aerophonic)
Enregistrement : 28 mars 2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Fornax 02/ Scutum 03/ Vulpecula
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

john coltrane luc bouquet lenka lente

9 mars 2015

WMWS : One-Night Stand (Improjazz, 2015)

wmws one-night stand

Il est vrai… j’étais venu là (à l’Upstairs Room du Ronnie Scott’s Club le 14 avril 1973 sur invitation du label Improjazz) pour Robert Wyatt. A la batterie, il faisait pulser (et comment !) l’improvisation d’un quartette d’un soir. Avec lui, il y avait le saxophoniste Gary Windo, le claviériste Dave MacRae et le bassiste Richard Sinclair.

Juste après l’enregistrement de Rock Bottom, l'homme de Soft Machine travaille à une tout autre affaire. Plutôt de manière informelle, comme on dit, il improvise. Avec MacRae son comparse de Matching Mole, il donne au set un goût de rock prog et de fusion (le clavier électrique n’y est pas pour rien, MacRae faisant même penser au Chick Corea des seventies sur la deuxième face). Mais malgré l’efficacité du duo, c’est peut être Windo qui opère le mieux et donne une cohérence aux nombreuses séquences de jeu. Plusieurs fois il intervient avec autorité et, dans ses solos, vire au free. A ma grande surprise, et pour mon plus grand plaisir.

D’ailleurs, si j’étais venu là pour Robert Wyatt, c’est bien Gary Windo qui aura retenu mon attention. Depuis, il l’a même conservée.

RMWS : One-Night Stand (Improjazz)
Enregistrement : 14 avril 1973. Edition : 2015.
LP : A-B/ One-Night Stand
Pierre Cécile © Le son du grisli

le son du grisli

mail 10 years

27 mai 2015

Birgit Ulher, Leonel Kaplan : Stereo Trumpet (Relative Pitch, 2015) / Birgit Ulher : Live at Teni Zvuka 2012 (1000füssler, 2014)

leonel kaplan birgit ulher stereo trumpet

En prenant le parti de la stéréo, Birgit Ulher et Leonel Kaplan se sont opposés : l’une à gauche (trompette, radio, enceinte et objet), l’autre à droite (trompette seulement).

Ce qui n’empêchera qu’à l’intérieur des conduits tournent et se mélangent des souffles effacés et les rumeurs de pratiques toujours surprenantes (aquaplanage salivaire, roulette désaxée, horlogerie pétaradant…). L’improvisation, bien sûr, est abstraite, et industrieuse jusqu’à ce que Kaplan tisse des tapis capables d’amortir les chocs et, en conséquence, de jouer sur les trajectoires. Alors, le duo revoit ses façons : ici, creuse puis dévale une tranchée en spirale ; là, met au jour une polyphonie de blancs ; ailleurs enfin, réserve un accueil chaleureux à tous les vents imaginables. Ainsi l’imagination d’Ulher et de Kaplan donne de nouvelles couleurs à la stéréophonie qui les travaillait.

Birgit Ulher, Leonel Kaplan : Stereo Trumpet (Relative Pitch)
Enregistrement : 12 novembre 2011 & 3 May 2012. Edition : 2015.
CD : 01/ Otto Sees Anna 02/ I Did. Did I 03/ Late Metal 04/ Stereo Trumpet
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

birgit ulher live at teni zvuka 2012

En solo et en trio avec Ilia Belorukov et Andrey Popovskiy, c’est ici Birgit Ulher en concert, les 1er et 3 juin 2012 à Saint-Petersbourg. Seule, elle organise le chant d’objets qu’elle fait trembler à coups de ponctuation autoritaire mais chantant merveilleusement. En trio, Ulher doit faire avec une électronique perçante : maintenant ajourée, la trompette y reçoit des raies de lumière au son d’une formidable conversation électroacoustique.

Birgit Ulher : Live at Teni Zvuka 2012 (1000füssler)
Enregistrement : 1er & 3 juin 2012. Edition : 2014.
CD : 01-02/ Live at Teni Zvuka 2012
Guillaume Belhomme © le son du grisli

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23 septembre 2015

James Saunders, Apartment House : Assigned #15 (Another Timbre, 2015)

james saunders assigned 15

C’est la deuxième fois que la pluie tombe ce matin. Ce qui fait crisser le tram. Et aussi les cordes de ce septet, Apartment House. La pluie a déjà cessé, mais le tramway reste en suspens. Ses parties se détachent, lentement, au rythme en fait de la formation et de cette œuvre de James Saunders, tirée de sa série Assigned, qu'il présente ici.

Sans réfléchir j’attribue  la défragmentation de la machine, que j’observe à travers mes carreaux mouillés, à la musique de cette interprétation. Enregistrée le 16 avril 2015, c’est-à-dire il y a des mois, déjà. Mais c’est aujourd’hui qu’elle déboule et déboulonne à quelques mètres de nous. Ces compositions de Saunders changent toujours de partitions (selon l’orchestre, selon le lieu, comme il l’écrit).

Il ne reste plus rien que le bruit de la machine (non, ce n’est pas un drone) qui tourne, qu’une clarinette approche, et celui de ses vieux néons. Trois quarts d’heure de désintégration, là, sous nos yeux. C’est d’habitude le temps qu’il nous faut pour déjeuner ensemble. A la place, nous avons goûté. Sous la pluie.

Apartment House, James Saunders : Assigned #15 (Another Timbre)
Enregistrement : 16 avril 2015. Edition : 2015.
CD : 01/ Assigned #15
Héctor Cabrero © Le son du grisli

24 octobre 2015

LDP 2015 : Carnet de route #22

ldp 2015 22 oakland mills college

Ainsi Jacques Demierre et Urs Leimgruber changent-ils (une autre fois) de continent... C'est au Mills College qu'il poursuivent la tournée listening, en compagnie de Fred Frith.

17 octobre, Oakland, USA
Mills College, Jeannik Méquet Littlefield Concert Hall

Jacques und ich treffen uns am Flughafen Zürich, während sich Barre zu Hause weiterhin gut erholt. Die Resultate des letzten Untersuchs bestätigen, dass die Behandlung erfolgreich war und Barre bald wieder mit uns sein wird. Für die Konzertreise in die USA ist es jedoch zu früh. Barre wird uns am 8. November in Zürich für die Proben von No Alarming Interstice treffen. Am Freitag, 13. November spielt das Trio im Rahmen von Tage Neue Musik Zürich zusammen mit dem Tonhalle Orchester die Uraufführung von Jacques Demierre’s Auftragkomposition No Alarming Interstice in der Tonhalle in Zürich.
Nach einer kurzen Verschnaufpause geht die Tournee am 15. Oktober weiter. Einen Plan B nehmen wir mit auf die Reise. Der Flug verläuft plangemäss. Eingepfärcht in den eng gestuhlten Sitzen überstehen wir die lange Reise ohne all zu grosse Unannehmlichkeiten, ausser dass ich jetzt das Bedürfnis habe meine Beine zu strecken. Nach einer zwölfstündigen Flugreise landen wir zeitgerecht um 16:15 Uhr in San Francisco. Mit Mietwagen und GPS erreichen wir via Bay Bridge, Oakland. Anschliessend führt uns das MacArthur Boulevard zum Mills College, wo wir die Schlüssel für zwei Gästezimmer in Empfang nehmen. Der Campus ist riesig, fast unüberschaubar und vorallem ist es hier still und dunkel. Dank Hilfe von zwei überaus freundlichen Studentinnen, die uns ihre Hilfe anbieten, finden wir in zwei verschiedenen Häusern zu den beiden Gästezimmern.
Das Mills College ist ein kulturwissenschaftliches College in Oakland (Kalifornien). Ursprünglich 1852 als erstes Frauencollege an der amerikanischen Westküste gegründet, spielt es insbesondere aufgrund seines koedukativen Graduiertenprogramms in zeitgenössischer Musik eine wichtige Rolle im US-amerikanischen Musikleben. Des Weiteren sind seine Fachbereiche für Anglistik und Erziehungswissenschaft sehr angesehen. Das Mills College wurde im Jahre 1852 als Young Ladies Seminary in Benicia, Kalifornien gegründet. Susan Tolman Mills und ihr Ehemann Cyrus Mills kauften das Seminar 1865 und benannten es in Mills Seminary um. 1871 erfolgte der Umzug nach Oakland und 1875 die Umbenennung in Mills College. 1921 wurde der erste Master-Abschluss verliehen. 1990 wurde von Seiten der Hochschulleitung versucht die Undergraduate-Studies auch für männliche Studenten zu öffnen. Nach Protesten durch Studentinnen und Lehrpersonal wurde diese Entscheidung zurückgenommen.
Bekannte Persönlichkeiten, Komponisten wie Charles Jones, Darius Milhaud und Luciano Berio waren Mitglieder der Musikfakultät. Pauline Oliveros leitete das neu gegründete Tape Music Center und komponierte ihre frühen elektronischen Werke Alien Bog und Beautiful Soop. In den frühen 1970er Jahren lehrte Terry Reiley in Mills; Anthony Braxton und Katrina Krimsky unterrichteten dort über mehrere Jahrzehnte; Egon Petri und andere wirkten als Musiker „in residence“. Morton Subotnick studierte Komposition bei Leon Kirchner und Darius Milhaud; bekannte Mills-Absolventen sind weiterhin Laurie Anderson und Trisha Brown, Dave Brubeck, Steve Reich und die Grateful-Dead Musiker Phil Lesh und Tom Constanten. Beate Sirota schloss ihr Studium im modernen Sprachen mit einem Bachelor-Abschluss im Jahre 1943 ab. Aktuelle Dozenten sind u.a. John Bischoff, Roscoe Mitchell, Fred Frith, India Cook. Joëlle Léandre und Zeena Parkins waren während den letzten Jahren als Gastdozentinnen in Mills.
Ich habe gut geschlafen. Den Tag beginne ich morgens um 5 Uhr mit der täglichen Vipassana Meditation und anschliessendem Lu-Jong. Ich koche grünen Tee. Ich bin der einzige Gast im ganzen Haus. Ich geniesse die Stille. Um 10 Uhr treffe ich mich mit Jacques zum Frühstück in der Cafeteria. Danach machen wir mit unserem gemieteten Toyota einen Ausflug nach Oakland. Offensichtlich haben wir uns verfahren. Im Quartier wo wir ankommen gibt es weder interessantes zu sehen noch zu hören. Wir fahren weiter nach Berkeley, in die Nähe der Universität, in die Shattuck Avenue. Hier gibt es Bistros, Kaffehäuser, Organic Food Restaurants, Buchhandlungen, Läden, kleine Boutiquen, die neben Batikstoffen, ätherische Öle, asiatische Medikamente und Rauchstäbchen anbieten. Auf der Strasse kommen uns gealterte Hippies mit grauen und weissen Haaren und Bärten entgegen. Wir entscheiden uns für einen starken Espresso in einer kleinen, italienischen Bar und fahren anschliessend zurück ins Mills College. Ich geniesse von neuem die Ruhe hier im Campus. Der Jetlag macht sich bemerkbar. Beim Lesen von Peter Sloterdijks Ausgewählte Übertreibungen schlafe ich ein.
Anderntags, um 14:30 treffen wir Fred Frith und die Techniker in der Littlefield Concert Hall zum Soundcheck. Der Konzertraum bietet Platz für 300 Leute, und die Akustik ist ganz hervorragend. Die Positionen der Musiker sind eingenommen und wir stimmen uns ein. Yeah, it’s fine!
Um 08:00 beginnt das erste Konzert. Dapplegray mit Tara Sreekrishnan Klavier, Nava Dunkelman Perkussion und Jeannie-Aprille Tang Elektroakustik. Diese drei Musikerinnen haben sich im Music Improvisation Ensemble in Mills kennengelernt. Das Ensemble spielt ein Konzert bestehend aus Part I, einer strukturierten Improvisation und Part II, einer freien Improvisation zu einem Filmstreifen von Maya Deren 1943, live score for Meshes of the Afternoon. Maya Deren (1917 – 1961) war eine wichtige Russisch/ Amerikanische Filmemacherin der Avantgarde des unabhängigen experimental Kinos.
Meshes of the Afternoon erforscht Konzepte von Identität und Durchgang zu linearer Bewegung durch nicht-linearen Raum. Orchestriert durch eindrucksvolle Bearbeitungsmuster artikuliert der Film die Polarität der Gleichheit und Differenz.
Hinter uns eine grosse Leinwand mit dem Video von Barre. So beginnt das Konzert des Trios mit Jacques Demierre, Urs Leimgruber und Fred Frith. Das Video besteht aus zwei Teilen, einer Gesamtlänge von 20 Minuten. Zum Ende des zweites Teils beginnt das Trio zu spielen. Wir spielen eine freie Improvisation, ein extensiver Bogen von 40 Minuten bestehend aus zwei Teilen.
„ I first heard Barre Phillips at the infamous Natural Music concert in Cambridge in 1969, with John Lennon, Yoko Ono, John Stephens, John Tchicai and others. Not long afterwards I picked up Unaccompanied Barre, his first solo LP, recorded in a church the year before. More than any other single event this music made me alive to the possibilities of free improvisation and I immediately aspired to transform the electric guitar in the way he had transformed the double bass. Many years later I had the great pleasure of meeting Barre, and subsequently performing together. His friendship since has been very important to me. He is a true giant in the history of this music and I wish him a speedy recovery.“ – Fred Frith
Dieses erste Konzert mit Barre und Fred fand 1998 im Laboratoire Aubervilliers in Paris statt. Fred hatte Barre und mich eingeladen zusammen mit ihm im Trio zu spielen. Dieses Konzert war für mich ein Schlüsselerlebnis. Es war der Anfang einer langjährigen Zusammenarbeit mit Barre. Zwei Jahre später habe ich das Trio mit Barre und Jacques zusammengeführt. Seitdem existiert dieses Trio. Ich bin sehr glücklich darüber, dass es heute hier am Mills College aufgrund Barre’s Abesenheit zum Zusammenspiel mit Fred, Jacques und mir kommt.  Zitat von John Bischoff:  “I have never heard such a brilliant and clear sound of improvised music”. Am Ende bedanken sich das Publikum und die beiden Verantwortlichen John Bischoff und Steed Cowart begeistert mit herzlichem Applaus.
U.L.

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En partance pour San Francisco, je suis mouton parmi les moutons, entassé dans le métro sans conducteur qui mène les passagers de l'aéroport de Zürich d'un terminal à un autre, quand mon voisin se tourne vers moi et me dit en anglais : "Vous êtes très silencieux…" Je suis surpris, car un silence absolu règne dans la rame bondée. J'aime sa réaction spontanée, d'autant qu'il ajoute immédiatement : "Vous réfléchissez, n'est-ce pas ?". Comment a-t-il pu sentir que je cherchais précisément, à ce moment-là, à élargir mon espace intérieur pour échapper à la pression d'un espace extérieur trop restreint ? Cet homme est assurément un grand improvisateur, un maître peut-être. Il a adopté les mouvements du contexte qui est le sien à cet instant, il en a intégré les imprévus, a accompagné les variations les plus infimes traversant l'espace des corps et le temps des esprits. C'est, je dirais, un faisceau de données circonstancielles qui l'a finalement poussé à entrer en contact avec moi. Deux jours plus tard, comme en écho à cette expérience zürichoise, à Mills College, Oakland, California, sur la scène du Jeannik Méquet Littlefield Concert Hall, alors que j'étais au piano, un Baldwin de la Baldwin Piano Company Cincinnati, O. U.S.A.., qui affichait le numéro 98783, avec un cadre métallique marqué du poids majuscule de sa renommée, GRAND PRIX PARIS 1900, GRAND PRIZE ST LOUIS 1904, et que j'entrecroisais mes sons simultanément avec ceux de Urs et ceux de la guitare de Fred Frith, le constant changement des règles du jeu de l'improvisation m'est apparu une nouvelle fois comme une évidence. Trop de certitudes, paradoxalement celles de la connaissance, empêchent la pleine expérience et la pleine réalisation du devenir et du changement. D'une certaine manière, le fait de savoir restreint les possibilités. L'improvisation en générale, et non seulement l'improvisation musicale, implique un espace qui permette une attitude ouverte et multi-directionnelle. Une attitude paradoxale qui se fonde sur une connaissance qui englobe ce qui n'a pas encore été décidé, une connaissance faite d'aléatoire, de problématiques et d'hypothèses. En l'occurrence, ce passager du train automatique de l'aéroport international de Zürich, en m'interpellant avec bienveillance, a agit d'une manière naturelle et spontanée, en un mot, improvisée, sans se fixer sur sa propre action, mais en épousant "les remous des eaux", comme l'exprime la sinologue Isabelle Robinet à la suite de Lao Zi. Une fois le vol vers l'ouest de l'Amérique du nord parcouru, le silence intérieur et concentré qui fut le mien, et qui attira l'attention flottante d'un passager inconnu, s'est progressivement retourné vers l'extérieur, comme un gant. Il émanait du campus de Mills College, où nous logions Urs et moi, une qualité de silence rare. Due à la présence de la nature, mais aussi due à l'équilibre bois-verre de l'architecture des bâtiments qui nous abritaient. Ce silence était meublé, au sens propre du terme, d'un nombre impressionnant de pianos, qui se répartissaient au hasard des salles traversées. Dans le premier espace de réunion rencontré, était positionné au fond à gauche un Mason & Hamlin, dont on pouvait difficilement lire le numéro gravé à même le métal par une main hésitante, #19064 ou #19737 avec une sorte de S qui le précédait. Jouxtant ma chambre, qui portait je ne sais pourquoi le numéro 200, un Wm. Knabe & Co. Baltimore, Established 1837, numéroté 104831, avait été repoussé sans égard dans un coin de la salle commune, où deux grandes affiches blanches étaient fixées aux murs. Ecrit en noir, on y lisait entre autres recommandations - No Food allowed, - No Playing Piano. Détail pour les daltoniens : on avait repassé au sylo feutre rouge tape-à-l'oeil sur les deux NO et sur chacune des lignes horizontales soulignant l'interdiction, sans soucis de respecter le contour original.
J.D.

P1100467

Photos : Jacques Demierre

> LIRE L’INTÉGRALITÉ DU CARNET DE ROUTE

6 novembre 2015

Hannes Lingens : Four Pieces for Quintet (Insub, 2013)

hannes lingens four pieces for quintet

On avait à peine entendu l’accordéoniste Hannes Lingens sous la direction d’Antoine Beuger (Tschirtner Tunings For Twelve) que le voilà déjà à la tête d’un quintette : à ses côtés, sur quatre pièces de cinq minutes à télécharger, trouver Johnny Chang (Violon), Koen Nutters et Derek Shirley (contrebasses) et Michael Thieke (clarinette).

On classera d’un revers d’oreille ces quatre épreuves dans la catégorie Wandelweiser, même si un archet ou une note tenue se charge souvent d’éloigner tout silence de la composition en train de se jouer. On soupçonnera aussi les blocs colorés de leurs partitions de chercher à percer les mystères du Titanic de Bryars. Mais si ces quatre pièces s’entendent sans déplaisir, l’équilibre entre composition et improvisation qui les a commandées est encore précaire… Candide, pour ne pas dire « vert  », s’il faut choisir une couleur entre toutes.   



Hannes Lingens : Four Pieces for Quintet (Insub)
Enregistrement : 28 avril 2013. Edition : 2013.
Téléchargement : 01-04/ Four Pieces for Quintet
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

5 décembre 2015

Eric La Casa : Soundtracks (Herbal International, 2015)

eric la casa soundtracks

Pour moi, tous les CD d’Eric La Casa sont des soundtracks. Tous ceux que j’ai écoutés en tout cas. Sa façon de collecter des sons au plus proche des choses, c’est un zoom. Sa façon de composer à partir de ces sons, c’est un travelling arrière… Mais sur ce Soundtracks là ce n’est pas lui qui invente les images mais trois réalisateurs : Luke Fowler (film A Grammar for Listening Part 2), Christian Jacccard (vidéo A Hemero Phaestos) & Marie-Christine Navarro (« drama » / « rituel théâtral » Ce Pays qui s’appelle Tane).

Je n’ai pas eu l’occasion de voir ne serait-ce que l’une de ces trois créations. Mais j’en ai les B.O. lancée par un grand coup de percussions. S’ensuivent quatre compositions concréto-naturalistes qui regorgent de field recordings que l’on croirait chiffonnés. Un animal bêle, des vents soufflent, des véhicules klaxonnent ou bippent… Plusieurs natures sont comme compressées (oui, à la César... La Casa serait donc un Nouveau Réaliste ?) pour le film de Fowler. Pour la vidéo de Jaccard, les éléments se déchaînent et forment une ligue sonore époustouflante. Pour Ce pays qui s’appelle Tane, la composition est plus musicale. Elle se sert d’enregistrements d’orgue par le compère Guionnet. C’est une autre ambiance, mais tout aussi mystérieuse, et qui vous souffle pareil.



Eric La Casa : Soundtracks (Herbal International)
Enregistrement / Mix : 2014-2015. Edition : 2015.
CD : 01-04/ A Grammar for Listening 2 05/ A Hemero Phaestos 2 06-08/ Polymères 2
Pierre Cécile © Le son du grisli

image la casaA l'occasion de la sortie de Soundtracks, Kurbeti-Les Nouvelles Hybrides organise une soirée en présence d'Eric La Casa, le 10 décembre à la Maison des Auteurs de la SACD. Au programme : diffusion des films de Luke Fowler et Christian Jaccard puis lecture d'extraits de Ce Pays qui s'appelle Tane de Marie-Christine Navarro.

4 décembre 2015

Irene Schweizer, Han Bennink : Welcome Back / Tom Rainey : Hotel Grief (Intakt, 2015)

irène schweizer han bennink welcome back

Deux adeptes des courses-poursuites se retrouvent, signent et persistent. Deux marathoniens du rythme dont l’endurance n’est plus à prouver soulèvent la chose ternaire à bout de bras et peu de monde y résiste.

Il y a chez l’une (Irène Schweizer) des récits libres et éclatés (Trap 5), des sentiers jamais fermés, des débordements de sensible (Rag), des voiles tayloriennes (Firewood) et, toujours, quelque arôme d’Afrique lointaine (Bleu foncé, Ntyilo Ntyilo).

Il y a chez l’autre (Han Bennink) un débordement continu qui ne laisse que peu de place aux espaces réparateurs (on est marathonien ou on ne l’est pas). On peut facilement être décontenancé par le batave, par ses bourrasques soudaines, par ses sorties de route. Evitant les cymbales, préférant fouetter les fûts, on doute parfois de son écoute de (à) l’autre. Mais il suffit d’un court et dense Eronel de l’ami Monk pour rassurer nos oreilles. Et se dire que le marathon ici proposé n’exclut nullement sensibilité ni profondeur.

écoute le son du grisli Irène Schweizer, Han Bennink
Welcome Back

Irene Schweizer, Han Bennink : Welcome Back (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2015. Edition : 2015.
CD : 01/ Welcome Back 02/ Kit 4 03/ Trap 5 04/ Free for All 05/ Meet Me Tonight in Dreamland 06/ Verflixt 07/ Rag 08/ Bleu foncé 09/ Apus Melba 10/ Ntyilo, Ntyilo 11/ Firewood 12/ To Misha with Love 13/ I Surrender, Dear 14/ Eronel
Luc Bouquet © Le son du grisli

tom rainey hotel grief

Ingrid Laubrock a beau faire – et défaire, parfois –, c’est un ennui terrible qui vous prend à l’écoute d’Hotel Grief, enregistré sur scène fin 2013. Tom Rainey, batteur qui emmène ce trio (et sous son nom en plus) est inaudible, quand Mary Halvorson s’évertue à tisser des tapis de sons dans l’attente non d’Ulysse mais du déclic qui l’inspirera. Peine perdue, Hotel Grief.

écoute le son du grisliTom Rainey Trio
Hotel Grief


Tom Rainey Trio : Hotel Grief (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 30 décembre 2013. Edition : 2015.
CD : 01/ Last Overture 02/ Hotel Grief 03/ Briefly Lompoc 04/ Proud Achievements in Botany 05/ Mr. K.C. (for Keith Copeland)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

3 février 2016

Loren Connors, Suzanne Langille : Strong & Foolish Heart / Blue Ghost Blues (Tanuki, 2016)

loren connors suzanne langille tanuki

Ça fait drôle de relire une de ses chroniques quelques années après son écriture. C’est donc parce que le label Tanuki sort ces jours-ci un 33 tours (de la taille d’un 45) de Loren Connors / Suzanne Langille que j’ai relu le texte que j’avais écrit à propos de I Wish I Didn’t Dream

Quelques semaines après la sortie de ce CD, le couple était programmé au Counterflows Festival d’où proviennent ces deux chansons (une composition de Langille et une reprise de Lonnie Johnson). Si je ne m’étais grillé en introduction à cette nouvelle chronique, j’aurais pu me contenter d’y mettre des bouts de l’autre pour ensuite touiller le tout. Or, bien mal m’en aurait pris car si l’on retrouve sur ces deux faces de vinyle la même méthode (le guitariste joue encore mou loin derrière et Langille susurre ou chante de front) et la même « black poésie », l’incantation est cette fois bien plus efficace.

En effet la voix de Langille interdit (presque) la comparaison avec Patti Smith au profit d’une autre avec Beth Gibbons et la guitare électrique tout en trémolos redonne des couleurs au bluesman de légende… Voilà donc que je change d’avis à propos de la paire Langille / Connors ? Ca m’apprendra à être honnête !

Loren Connors, Suzanne Langille : Strong & Foolish Heart / Blue Ghost Bluessuzanne langille loren connors
Tanuki Records
Enregistrement : 2013. Edition : 2016.
33 tours (7’’) : A/ Strong & Foolish Heart – B/ Blue Ghost Blues
Pierre Cécile © Le son du grisli

20 février 2016

LDP 2015 : Carnet de route #43

ldp 2015 43

L'heure de la tournée a sonné. Ce sont ici les dernières dates de LISTENING : le 10 décembre, à Bâle, Urs Leimgruber et Jacques Demierre apparaissaient, sans Barre Phillips, en solo mais avec une même envie : improviser encore, quels que soient les antécédents (Twine), quel que soit le chiffre (et même : le temps). 

10 décembre, Bâle
FIM

Jeder spielt solo. Jacques beginnt an einem upright Klavier Marke „pearlriver, 807158“ mit schnellen, tonalen, minimalistischen Bewegungen auf der Klaviatur. Sein repetitives Spiel erinnert mich an die Klavier Musik von La Monte Young der 60er Jahre. Ich war gerade 17 Jahr alt, als ich diese Musik am Radio hörte, sie wirkte magisch und zog mich sofort in ihren Bann. Das Repetitive hat mich inspiriert, und ich versuchte diese Spielweise sofort auf meinem Saxophon umsetzen. Durch Roland Kirk habe ich dann die Zirkularatmung entdeckt. Jahre danach, habe ich angefangen sie im Solo Spiel einzusetzen. Durch diese für mich neue Technik war ich imstande, mein Spiel vorzugsweise mit Obertönen und Mehrklängen zu erweitern. Später hörte ich Evan Parker das erste Mal live in Willisau. Er spielte zusammen mit Alexander von Schlippenbach, Peter Kowald und Paul Lovens. Ich war beeindruckt wie Evan die Zirkularatmung und diverse anderer Ansatztechniken zum Einsatz brachte, während er zeitgleich in der Gruppe mit Chris Mc Gregor The Brotherhood of Breath noch um einiges konventioneller spielte. Die Flatterzungen-Technik hat mich an das Spiel von Pharoah Sanders mit John Coltrane Meditations / Live at the Village Vanguard erinnert, wo Sanders in den höchsten Lagen eine unübliche Zungentechnik einsetzt. Evan ist ein Pionier, er hat das Saxophonspiel in der nach Coltrane Phase, ausserhalb des Freejazz unverkennbar radikalisiert und weiterentwickelt. Er spielte mit John Stevens und er gründete mit zusammen Derek Bailey die Music Improvisation Company und das Schallplatten Label Incus. Die Zusammenarbeit, welche aus diesen Aktivitäten hervorgegangen ist, ist musika-lisch und historisch von grosser Bedeutung. Eine Art Geburtsstunde der europäischen improvisierten Musik, während sich andere europäische Musiker, wie Peter Brötzmann, Han Bennink, Peter Kowald, Fred Van Hove und die Amerikaner George Lewis, Anthony Braxton ähnlich mit Musik beschäftigten.
Mitte der 70er Jahre, habe ich aufgrund meiner Aktivität in der Gruppe „OM“ Evan etwas aus den Augen und den Ohren verloren, um eigene Wege zu gehen. Ich habe mir während dieser Zeit bewusst andere Instrumentalisten – Streicher, Sänger und Komponisten als Saxophon-isten angehört. Jazz, indische und afrikanische Musik, Strawinsky, Varése, Stockhausen, Ligeti, Berio, Nono und die ganze New York School. In den neunziger Jahren, während meiner Zeit in Paris habe ich Evan in wechselnden Gruppen im Instants Chavirés wieder erlebt. Später erinnere ich mich an eine Begegnung am Festival in Parthenay in 2004, als Even das Trio mit Barre und Jacques hörte. Er war von der Musik des Trios beeindruckt und hatte uns gebeten ihm eine Aufnahme zu zuschicken, um auf seinem Label PSI als CD zu veröffentlichen. 2005 haben wir die CD ldp – cologne auf Evan’s Label veröffentlicht. Für ein Zusammenspiel mit Evan im Duo kam es dann 2007. Die ersten paar Töne zusammen mit ihm im Konzert bleiben mir in sehr guter Erinnerung. Sie waren gezeichnet von grosser Offenheit, Leichtigkeit und Musikalität. Evan kam mir vor als sanfter Koloss. Während einer Tournee spielen wir im Loft in Köln. Das Konzert wird aufgenommen und als CD Twine bei Cleanfeed Records veröffentlicht.
Nach den beiden Solos zeigen wir das Video mit Barre, anschliessend spielen wir im Duo. Am Ende des Stücks schiebt Jacques das Klavier spielend nach hinten, dann auf die Seite und hinter den Vorhang. Er beginnt an zu pfeifen ... er kommt zurück auf die Bühne setzt sich auf einen Stuhl, macht Klänge mit seiner Stimme und setzt mit Lautpoesie ein, dabei spiele ich das Sopransaxophon.....
U.L.

P1100799

Un piano à queue, brun clair et fermé à clef, donnait l'impression de vouloir forcer vainement l'entrée du lieu où nous allions jouer ce soir-là en duo avec Urs, Barre ayant dû renoncer, une nouvelle fois pour des raison de santé, à terminer cette tournée. Le mot SAFES brillait en lettres majuscules au-dessus d'une lourde porte en fer forgé. Celle-ci franchie, la descente fut brève et quelques marches plus bas, je découvris à ma droite, la salle de concert et à ma gauche, la salle des coffres. Une horloge sans chiffres, sans aiguille des minutes et au temps arrêté, distillait une ambiance étrange. Elle indiquait environ 10 heures 59. AM? ou PM? Cette absence de chiffre, de mouvement, ce doute, me sont apparus comme une menace silencieuse. Si il y avait une chose à laquelle je ne m'étais pas attendu en pénétrant dans ce SAFE, c'était à faire l'expérience d'un tel trouble. Mais le saisissement fut de courte durée. Autant la salle de concert que la salle des coffres – tendrement appelée Tresor sur les plans du lieu, sans accent aigu – allaient m'offrir des chiffres à profusion. Ce furent d'abord les colonnes entières de nombres gravés en sombre sur de petites plaquettes de métal brillant fixées sur la face de chaque boîte de dépôt

1024    1025    1211
1029    1030    1216
1034                 1221
1039    1040    1226
             1045
1049    1050    1236
1054    1055    1241
1059    1060    1246
1064    1065
1069    1070    1256

certaines plaquettes brillaient d'un éclat particulier, peut-être dû à l'éclairage irrégulier de l'espace

1826    1827
1829    1830
1832    1350
1835    1836
1838    1839
1841    1842
1844    1845
1847    1848
1850    1851
1853    1854
             1857

Etourdi par l'accumulation de ces verticalités légèrement agressives, je rejoignis le piano droit chinois pearlriver déjà installé au milieu de la petite scène. Comme un rituel maintenant bien rôdé depuis le début de la tournée, je repérai, notai et photographiai les indications graphiques tatouées sur le corps de l'instrument. A chaque coffre, comme à chaque piano, son numéro, ici le 807158. Mais le paysage avait complètement changé, j'avais devant moi, une fois la structure de bois du piano élaguée au maximum, une étendue horizontale de nombres alignés, allant de 1 à 88, imprimés à même le bois de chaque marteau. Trois sections, aux directions cardinales légèrement différentes, divisaient l'espace séparant les cordes verticales du clavier. Sur ma gauche

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

puis, devant moi

31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 535 54 55 56 57 58 59 60

enfin, sur ma droite

61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88

Nous avions prévu deux solos. Assis face à l'instrument, je lus soudain une suite infinie de chiffres. Puis plus rien : j'avais commencé à jouer.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 0 1 1 1 2 1 3 1 4 1 5 1 6 1 7 1 8 1 9 2 0 2 1 2 2 2 3 2 4 2 5 2 6 2 7 2 8 2 9 3 0 3 1 3 2 3 3 3 4 3 5 3 6 3 7 3 8 3 9 4 0 4 1 4 2 4 3 4 4 4 5 4 6 4 7 4 8 4 9 5 0 5 1 5 2 5 3 5 5 4 5 5 5 6 5 7 5 8 5 9 6 0 6 1 6 2 6 3 6 4 6 5 6 6 6 7 6 8 6 9 7 0 7 1 7 2 7 3 7 4 7 5 7 6 7 7 7 8 7 9 8 0 8 1 8 2 8 3 8 4 8 5 8 6 8 7 8 8

Urs m'a dit avoir entendu des réminiscences de La Monte Young. Toujours des chiffres. Serait-ce ce chapelet horizontalement tendu devant mes yeux qui m'aurait poussé inconsciemment à un geste sonore minimaliste, mais tempéré, après avoir réactivé en moi certains exemples de proportions chiffrées du Well-Tuned Piano lus récemment ?

49/32        147/128    441/256    1323/1024    

7/4        21/16        63/32        189/128    567/512

1/1        3/2        9/8

(transcription: Wolfgang von Schweinitz)

Mais ce ne sont que spéculations extérieures et incertaines, je n'en sais au fond rien. Ce qui est sûr, par contre, c'est qu'il n'y a pas d'autre lieu que le lieu de l'action, de l'action sonore en l'occurrence, pour que les choses se passent, que les choses soient modifiées, qu'elles soient saisies et subissent les véritables transformations, afin qu'en retour elles nous révèlent leur propre et nouvelle existence.
J.D.

P1100809

Photos : Jacques Demierre

> LIRE L’INTÉGRALITÉ DU CARNET DE ROUTE

jacques_demierre_barre_phillips_urs_leimgruber

11 février 2016

Going : II (Silent Water, 2015)

going II machinery

Difficilement déchiffrable, la pochette du second disque de Going signifie peut-être II dans le langage de celui qui emmène le projet, Giovanni Di Domenico (ici au Fender Rhodes). Avec lui, une jeune femme aux claviers (Pak Yan Lau) et puis deux batteurs (João Lobo et Mathieu Calleja).

D’allure plutôt lente, l’improvisation joue de simples répétitions puis de séquences qui se fondent lorsqu’arrive le moment d’une diversion instrumentale (ici une fioriture à l’orgue, là une accélération d'une des batteries…). Un new age à la Tangerine Dream – sur le premier disque de Going, l’influence du krautrock était plus marquée – que vient chahuter l’écho du premier post-rock : c’est en somme la première face du disque.

Sur la seconde, plus enlevée, le groupe se fait plus bavard, tourne un temps en rond sur un prétexte modal, puis lâche un peu de lest pour revenir à un minimalisme répétitif plus convaincant : à force de nouvelles répétitions, Going perce la matière et s’y engouffre : c’est alors là qu’il faut l’entendre.

going ii

Going : II (Machinery)
Silent Water
Enregistrement : 2013. Edition : 2015.
LP : A/ Red Machinery – B/ Blue Machinery
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

16 mars 2016

Strom Noir, Micromelancolié : '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E' (Zoharum, 2016)

strom noir micromelancolié 49°05'19

Quand un ambianceur slovaque (Emil Mat’ko = Strom Noir) rencontre un ambianceur polonais (Robert Skrzyński = Micromelancolié), on peut craindre l’ambiance qui gèle. Or là non, car les deux amis se sont pas mal échauffés : musiciens prolifiques, Mat’ko débite du disque en veux-tu-en-voilà et Skrzyński encore plus que lui (dont de nombreux duos, avec Sindre Bjerga ou SEC_,  par exemple).

Un chien qui hurle à la lune et le duo est parti ! Des notes de synthé, des field recordings (la mer par petites vagues, des oiseaux, des humains), des pédales d’effet qui en font (de l’effet) et notre duo par-dessus le tout qui arrange tout ça en le faisant vaciller(ça vacilletout le temps, pour dire la vérité). Ce qui n’empêche que c’est parfois monochrome, que les loops évoluent peu = on est là dans ambient de principe, dont on ne brise pas facilement la cadence. Une ambient qui peut évoquer Library Tapes jusqu’à ce qu’elle nous prenne à la gorge, sur la deuxième plage. Oppressé mais heureux de l’être…



micromelancolié

Strom Noir, Micromelancolié : '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E'
Zoharum
Edition : 2016.
CD : 01-02/ '49°05'19,3"N 22°34'04,0'E’
Pierre Cécile © Le son du grisli

2 mai 2016

Sophie Delizée, Gérard Fabbiani, Elisabeth Bartin, Michel Doneda : Je partant voix sans réponse... (Editions crbl, 2016)

sophie delizée gérard fabbiani elisabeth bartin michel doneda je partant voix sans réponse articuler parfois les mots

Les mots ce sont ceux de Danielle Collobert, libre, intransigeante, partisane, proscrite, suicidée. Les souffles ce sont ceux de Sophie Delizée (voix), Gérard Fabbiani (clarinette basse, saxophone soprano), Elisabeth Bartin (voix) et Michel Doneda (saxophone soprano, flûte). Les encres sont celles de Jacques Hemery

Comme des claquements (d’anche, de souffles), les mots sont soleils et blessures. Il n’y a pas d’écho, pas de soubresaut, juste le poignard et la plaie (à travailler ses veines pour mot). Il y a les fers et les chaînes. Il y a ce cri sorti du silence, ce néant d’où l’on ne revient pas puisque choisi. Il y a ce qui reste (je dis ardent énergie le cri ou comme brûle jamais dit) et ceux qui ne veulent pas taire la vague. Alors, ils insistent, soupirent, chuchotent, crient, peignent, disent, enregistrent, pensent, complètent, unissent. Et à l’arrivée offrent. Surtout, offrent.



je partant

Sophie Delizée, Gérard Fabbiani, Elisabeth Bartin, Michel Doneda : Je partant voix sans réponse articuler parfois les mots
Editions crbl
Enregistrement : 2008 & 2015. Edition : 2016.
CD : 01/ Séquence 1 02/ Séquence 2 03/ Séquence 3 04/ Soprano seul 05/ Fragment 1 06/ Fragment 02 07/ Fragment 03
Luc Bouquet © Le son du grisli

20 mai 2016

Pascal Battus, Dafne Vicente-Sandoval (Potlatch, 2016)

pascal battus dafne vicente-sandoval

Entre Marne et Seine – La Muse en Circuit, Alfortville – Pascal Battus (surfaces rotatives, microphones, polystyrène, papier, plastique) et Dafne Vicente-Sandoval (basson, microphones, table de mixage) ont enregistré en mars 2015 les neuf pièces du premier (Marne) des deux disques de cette référence Potlatch ; le second disque (Seine) en renferme six autres, arrangées plus récemment.

Si de la Seine la Marne n’est qu’un affluent, il est ici l’endroit où l’échange prend sa source : ce sont là les premiers remous – crépitation, estimation de la résonance d’un choc, micro soufflé – d’un tumulte que feront et déferont de brèves séquences. Diverses, aussi : ainsi Vicente-Sandoval peut-elle nourrir un grave quelques secondes durant ou composer, comme hier avec Klaus Filip (Remoto), avec de fragiles aigus, quand Battus profite une nouvelle fois de son instabilité créative.

En Seine, il sera encore temps de revenir aux notes longues – d’autant que Vicente-Sandoval n’y interviendra plus qu’au basson. Si le volume de ses notes varie, ces dernières cherchent la collusion dans la ligne – parallèle, celle-ci, aux notes discrètes mais dérapant de son partenaire – quand elles n’implorent pas la collision – c’est alors une histoire de fréquences. Dans un cas comme dans l’autre, l’équilibre trouvé est le même, qui force l’affection.



battus dafne

Pascal Battus, Dafne Vicente-Sandoval
Potlatch / Orkhêstra International
Enregistrement : 2015-2016. Edition : 2016.
2 CD : CD1 : 01/ Marne – CD2 : 01/ Seine
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

urs leimgruber souffle continu

9 septembre 2016

Szilárd Mezei Trio : Secret Public / Edith Alonso : Collapse (Aural Terrains, 2016)

szilard mezei trio secret public

En suivant une impulsion (Vitezek a lerakohelyen) ou en colportant des pistes transitoires (Titkos élet), Szilárd Mezei (violon alto), Ervin Malena (contrebasse) et Istvan Csik (batterie) projettent sur ce Secret Public de fulgurants faisceaux.

Ces deux plages d’une demi-heure chacune ne se synchronisent pas, ne s’assemblent pas. La première joue sur la diversité des gestes : les cordes crissent, glissent, encerclent plutôt qu’emplissent. Il n’y a pas d’effacement mais une retenue trouvée, un besoin de ne pas troubler le curseur. Soudain, une charpente harmonique se déploie et l’écriture s’ouvre au grand jour. L’exercice de désossement peut commencer. Un frôlement viendra ceinturer de sa ligne perdue ce moment précieux. La seconde bénéficie d’un mouvement, parfois écarté, mais toujours en action dans l’inconscient des musiciens. Vont ainsi pouvoir se fracturer riffs et mélodies avant que ne réapparaisse, tendue et désormais asymétrique, la trajectoire originelle.



mezei trio

Szilárd Mezei Trio : Secret Public
Aural Terrains
Enregistrement : 2010. Edition : 2016.
CD : 01/ Viezek a lerakohelyen 02/ Titklos élet
Luc Bouquet © Le son du grisli

 edith alonso collapse

Est-ce dans cette inquiétante salle des vents (en couverture) qu’Edith Alonso est un jour allée poser sa contrebasse préparée ? Pour, peut-être, la soumettre aux rafales quand l’archet agaçant déciderait de la délaisser ou pour la changer en hôtel à insectes (selon la mode du jour) chantants ? Sous l’impulsion d’un contact électrique ou à la seule force de son poignet, elle recueille en tout cas d’étonnants grognements quand ce ne sont pas plutôt de beaux motifs qui tournent avant de disparaître dans un soupçon. Et si l’on pense de temps à autre à John Eckhardt, la comparaison n’est pas faite pour desservir Edith Alonso.



collapse

Edith Alonso : Collapse
Aural Terrains
Enregistrement : Mai 2014. Edition : 2016.
CD : 01-04/ Collapse I-Collapse IV
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

9 septembre 2016

Kasper Toeplitz, Anna Zaradny : Stacja Nigdy w Zyciu (Aussenraum, 2016) / Zbigniew Karkowski, Toeplitz : Fluster (Bocian, 2016)

kasper t toeplitz anna zaradny

Je suis reconnaissant à Kasper T. Toeplitz (basse électrique, ordi) et Anna Zaradny (saxophone, ordi) de m’avoir épargné un passage par Google Trad (c’est toujours ça de gagné) puisqu’ils ont pris soin de traduire ce titre en polonais par « station jamais de la Vie ». Ce qui, vous imaginez, m’aide bien pour décrire ce travail enregistré (en concert ?) à Varsovie il y un an de cela (septembre 2015).

Notons que les duos, ça les connaît : je pourrais revenir sur les expériences de KT avec Åkerlund ou Buess et pourrais citer pour AZ un ouvrage avec Burkhard Stangl et un remix de Fennesz (après tout, le remix c’est un duo d’un autre genre…). Maintenant, puisque je connais mieux son travail que celui de sa collègue, je dirais que c’est Toeplitz qui pose le débat avec une basse qui monte lentement, qui pulse et qui vrombit. Et si c’est toujours un peu pareil avec lui (pas étonnant mais toujours détonant), je comptais sur l’apport de Zaradny.

Et c’est bien elle qui a l’air de siffler et de grésiller sur les drones, de charger en électricité aigue cette nouvelle expérience de basses aux frontières qui ne l’obligent pas à la station (puisque station jamais de la Vie !) mais à un complotage concrètement enchanteur. A Toeplitz de s’en apercevoir et de redoubler d’imagination pour la garder dans ses filets de cordes grésillantes et bing c’est l’interférence de ces deux mouvements contraires qui fait mouche (plus que bourdon).

AR-LP-005_Front

Kasper T. Toeplitz, Anna Zaradny : Stacja Nigdy w Zyciu
Aussenraum
Enregistrement : septembre 2015. Edition : 2016.
LP : A/ Jamais – B/ Never
Pierre Cécile © Le son du grisli

zbigniew karkowski kasper toeplitz fluser

A la fin des années 1990, Zbigniew Karkowski et Kasper Toeplitz entamaient leur collaboration. De celle-ci, est notamment née Fluster, composition commandé par le GRM au premier et dédiée au second : soit trois mouvements – première minute, vingtième et puis quarantième – qui confondent une musique d’atmosphère ténébreuse, basse étouffée et tremblante, et ses déchirures (fissures, conseillerait un des premiers ouvrages enregistrés du musicien) : ténébreuse ici, bruitiste (noise, avouons-le) plus loin, suraiguë enfin. Et l'ensemble tient.

Fluster

Zbigniew Karkowski, Kasper Toeplitz : Fluster
Bocian / Sleaze Art
Edition : 2016.
CD : 01/ Fluster
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

31 juillet 2015

Jac Berrocal, David Fenech, Vincent Epplay : Antigravity (Blackest Ever Black, 2015)

jac berrocal david fenech vincent epplay antigravity

Berrocal / Fenech, le retour ? Yep, et sur un air de western (enfin, d’un western modifié, celui de Nanook, le premier titre de ce CD). Avec le duo, notons que ce n’est plus Tazartès mais Vincent Epplay, artiste sonore de son état et musicien touche-à-tout-ce-qui-sonne (synthés, fied recordings, accordéon, etc.).

Pas moins de 14 plages, le tout enregistré entre 2011 et 2014. Oui mais alors le tout quoi ? Parce qu’il y en a des choses, dans Antigravity… Des improvisations lugubrostères (The Overload), des chansonnettes inspirées par Brian Eno et David Byrne (Panic in Bali) ou Vince Taylor (Rock’n’Roll Station), des reprises (le Where Flamingoes Fly par Gil Evans ou la Valse des lilas, avec Anna Byskov à la voix, qui ferait une belle musique d’ambiance pour parking à agressions), du folk baltringue pour trompette bouchée (Tsouking Chant), des élucubrations expérimentales (Nanooks), une poésie d’exil hôtelier (Riga Centraal) et autres petits trucs parfois un peu fastoches (Solaris)…

Bref (ah oui, aussi un hommage à Jacques Thollot, et un beau morceau de danse psychotrope : L’essai des suintes ou le bal des futaies)… Bref, disais-je, un catalogue (référence !) d’excentricités rockobrutales dans un Diapason pour routier chantant (cheers, Sœur Sourire).

Jac Berrocal, David Fenech, Vincent Epplay : Antigravity (Blackest Ever Black)
Enregistrement : 2011-2014. Edition : 2015.
CD : 01/ Nanook 02/ The Overload 03/ Panic in Bali 04/ Rock’n’Roll Station 05/ Where Flamingoes Fly 06/ Kinder Lieder 07/ Tsouking Chant 06/ Valse des lilas 09/ Nanooks 10/ Solaris 11/ Ife L’ayo 12/ Spain 13/ Riga Centraal 14/ L’essai des suintes ou le bal des futaies
Pierre Cécile © Le son du grisli

5 septembre 2017

Jérôme Noetinger, Anthony Pateras, Synergy Percussion : Beauty Will Be Amnesiac Or Will Not Be At All (IMMEDIATA, 2017)

jérôme noetinger anthony pateras synergy percussion beauty will be amnesiac

On a déjà eu l’occasion de souligner le soin avec lequel Anthony Pateras publie, depuis quelques années, ses propres disques sous étiquette IMMEDIATA. En plus de documenter son travail et d’attester ses collaborations, c’est aussi pour lui une manière de « dire » de quoi son art est fait, puisque l’enregistrement mis en valeur est à chaque fois accompagné d’un livret d’entretien entre Pateras et son ou ses partenaires.

Ici, c’est avec Jérôme Noetinger qu’il converse et nous permet d’apprendre que celui-ci donne dans le Revox b77 – instrument dont il use sur le disque qui nous intéresse – depuis 1989, époque à laquelle il formait avec Richard Antez le duo Appel à tous. Un quart de siècle plus tard, le voici enregistrant quelques duos que Pateras resculptera ensuite, comme il s’était servi pour Switch on A Dime de ses échanges au piano avec Erik Griswold pour mieux fomenter une nouvelle collaboration avec Robin Fox.

A la place de Fox, et après Noetinger, ce sont là six percussionnistes qui, sous le nom de Synergy Percussion, interviennent sur quatre plages maintenant devenues compositions électroacoustiques. Subtiles, celles-ci, d’autant plus qu’elles sont changeantes. Alors, de graves remuant à peine sous de pourtant terribles effets de bandes (I) en présence électronique qui « électrise » comme un jeu de carillon (II) et de tambours qui obéissent aux saillies de voix en peine ou de guitare électrique (III) à ces crissements volontaires qui chamboulent un paysage de graves suspendus (IV), le disque impressionne drôlement.

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Jérôme Noetinger, Anthony Pateras, Synergy Percussion : Beauty Will Be Amnesiac Or Will Not Be At All
IMMEDIATA / Metamkine
Enregistrement : 2013-2014. Edition : 2017.
CD : 01/ I 02/ II 03/ III 04/ IV
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

 

24 mai 2017

Bruno Fernandès : Vocations de l’ombre : Haino Keiji, Une autre voix / Voie du rock (Les Presses du Réel, 2017)

bruno fernandès keiji haino

« Guitarroriste », bluesman insulaire, dandy détaché des conventions… D’une brochure jadis tirée à une centaine d’exemplaires, Bruno Fernandès a fait un livre conséquent sur Keiji Haino et son œuvre. Et si, de l’aveu même de l’auteur, ce livre « ne se veut nullement exhaustif », sa composition n’en est pas moins habile et sa force évidente.  

Ainsi, Fernandès nous invite-t-il à pénétrer l’univers – l’utilisation de ce terme, pour le cas qui nous intéresse, n’est pas exagérée – de Keiji Haino par de nombreuses et différentes portes ou entrées. Au fil de la lecture apparaît un portrait cubiste du musicien dont les multiples facettes disent le parcours (l’harmonica d’abord, puis les débuts en Lost Aaraaff…), les influences (Blue Cheer, Doors, Pierre Schaeffer…), l’environnement (Fernandès nous conte une courte histoire du rock, du jazz et du noise  japonais), les goûts (pas de classique, pas de free si ce n’est celui d’Albert Ayler) et les diverses intentions (« le rock est enfoui en moi », dit Haino, ce qui ne l’empêcha pas de défendre de doux refrains sous le nom d’Aihiyo).

Pour aider peut-être à percer le mystère Keiji Haino, un disque a été glissé dans le livre. Trois enregistrements inédits (un solo studio daté du début des années 1990 et deux extraits de concerts donnés en 2001 et 2002) illustrent le vague à l’âme du créateur au son d’une ballade défaite, d’un rock garage (en duo avec le bassiste Yasushi Ozawa) ou d’une délicate pièce pour voix. Jadis, le saxophoniste Booker Ervin expliqua : « Il y a différents genres de blues, et je voulais simplement en jouer de différents. » Peut-être est-ce le même dessein qu’a toujours poursuivi Keiji Haino, qu’il continue de poursuivre aujourd’hui.

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Bruno Fernandès : Vocations de l’ombre : Haino Keiji, Une autre voix / Voie du rock
Les Presses du Réel, 2017
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

 

8 octobre 2018

Festival Musica 2018 : Strasbourg, du 19 septembre au 6 octobre

 Musica Pierre Durr son du grisli

A l'occasion de la parution aux éditions Lenka lente du troisième et dernier volume d'Agitation Fritele son du grisli publiera, deux semaines durant, des chroniques de disques signés de musiciens français interrogés ou évoqués par Philippe Robert dans son anthologie de l'underground français. Aujourd'hui, compte-rendu de la dernière édition du festival Musica par Pierre Durr (Intra Musiques), lui-même interviewé dans le troisième tome d'Agitation Frite

Musica a clôturé le samedi soir du 6 octobre sa 36e édition avec les Bootleg Beatles, un des concerts répondant à la thématique du cinquantenaire de 1968, un des axes de l’édition ce cette année. La vidéo, due à André Barreau faite de zapping d’images des sixties (politiques, sociétales, musicales) était intéressante. Mais on se pose la question du choix d’une formation qui s’affiche comme des clones des Beatles, jusqu’à reproduire l’attitude, les tics, l’allure des Fab Four à travers la décennie. La musique cherchait à reproduire, à la note, près celle des pièces originales (qui, au départ, devaient surtout évoquer le double album blanc, dont seuls huit titres auront été retenus) piochant dans leur répertoire de 1963 à 1969). L’interprétation de pièces que les Beatles eux-mêmes n’avaient jamais jouées en public a été rendue possible par l’accompagnement de l’orchestre de l’Académie Supérieure de Musique de Strasbourg-HEAR, sous la direction de Corinna Niemeyer. Si l’on peut louer le travail de ces étudiants, quoique parfois sonorisé trop discrètement, les Bootleg Beatles me laissèrent malgré tout une impression de malaise. Se prenaient-ils vraiment pour les Beatles ? Au final, j’aurais préféré une prestation qui s’approprie et retravaille le répertoire du groupe, à la manière de la pianiste Aki Takahashi, qui, au tournant des années 1980 / 1990 en avait proposé des relectures, réarrangées par John Cage, Alvin Curran, Alvin Lucier, Toru Takemitsu, Carl Stone, Frederic RzewskiJames Tenney, Kaija Saariaho… ou B for Bang, cette formation, plus récente, initiée par David Chalmin, au sein de laquelle officient entre autres Katia Labèque et Massimo Pupillo !)…

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Cette thématique « soixantehuitarde » était bien sûr illustrée au début du festival par l’œuvre de Zappa, à travers un film, Eat That Question, la reprise de Dupree’s Paradise (quoique datant du début des années 1980) par les étudiants de l’ensemble de musique contemporaine de l’Académie Supérieure de Musique de Strasbourg-HEAR, et surtout par le spectacle initié par Antoine Gindt reprenant le propos de 200 Motels: The Suites et mettant en scène l’Orchestre philharmonique de StrasbourgLes Percussions de Strasbourg, l’ensemble vocal Les Métaboles et le groupe rock HeadShakers. Spectacle délirant, haut en couleurs, iconoclaste, souvent osé, en tout cas hilarant et vivfiant !

Cosmos 1969, initié par Thierry Balasse (auquel on doit déjà La face cachée de la lune et Messe pour le temps présent), participait de la célébration de ces années, à travers la mission Apollo 11 et le premier homme sur la Lune. Interprétation d’œuvres de Pink Floyd (Astronomy Domine, Set the Control for the Heart of the Sun, Echoes), de David Bowie (Space Oddity), de King Crimson (Epitaph), des Beatles (Because) et de Henry Purcell (O Solitude) avec des intermèdes de Thierry Balasse, l'ensemble était sympathique, parfois prenant. Un moment certes agréable, plutôt nostalgique pour qui a eu l’occasion de voir sur scène ces formations à l’aube des années 1970. On saluera surtout la prestation de Fanny Austry, funambule en apesanteur. Le second spectacle proposé par Thierry Balasse, Le voyage supersonique, m’apparaissait par contre très léger, en-deçà des attentes. Il est vrai qu’il était avant tout conçu comme spectacle pour les (très jeunes) scolaires. 

BalasseVoyageSupersonique

Certaines soirées, plus concertantes, au sens commun du terme, incluaient dans la programmation des œuvres jouées par les orchestres, des compositions se revendiquant aussi de cette thématique : Sinfonia de Berio, interprétée par l’Orchestre National des Pays de la Loire et les Neue Vocalsolisten Stuttgart, voire La Fabricca Illuminata de Nono, incluse dans le spectacle Homo Instrumentalis mis en scène par Romain Bischoff (spectacle incluant Ode to man,  en deux volets, de Yannis Kyriadides et Machinations de Georges Aperghis). Musica, c’est toutefois aussi un aspect de la création la plus contemporaine, parfois associée à des pièces du répertoire contemporain déjà reconnues, tout au long des trente-quatre représentations proposées par le festival.

Dans les pièces pour orchestre, j’ai particulièrement été séduit par Fiori di Fiori une composition de Francesco Filidei, proposant un travail intéressant sur le son, cherchant entre autre à reproduire les sonorités d’un orgue d’église, les effets de souffle des archets dans l’air, qui faisaient penser à des vols de papillon (tel Papilio Noblei du Rank Ensemble, paru chez Leo Records en 2014, voire Lépidoptères d’Adkins/Hron sur Empreintes Digitales). De même, associé à l’interprétation du Sacre du Printemps de Stravinski et San Francisco Polyphony de LigetiFollow Me, concerto pour violon et orchestre (en création française) du compositeur tchèque Ondrej Adámek, fut un des sommets de cette édition de Musica : les notes distillées par la soliste, Isabelle Faust, progressivement reprises par les cordes puis par l’ensemble de l’orchestre, lequel prend peu à peu les rênes pour couvrir voire effacer peu à peu le violon soliste... Sublime !

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Certaines propositions pour petits ensembles, qui usent souvent d’électronique, participèrent de ces créations intéressantes. Cela fut le cas de The Lips Cycles de Daniel D’Adamo présenté le vendredi 28 septembre. Un travail sur l’appréhension de la sonorité des lèvres, effets de bouche, souffle décliné, en cinq mouvements, avec la flûte, la voix bien sûr, mais aussi la harpe et l’alto, toujours assisté par l’ordinateur qui assurait aussi les transitions entre les parties. De même, la prestation, le 4 octobre, du Decoder Ensemble, formation d’Alexander Schubert, fut un moment intéressant, même si la première pièce, Acceptance (vidéo présentant une sorte de chemin de croix de la narratrice dans un paysage calédonien sur un environnement sonore), en création, laissa dubitatif certains spectateurs. Les autres pièces, plus « musicales » séduisirent davantage avec leur mélange de techno, de free, d’électronique, en particulier f1 avec son « Bunny », lapin déjanté, à la fois présent dans la vidéo puis sur scène.

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On retiendra aussi la prestation, le 25 septembre, du Talea Ensemble (dont certains membres apparaissent régulièrement sur certains enregistrements de John Zorn ou plus généralement du label Tzadik, tel le pianiste Stephen Gosling). Leur « Sideshow » conçu par Steven Kazuo Takasugi fut décoiffant par leur attitude, leur mimique, leur jeu de pantin pour une musique faite, d’effets, de gazouillis, de vociférations, inspirée par les attractions foraines grotesques de Coney Island au début du XXe siècle. Quoique plus ancien, un autre moment fort de l’édition 2018 de Musica fut la prestation des Métaboles, avec leur appropriation d'Io, frammento da Prometeo (1981) de Luigi Nono. Le chant des choristes, ponctué discrètement par une flûte et une clarinette, et assisté par l’électronique en temps réel, fut hypnotique, saisissant, usant pleinement de l’acoustique de l’église St Paul. Enfin, proposé par l’ensemble Le Balcon, sous la direction de Maxime Pascal, en cette même église St Paul (et son parvis), le spectacle totalement hallucinant de Luzifers Abschied, scène finale de Samstag aus Licht de Stockhausen : des choristes / moines déambulant en sabot, avec d’autres moines / trombonistes, pratiquant une sorte de cérémonie initiatique ou de messe noire, un corbeau en cage qui, à la fin, sur le parvis, prendra son envol, alors que chaque moine jettera tour à tour une noix de coco, pour en distribuer les brisures aux spectateurs / initiés !

LuziferStockhausen

Il y eut certes d’autres moments intéressants, en particulier dans les diverses propositions des élèves en composition au sein de la HEAR ou du Conservatoire National de Strasbourg, mais, à mon avis, pas particulièrement marquants. Le travail réalisé, le 6 octobre, avec le soutien d’une cinquantaine de collégiens, par Les Percussions de Strasbourg, sur une proposition de Franck Tortiller (et sa formation), Isokrony 2, témoigne aussi de cette volonté des acteurs du festival d’inclure la future relève par un travail pédagogique soutenu. Je pourrais aussi citer la création de Wolfgang Mitterer, Rolling Clusters à l’orgue, dynamique, époustouflante, bouillonnante... voire, les musiques composées pour deux films : Au bonheur des dames par l’Accroche-Note, The Unknown de Tod Browning par François Narboni. Quoique ne relevant pas vraiment de mon univers sonore actuel, la prestation de Marquis de Sade, le 23 septembre, fut intéressante. J’avais eu l’occasion de les entendre en 1981 au festival des Musiques de Traverses de Reims, tout juste avant la prestation de Massacre, autrement plus détonnant…

Pierre Durr © Le son du grisli

COUV ET BANDEAU

19 mars 2019

Franz Koglmann : Flaps / Opium for Franz (Black Monk, 2019)

franz koglmann steve lacy black monk 2019

Il fut un temps où Franz Koglmann ne s’embarrassait pas – sans que cela n’ôte rien aux charmes de sa musique – de préciosité : il répétait, voilà tout ; s’y essayait peut-être. Entre musiques classique et contemporaine, jazz et expérimentations, il a d’ailleurs longtemps hésité. Et puis, en 1973, il invita Steve Lacy à jouer avec lui ; en 1976, ce fut au tour de Bill Dixon. Flaps et Opium for Franz, les fruits de ces séances que Koglmann autoproduira sous étiquette Pipe (c’est que le souffleur viennois aspire en pipe) sont aujourd’hui réédités – au début du XXIe siècle, Koglmann en consignait déjà une sélection sur Opium (Between the Lines).

Le 26 avril 1973 à Vienne à la trompette et au bugle, l’Autrichien enregistrait en quartette – Toni Michlmayr (contrebasse), Walter Muhammad Malli (batterie) et Geird Geier (électronique) – augmenté de Steve Lacy. Puisque dédié à Pee Wee Russell, c’est bien de jazz dont parle encore Flaps, le morceau-titre de l’enregistrement. Koglmann et Lacy, à l’unisson, y déposent un court motif que l’électronique de Geier vient bientôt bouleverser. C’est d’ailleurs elle qui met les autres musiciens devant le fait accompli : le « free » d’hier va devoir faire avec la technologie du jour, voire avec les ambitions de demain. Mais pas au point, non plus, de leur faire ravaler tous leurs excès : de tarentelles où les vents refusent de suivre la même ligne (Misera Plebs, Take 1) en frasques imaginées de conserve (Flops), Koglmann emprunte à Lacy bien des airs (ne croirait-on pas Bowery du soprano ?) ; et quand Geier fait son retour, toujours à contre-courant, leurs répliques – celles, aussi, du bel archet de Michlmayr – balaient l’affront dans un fracas terrible.

En 1975 et 1976, Koglmann et Lacy se retrouvent à Paris et à Vienne : de ces nouvelles rencontres, Opium retient un titre enregistré en quartette avec Geier et Michlmayr et deux autres en quintette dans lequel se font entendre le tromboniste Joseph Traindl, le contrebassiste Cesarius Alvim Botelho et le batteur Aldo Romano – bien moins subtil que Malli. Koglmann règle là son pas sur celui de Lacy et Geier se fait moins surprenant.

C’est pourquoi Opium fait surtout effet en première plage, où deux trompettes (Koglmann et Dixon), un saxophone ténor (Steve Horenstein), une contrebasse (Alan Silva) et une batterie (Muhammad Malli) interprètent une composition que Dixon dédia à Koglmann : For Franz. La prise date d’août 1976, elle aurait pu avoir été enregistrée dix ans plus tôt ou encore vingt ans plus tard : les deux trompettistes n’ont que faire de leur époque, ils s’entendent au-delà, le temps de dix-sept minutes, en 1976, soit toute une époque.

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Franz Koglmann : Flaps / Opium for Franz
Black Monk
Réédition : 2019.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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