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Le son du grisli
27 novembre 2008

The Magic I.D. : Till My Breath Gives Out (Erstwhile, 2008)

magic i

Emmené par Christof Kurzmann (entendu jadis auprès de John Butcher ou Steve Lacy) et Michael Thieke (membre notamment du Clarinet Trio), The Magic I.D. compose un premier album d’une électroacoustique soumises à influences – David Grubbs, Mark Hollis ou Stina Nordenstam – ainsi qu’à l’originalité de son instrumentation (voix, guitares et clarinettes).

D’allure plutôt lente, l’ensemble défend souvent une pop atmosphérique ou un folk mouvant, aux mélodies instituées sur boucles et déviant selon l’effet des interventions. Capables de quelques maladresses (voix ici trop appuyée ou improvisation virant là au refrain stérile), The Magic I.D. parvient sur la longueur à imposer avec Till My Breath Gives Out (première référence d’une section pop ouverte par le label Erstwhile) un idéal musical polyphonique et polymorphe, rare et presque singulier ; prometteur, surtout. 

The Magic I.D. : Till My Breath Gives Out (Erstwhile / Orkhêstra Interational)
Edition : 2008.
CD : 01/ True Holiday 02/ Feet Deep 03/ Wintersong 04/ Martin Fierro 05/ From the Same Road 06/ Loopstück
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 

5 janvier 2009

Lapslap: Itch (Leo Records - 2008)

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Trio écossais (Michael Edwards, Karin Schistek, Martin Parker), Lapslap consigne sur Itch dix improvisations allant voir du côté d’une musique électroacoustique perturbée, qu’elle soit brute ou plus sophistiquée.

Parti au son d’imprécisions instrumentales (piano désaccordé et saxophones souffreteux opposant leurs longues notes à quelques nappes électroniques imperturbables), la sélection va voir ensuite du côté de la tradition improvisée européenne (Paul Rutherford sur Sloopy Lips, Jacques Demierre sur Scratchy) puis de celle d’une musique contemporaine jadis inquiète d’avenir, lorsque le trio sort de son appareillage moderne les sons de très anciens orgues électriques (Nailed), avant de tout sacrifier à des déflagrations sonores hésitant entre pseudo indus et musique de jeux vidéo.

Quelques fois maladroit, Itch parviendra à satisfaire dans son ensemble l’auditeur qui saura partager les références du trio, ou goûtera l’œuvre des musiciens qu’il évoque : Pierre Henry, Al Margolis, Ross Bolleter, Sun Ra ou Günther Rabl.

CD: 01/ No Cheddar But 02/ Spoons 03/ Sloopy Lips 04/ Nailed 05/ Honk 06/ Hungry 07/ Schweigen 08/ Scratchy 09/ Motor Mouth 10/ Rhapsody in Light Yellow >>> Lapslap - Itch - 2008 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.

1 décembre 2008

Jim McAulay: The Ultimate Frog (Drip Audio - 2008)

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Membre discret d’un Acoustic Guitar Trio dans lequel évoluait aussi Nels Cline, le guitariste Jim McAuley voit aujourd’hui paraître un double-album composé de titres qu’il enregistra en duo avec son ancien partenaire, ainsi qu’avec le violoniste Leroy Jenkins, le contrebassiste Ken Filiano et le percussionniste Alex Cline.

Souvent improvisées, les rencontres ont pour point commun un mélange de genres assumé : pièces déconstruites et anguleuses élaborées avec Jenkins (Improvisation #12) ou Filiano (Escape Tone), épreuves d’un minimalisme répétitif (Improvisation #5) ou expérimental (Froggy’s Magic Twanger), morceaux de folk atmosphérique (November Night) ou d’un blues quelques fois insipide (Jump Start). L’ensemble, de receler quelques moments de grâce.


Jim McAuley, Leroy Jenkins, A Ditty for NC (extrait). Courtesy of Drip Audio.

CD1: 01/ Improvisation #12 02/ Nika’s Love Ballad 03/ Improvisation #5 04/ November Night 05/ Improvisation #1 06/ Escape Tones 07/ A Ditty for NC 08/ Improvisation #6 09/ The Zone of Avoidance 10/ Froggy’s Magic Twanger 11/ Huddie’s Riff 12/ Il Porcelino – CD2: 01/ Jump Start 02/ Improvisation #9 03/ Bullfrogs and Fireflies 04/ Successive Approximations 05/ Improvisation #11 06/ Five’ll Get Ya’ Ten 07/ Work with Sharp 08/ ‘’No Snarel” 09/ Improvisation #10 10/ Angie Moreli Truly Confesses 11/ Okie Dokie 12/ For Rod Poole >>> Jim McAulay - The Ultimate Frog - 2008 - Drip Audio.

11 février 2009

Geoff Farina, Massimo Pupillo, Michael Zerang: Still Life with Commercials (fromScratch - 2009)

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Continuant de soigner sa prédilection pour la musique élaborée en trio, le guitariste Geoff Farina (Karate) rencontrait récemment Massimo Pupillo, bassiste de Zu, et le percussionniste Michael Zerang : avec eux, rendait un Still Life with Commercials aléatoire.

Parce qu’il peine à choisir entre grands développements d’une atmosphère aussi ténébreuse qu’électrique et laisser-aller instrumental accomodant les genres avec faiblesse : indus cordial (Raids on the Unspeakable), dub soupçonné allié à un solo de guitare démonstratif mais plus que stérile (Still Life with Commercials). Convaincants par moments minuscules, le trio signe quand même Reduced Density Matrix, œuvre d’un bruitisme engoncé en râles inquiets, convaincant davantage au point que le trio mériterait de s’en inspirer si lui venait l’idée de collaborer encore.

CD: 01/ Raids on the Unspeakable 02/ Neti, Neti 03/ Sorrows of Empire 04/ Psychic Entanglement 05/ Still Life with Commercials (download) 06/ Reduced Density Matrix >>> Geoff Farina, Massimo Pupillo, Michael Zerang - Still Life with Commercials - 2009 - fromScratch.

18 septembre 2006

Calling Signals: Dreams in Dreams (FMR - 2005)

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Fondé en 1995 par Frode Gjerstad et le contrebassiste Nick Stephens, Calling Signals – ensemble qui aura compté parmi ses membres Paul Rutherford ou Louis Moholo – improvisait encore récemment et interrogeait les possibilités de cohabitation entre clarinettes, contrebasse, batterie et accordéon.

S’occupant d’abord de tendre la toile de fond des débuts de Dreams, l’accordéoniste Eivin One Pedersen, gagné aussi par la ferveur, ne cesse de prendre du galon. Seul instrument à servir un rien de mélodie, il pourra canaliser les intentions insaisissables du quartette (Dreams In Dreams In) ou servir une soul empreinte de folk (Dreams In Dreams In Dreams).

C’est que Gjerstad laisse beaucoup de place à Pedersen, lorsqu’il ne distribue pas des phrases furtives sur un rythme langoureux (Dreams In) ou ne propose de jolies trouvailles décidant d’arrangements sur l’instant (la lente chute des corps et instruments, sur Dreams In Dreams).

Saluer, enfin, l’assurance de la section rythmique: Stephens, capable de pizzicatos aussi frénétiques que discrets ; Paal Nilssen Love, à la batterie, auteur d’élans denses et concis, qui n’en finissent pas de proposer les éclairages différents. Pour parfaire l’inspiration d’un quartette inédit autant que convaincant.

CD: 01/ Dreams 02/ Dreams In 03/ Dreams In Dreams 04/ Dreams In Dreams In 05/ Dreams In Dreams In Dreams

Calling Signals - Dreams in Dreams - 2005 - FMR.

24 février 2009

Trio 3, Irène Schweizer: Berne Concert (Intakt - 2009)

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Au Taktlos Festival de Berne en 2007, Oliver Lake, Reggie Workman et Andrew Cyrille accueillaient sur scène la pianiste Irène Schweizer. Enregistré, le concert dévoile les qualités attendues de la rencontre.

Sur le Flow de Lake, Schweizer doit alors se faire une place : discrète, d’abord, trouve l’inspiration dans la paraphrase avant d’imposer sa méthode singulière du découpage mélodique. Faux-airs de valse – abandonnée rapidement pour une poursuite –, ensuite, sur laquelle la pianiste dialogue avec l’autre amateur de répétitions qu’est Workman, et l’échange avec l’entier trio sur Aubade, thème de Cyrille au swing martial et morceau d’angoisse qui profite d’un art de la délicatesse qu’ont en commun les intervenants.

Impétuosités et passages d’une contemplation impatiente de céder à l’emportement font l’essentiel d’une improvisation du duo Schweizer / Lake (Phrases), qui précède une autre du duo Schweizer / Cyrille : retrouvailles (rencontre, vingt ans auparavant, au Festival Willisau, dont Portrait donne une preuve) au lyrisme amusé pendant lesquelles le batteur ponctue avec sagacité les effets frénétiques de l’insatiable imagination de la pianiste. Ensemble, Schweizer, Lake, Workman et Cyrille, gravent leurs initiales sur une improvisation déboîtée (WSLC), et mettent un terme dans une allégresse sauvage à leur association unique.   

CD: 01/ Flow 02/ R.I. Exchange 03/ Aubade 04/ Phrases 05/ Ballad of the Silf 06/ Timbral Interplay 07/ WSLC >>> Trio 3, Irène Schweizer - Berne Concert - 2009 - Intakt Records. Distribution Orkhêstra International.

Trio 3 déjà sur grisli
Time Being (Intakt - 2006)

Irène Schweizer déjà sur grisli
First Choice (Intakt - 2006)
Portrait (Intakt - 2005)
Live at Taktlos (Intakt - 2005)

3 mars 2009

Collective 4tet: In Transition (Leo - 2009)

CollectiveGrislet

A la mémoire du tromboniste Jeff Hoyer, Collective 4tet élève In Transition, qui donne à entendre le groupe intégrer (en conséquence) le trompettiste Arthur Brooks.

Mark Hennen (piano), William Parker (contrebasse) et Heinz Geisser (batterie), de poursuivre donc leur collaboration dans l’adversité mais avec cohérence : des propositions volontairement timides des premières interventions, passent à un déferlement profitant des différences de quatre intensités – si Hennen semble souvent jouer le rôle d’accompagnateur efficace, noter les présences tempétueuses de Parker (notamment sur solo), Brooks et Geisser.

Frontale, encore davantage, la suite : Clear Skies, sur lequel le pianiste rattrape son retard à grands coups de ponctuations aussi déroutantes que subtiles ; For a Change, lorsque le quartette s’accorde sur une progression distendue et tortueuse. Comme à chaque fois, l’ensemble retourne aux brumes d’où il était sorti, disparaît comme le veut le cérémonial des cataclysmes.

CD: 01/ In Transition 02/ Clear Skies 03/ For a Change >>> Collective 4tet - In Transition - 2009 - Leo Records. Distribution Orkhêstra International.

Collective 4tet déjà sur grisli
Moving Along (Leo - 2004)

23 mars 2009

Arthur Doyle : Nature Boy (Homeboy, 2009)

arthur doyle nature boy

Fin août 1972 – soit, quelques années avant la parution de son premier enregistrement personnel –, Arthur Doyle jouait au Studio Rivbea de Sam Rivers : là, donnait en compagnie du tromboniste Charles Stephens et du batteur Rashied Sinan une relecture emportée de Nature Boy.

Du titre d'Eden Ahbez que Nat King Cole transforma en standard, Doyle fait un prétexte à la déposition d'une esthétique de fulgurances : abrasive et expiatoire, le musicien passant de saxophone ténor en flûte et clarinette basse avec toujours la même frénésie. Ailleurs, laisse toute la place à Stephens, musicien moins expressionniste mais grâce auquel la reprise profite de contrastes inattendus, installés sur les roulements porteurs de Sinan.

Si la qualité sonore du disque n'est pas à la hauteur de la musique qu'il renferme, Nature Boy a le mérite d'allonger la discographie d'Arthur Doyle d'une référence et de trente minutes d'intensité indispensables. Musicien du free inspiré par un standard, Doyle réinvestissait le même il y a quelques années encore, seul ou en compagnie de Sunny Murray

Arthur Doyle : Nature Boy (Homeboy).
Enregistrement : 1972. Edition : 2009.
CD-R: 01/ Nature Boy
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

18 février 2009

KTL: IV (Editions Mego - 2009)

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Les conséquences de la no wave (espoir de guitares suspendues de Glenn Branca en tête) mêlées à d’imposantes réminiscences de cold, de porter haut le discours musical de KTL : Stephen O’Malley (Sun O)))) et Peter Rehberg, musiciens produits sur IV par Jim O’Rourke.

Guitares aux plaintes longues, donc ; les parasites : éreintants. Là, une mélodie achevée à peine tente de percer sous les nappes enveloppantes d’un clavier, avant de se complaire dans l’art de buter avec morgue et déraison sur deux notes vaines. La mécanique de l’ensemble, forcément lente, se plie quand même parfois à un crescendo, sur une esthétique du crachant de plus en plus pesante : obligée de disparaître enfin sous des couches d’atmosphères rugueuses qu’elle a elle-même engendrées.

CD: 01/ Paraug 02/ Paratrooper 03/ Wicked Way 04/ Benbett 05/ Eternal Winter 06/ Natural Trouble >>> KTL - IV - 2009 - Editions Mego. Distribution La baleine.

19 mai 2009

Guionnet, La Casa, Samartzis : Soleil d’artifice (Swarming, 2009)

guionnet la casa samartzis soleil d'artifice

Enregistré en studio, Soleil d’artifice est la trace laissée sur disque de l’association Jean-Luc Guionnet (saxophone alto) / Eric La Casa (microphones, laptop et enregistrements) / Philip Samartzis (électronique, laptop, field recordings), entendue en Europe en 2007.

En compagnie de l’Australien – qui s’occupa aussi de mixer l’enregistrement –, Guionnet et La Casa réinterrogent l’espace, le temps et la forme à donner à la dualité. Au son de sirènes, de grésillements, de chuchotements et d’aigus perçants, les trois hommes bâtissent un édifice de grisailles enfermant l’entente de sons préenregistrés et de pratiques instrumentales inventant sur l’instant. Bientôt, l’alto insiste pour se libérer de la forme jusque-là donnée à l’ensemble, se balance entre deux notes puis en répète une seule, de moins en moins inquiet d’aller voir ailleurs qu’à l’endroit indiqué : Soleil d’artifice dans lequel il finit par se fondre pour mieux en intensifier la flamme.

« J’aurai vécu dans le soleil. J’ai connu dans ce monde un bonheur infini. Certains soirs, le bruit de la pluie me procurait une jouissance indicible car il était la chanson que faisait ma vie pour résonner dans les profondeurs du temps qui me donnait tout. » Joë Bousquet, Traduit du silence, extrait cité dans Le bruit de fond, texte de Jean-Luc Guionnet.

Jean-Luc Guionnet, Eric La Casa, Philip Samartzis : Soleil d’artifice (Swarming / Metamkine)
Enregistrement : 2007. Edition : 2009.
CD: 01/ Part 1 02/ Part 2 03/ Part 3
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

8 juin 2006

The Jolly-Boat Pirates: The Jolly-Boat Pirates (Umlaut - 2006)

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A la manière de Corpulent – avec lequel il partage sa section rythmique -, The Jolly-Boat Pirates est un quartette composé de musiciens Suédois et Américains : Niklas Barno (trompette), Lars Ahlund (saxophones), Joel Grip (contrebasse), Devin Gray (batterie). Qui sortent aujourd’hui leur premier enregistrement commun.

Dès Alvaro, le groupe sert une énergie démonstrative au rythme de laquelle il ne peut longtemps cacher ses modèles : Ornette Coleman ou Joe McPhee ; Ayler, ailleurs, lorsque Big Shit mêle à l’assaut des dissonances la légèreté d’une musique de fanfare répétitive. Capable aussi de swing courtois, tant qu’il est possible de le perdre au milieu d’une progression bousculée par un soprano bancal et une section rythmique aérienne (Denight Delight).

Moins inspiré sur Bro (plage déstructurée perdues par quelques élans romantiques) ou Line (plage déstructurée perdue par un manque de vigueur inquiétant), The Jolly-Boat Pirates tire souvent profit des tensions adéquates : à la pièce envoûtante, parfaitement soutenue par l’archet de Grip, qu’est Letandet ; ou au fantasme de régénérescence, sur Strutsen, jolie conclusion qui aurait toutefois gagné à déployer la même ardeur que celle des premiers titres.

The Jolly-Boat Pirates qu’il faudra suivre, donc, tout comme Corpulent. L’un et l’autre produit par Umlaut Records, label de Joel Grip, soit : débarrassés des contraintes du naturel et décisif rendement. Le reste assurant de valables perspectives d’avenir.

CD: 01/ Alvaro 02/ Denight Delight 03/ Bro 04/ Line 05/ Letandet 06/ Big Shit 07/ Strutsen >>> The Jolly-Boat Pirates - The Jolly-Boat Pirates - 2006 - Umlaut.

27 mai 2009

Laurie Scott Baker: Gracility (Music Now - 2009)

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Avant d’animer en compagnie de Cornelius Cardew le People’s Liberation Music, l’australien Laurie Scott Baker commençait à défendre auprès de partenaires d’importance ses énigmatiques façons de composer.

Au nombre de ces musiciens qui donnèrent leur interprétation de notes jetées sur le papier ou de graphiques singuliers jouant le rôle d’intentions compositionnelles, trouver en 1969 auprès de Baker les guitaristes Derek Bailey et Keith Rowe et le contrebassiste Gavin Bryars, musiciens déchiffreurs qui mirent au jour Gracility, pièce d’expérimentation grave et traînante, musique de gamelan revue et corrigée à coups de cordes accrocheuses.

Plus loin, les deux courts mouvements de Pibroch soumettent Evan Parker, seul, à l’idée de phrases mélodiques répétées au point de faire bientôt naître des résidus qu’il faudra intégrer au discours : avec tact, le soprano se plie à un exercice qui le change. En compagnie de Jamie Muir (percussions) et de John Tilbury (orgue), Baker sert ensuite Bass Chants & Cues, qui rappelle les travaux de Terry Riley avant d’évoquer un morceau de krautrock égaré en terre anglaise quand, pour terminer, le même défend en membre du Scratch Orchestra une autre composition devant beaucoup à la même influence : Circle Piece. Voilà donc pour les archives imposantes d’un compositeur qui collabora par la suite avec Robert Wyatt et faisait paraître l’année dernière Liquid Metal Dreaming.

CD1: 01/ Gracility 02/ Changing Light 03/ Port of London Atmos 04/ Camden Sunday Afternoon 05/ Breathing of the City 06/ The Northern Line 07/ Keithrowe Airport 08/ Microphonic 09/ Sweat & Tears 10/ Who Was That 11/ Pibroch 1926 12/ Pibroch The Call - CD2: 01/ Bass Chants & Cues 02/ Jackdaws Ascending 03/ Wurlitzer Ramayana 04/ Baby Binson Sonar 05/ River Thames AM 06/ Goldsmiths (Driving) 07/ Rotherhithe Approach 08/ Futurama Ascends 09/ Bubble & Squeak SE10/ Music Hall Tripping 11/ The Scream 12/ Coo-ee (Echorec) 13/ Winged Dove 14/ Circle Piece 15/ Degrees 16/ Degrees 17/ 180 Degrees 18/ 360 Degrees >>> Laurie Scott Baker - Gracility - 2009 - Music Now.

29 mai 2009

Alva Noto, Ryuichi Sakamoto, Ensemble Modern : Utp (Raster Noton, 2009)

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Troisième projet commun à Carsten Nicolai et Ryuichi Sakamoto, Utp donne à entendre et à voir – le label Raster Noton ayant choisi de coupler ici CD et DVD – le couple donner un concert en compagnie de l’Ensemble Modern.

D’ordinaire appliqué à défendre de grands travaux de musique contemporaine, l’ensemble investit l’exercice au son de grands coups d’archets qu’il dépose sur un drone traînant, avant d’agir avec plus de discrétion lorsque Sakamoto ose quelques notes de piano sur un bip à la sonorité d’hier – musique électronique que le Japonais a toujours appréciée, élevée entre modernité et archaïsme.

Plus loin, des vignettes atmosphériques au discours mélodique évaporé défilent, comparent leurs mécaniques : notes à distance faisant toute confiance aux volutes porteuses du décorum de Broken Line 1 ; transport sur écho léger d’autres notes de piano et de pizzicatos rapides sur Broken Line 2 : Nicolai modelant, sans rien laisser paraître de ses intentions, la forme ultime de l’échange : sensible et assez vaste.

Alva Noto, Ryuichi Sakamoto, Ensemble Modern : Utp (Raster Noton / Metamkine)
Edition : 2009.
CD : 01/ Attack Transition 02/  Grains 03/ Particle 1 04/ Transition 05/ Broken Line 1 06/ Plateaux 1 07/ Silence 08/ Particle 2 09/ Broken Line 2 10/ Plateaux 2 (End)
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

9 juin 2009

Interview d'Oliver Lake

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Figure éminente du Black Artists Group, de la scène loft new-yorkaise, du World Saxophone Quartet, et aujourd’hui saxophoniste profitant de l’osmose d’un Trio 3 qu’il emmène depuis 1986 avec Reggie Workman et Andrew Cyrille, Oliver Lake déplore quand même de devoir batailler encore pour réussir à faire entendre sa voix. Celle-ci, à entendre sur les références de son propre label, Passin’ Thru, et d’excellentes rencontres avec Irène Schweizer ou Geri Allen publiées récemment par Intakt Records. 

…Mon premier souvenir musical vient de ce juke-box que j’écoutais dans le restaurant de ma mère. J’ai passé beaucoup de temps à cet endroit, j’y ai entendu pas mal de musique noire. Ma mère avait aussi pris l’habitude de chanter du gospel…

Comment êtes-vous arrivé à la musique ? J’avais à peu près 14 ans… Certains de mes copains jouaient d’instruments de musique et j’ai rejoint un marching band du nom de The American Woodman. J’y tenais les cymbales et le tambour de basse. Plusieurs membres de ce groupe étaient de véritables jazzmen. J’ai commencé à me rendre à leurs jam sessions, ce qui m’a donné envie de me mettre au saxophone. Ce groupe participait à des compétitions organisées un peu partout dans le pays. Un de ses membres était le saxophoniste Fred Walker, qui m’a mis entre les mains mes premiers disques de jazz, histoire que je me rende compte de la chose. 

Quel souvenir gardez-vous de vos débuts avec le Black Artists Group ? Le Black Artists Group a été une école pour moi… J’y ai appris à travailler toutes les disciplines : la musique, la danse, le théâtre, les arts visuels, mais aussi l’autopromotion et la production de concerts. Cette expérience a été une force lorsque j’ai gagné New York : je savais comment il fallait que je réagisse. En ce qui concerne l’époque de la scène loft, elle était énergique, frénétique… Il y avait tellement d’endroits où jouer downtown. Là encore, mon expérience dans le Black Artists Group m’a bien aidé : le loft movment était aussi une affaire d’autoproduction : nous louions des endroits où jouer, y répétions avec le groupe, écrivions la musique, fabriquions les affiches et faisions toute la publicité, tout ce que je faisais déjà à St. Louis avec le Black Artists Group, à une époque où nous étions encore payés au nombre d’entrées…

Quelles sont les choses qui ont changées ces quarante dernières années dans le domaine du jazz selon vous ? Il y a quarante ans, les festivals programmaient 90% de musiciens américains et 10% d’Européens. Aujourd’hui, ce serait plutôt l’inverse. Pendant tout ce temps, beaucoup de musiciens non américains ont progressé au point d’être aujourd’hui d’excellents musiciens de jazz, ce qui fait que les festivals qui se tiennent à l’étranger peuvent aujourd’hui programmer leurs propres vedettes…

Être musicien de jazz est donc toujours aussi difficile ? Je me sens bien dans ma peau de musicien de jazz. J’ai eu assez de chance pour faire partie de plusieurs groupes qui ont eu un certain succès, et, en tant que compositeur, j’ai pu faire jouer mes compositions. Je dois quand même dire que je pensais qu’avec l’âge, tout deviendrait plus facile pour moi. Or, ce n’est pas le cas, je dois encore me lever chaque jour si je veux que les choses arrivent.

Il y a une vingtaine d’années, vous avez décidé de fonder votre propre label, Passin Thru, qui existe toujours aujourd’hui… Une fois encore, monter mon label a été une des conséquences de mon expérience dans le Black Artists Group. Nous savions déjà à l’époque qu’il était primordial de contrôler notre propre destin, et gérer soi-même un label découle de cette idée là. Avoir les droits de mes compositions et être maître de mon destin tout en nouant des relations avec d’autres labels : Justin Time pour le World Saxophone Quartet et Intakt Records pour Trio 3.

Vous avez aussi soutenu Freddie Washington par le biais du label… Ca a été un honneur pour moi d’enregistrer son premier disque. Freddie m’a un peu aidé lorsque j’ai commencé au saxophone, et j’ai été heureux de mettre en valeur la pratique de ce superbe saxophoniste, qui plus en dans cet excellent trio dans lequel interviennent aussi John Hicks au piano et Billie Hart à la batterie.

Quelle est l’histoire du Trio 3, que vous formez avec Reggie Workman et Andrew Cyrille ? Tous les trois, nous nous appelions fréquemment, l’un demandant à l’autre de participer à tel ou tel de ses projets, et cela si souvent que nous avons fini pas monter notre propre trio… L’idée était de réunir trois compositeurs qui sont aussi trois improvisateurs et de former un trio dont la musique serait le leader. Nous avons aussi eu l’idée de rencontrer d’autres musiciens à l’occasion : il y a à peu près dix ans, nous avons donné un concert dans un club avec Andrew Hill en invité. En ce moment, nous travaillons beaucoup avec Geri Allen [At This Time, premier disque issu de cette collaboration, vient de sortir sur le label Intakt, ndlr].

Vous avez aussi joué avec Irène SchweizerIrène est une excellente pianiste, nous avons passé des moments fabuleux en concerts et en studio avec elle. Nous devrions la retrouver cet automne, à l’occasion d’une tournée en Europe.

Pouvez-vous me citer de jeunes musiciens que vous appréciez actuellement ? James Carter, Greg Osby, Vijay Iyer.

Pour finir, j’aimerais que vous me parliez de votre rapport à l’écriture, la poésie, par exemple, vous permet-elle de vous exprimer différemment ? J’en reviens encore à mon expérience au sein du Black Artists Group. Là, j’avais l’habitude d’accompagner des poètes, ce qui m’a incité à écrire ma propre poésie. Lorsque j’ai emménagé à New York en 1974, j’ai collaboré avec plusieurs poètes, notamment Ntuzaki Shange. Après avoir travaillé un certain temps avec elle, j’ai commencé à écrire mes propres pièces d’un théâtre solo. Quand tu écris de la poésie, tu t’exposes davantage, tu en dis plus sur toi. Souvent, je récite quelques uns de mes textes lors de mes concerts en solo. C’est ma façon à moi de m’exprimer plus personnellement encore…

Oliver Lake, propos recueillis en mai 2009.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Oliver Lake déjà sur grisli
Berne Concert (Intakt - 2009)
Zaki (HatOLOGY - 2007)
Time Being (Intakt - 2006)
WildFlowers : Loft Jazz New York 1976 (Douglas - 2006)

23 juin 2009

Alan Courtis, Aaron Moore : Brokebox Juke (NO-FI, 2009)

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Fruit de la collaboration d’Anla Courtis (Reynols) et Aaron Moore (Volcano The Bear), Brokebox Juke est composé d’enregistrements ayant fait le voyage entre Argentine et Etats-Unis au point d’en devenir un précieux ouvrage au positionnement indéfini.

Parce que le duo va voir partout où la musique populaire saura faire preuve d’audace : mélodie répétée au point de tenir bientôt de la litanie abstraite, mécanique grippée de cordes de guitare ou de violon, mouvements lents vouant un culte aux effets crachant, gestes improvisés sur instruments multiples et épaisses couches de claviers électroniques ; enfin, progression fière et inattendue d’une autre guitare et d’une batterie. Formé au gré des transports, Brokebox Juke n’en finit pas de changer d’allure et de point de vue, laissant au final l’auditeur attester du passage d’un objet rare, confectionné dans le secret par deux musiciens ayant la pop ombreuse en partage.

Alan Courtis, Aaron Moore : Brokebox Juke (NO-FI / Metamkine)
Enregistrement : 2007-2008. Edition : 2009.
LP : A01/ Prorgreso = Ropes Gro A02/ Lopsla Nes = Opals Lens A03/ Lunoion = A Nu Lion A04/ Bluifedls = I Feed Bulls B01/ Conpcion = P-Cone Conic B02/ El Sincio = Silence Oil B03/ Gigngante = Anti Egg
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

29 juin 2009

Hargreaves, Noyes, Duplant : Malachi (Insubordinations, 2009)

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Malachi, c’est Malachi Favors, contrebassiste de l’Art Ensemble of Chicago depuis sa création en 1967 jusqu’à son décès en 2004. Ce disque est donc un hommage au musicien disparu. Mais le propos n’est pas tant d’emprunter les voies musicales arpentées par Favors que de perpétuer son esprit : celui de la recherche d’un fragile équilibre, d’une musique sur le fil. Il s’agit avec Favors, comme ici avec le contrebassiste Bruno Duplant et ses compagnons, de tenir le jazz à distance mais de rester en son champ, de rester exigent en même temps qu’accessible. Ici, comme là,  le contrebassiste est à la fois celui qui emmène les autres musiciens dans des directions aventureuses tout en demeurant un point de repère, un pivot. Ici, c’est lui qui créé le climat, donne le « ton » de chacun des morceaux de ce disque, refusant souvent à sa contrebasse toute résonance, la rendant sèche, acérée, vacillante en même temps que déterminée.

La musique jouée par Bruno Duplant, Phil Hargreaves (saxophones) et Lee Noyes (percussions), est une musique de suspens, où les sons émis ne semblent prendre toute leur valeur qu’en tant que signes annonciateurs de ce qui va suivre. En témoignent les titres des morceaux qui, lus à la suite, offrent un poème. Les trois hommes donnent vie à une musique de l’oubli du monde présent et du temps qui passe – musique de l’intériorité, tout en retenue, à la manière de fantômes ou de lambeaux de mélodies convoqués par cette configuration en trio vieille comme le monde : peaux + souffle + cordes. Elémentaire.


Hargreaves, Noyes, Duplant, Se lever avant le jour. Courtesy of Insubordinations.

Phil Hargreaves, Lee Noyes, Bruno Duplant : Malachi (Insubordinations / Téléchargement libre)
Edition : 2009.
MP3 : 01/ Porter attention à ce qui va suivre 02/ Se lever avant le jour 03/ Garder les choses comme elles sont 04/ Parfois ne penser à rien 05/ Oublier que le temps passe 06/ Demander à la poussière 07/ S'aimer le temps d'une éternité 08/ Croire que tout est possible 09/ Ecouter systématiquement son coeur
Pierre Lemarchand © Le son du grisli

6 juillet 2009

Profound Sound Trio : Opus de Life (Porter, 2009)

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Combien de concerts intenses et grandioses perdus à jamais à cause de l’absence d’enregistrement ? Combien d’enregistrements pirates gardés jalousement par quelques aficionados avisés et que nous ne découvrirons jamais ? Par chance, les micros traînaient en ce soir du 14 juin 2008 sur la petite scène new-yorkaise du Clemente Soto Velez Cultural Center. Et c’était une sacrée bonne idée que ces micros soient là !

Sur scène : Andrew Cyrille, Paul Dunmall, Henry Grimes. Inutile de faire les présentations. D’emblée, ils jouent comme si c’était la dernière fois de leur vie. Les voici dans le vif du sujet, bataillant une musique (appelez-là free jazz si ça vous chante) saisissante et torrentielle. Ce soir, ils jouent comme s’ils avaient été réduits au silence des années durant (pour Grimes, la chose n’est pas tout à fait fausse). Ce soir, ils jouent avec grandeur et insolence. Alors, à quoi bon décrire tout cela ? Voici le Britannique comme un poisson dans l’eau face aux deux vétérans de la new thing. Les voici rajeunis, mitraillant et jouant sans discontinuer. Parfois se combinent et s’enchâssent les timbres (violon et cornemuse) et c’est magnifique. Car oui, Henry Grimes est un violoniste sidérant et nous ne le savions pas.

Il n’y aura donc pas de temps mort, pas de round d’observation mais une transe irréelle et continue. S’agissait-il de leur premier concert ? On voudrait le croire tant cette musique dit le bonheur et l’euphorie des premières fois. Retrouveront-ils un tel état de grâce ? La suite au prochain numéro. 


Profound Sound Trio, This Way Please. Courtesy of Porter Records.

Profound Sound Trio : Opus de Life (Porter Records / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009
CD : 01/ This Way, Please 02/ Call Paul 03/ Whirligigging 04/ Beyonder 05/ Futurity
Luc Bouquet © Le son du grisli

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22 juin 2009

Ingrid Laubrock : Sleepthief (Intakt, 2008)

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La saxophoniste d’origine allemande Ingrid Laubrock intervient dans plusieurs formations (Nois4, Nein) dont un trio avec l’excellent pianiste Liam Noble (qui s’était déjà fait remarquer pour son travail avec le mythique Moondog) et le batteur Tom Rainey. Dans le livret de Sleepthief, le pianiste et compositeur anglais Steve Beresford s’interroge, en référence au titre de l’album, sur le rapport qu’entretient la musique du trio avec le sommeil. Il imagine notamment que chacun des membres du groupe est dans une phase différente d’assoupissement, rendant le fruit de leurs improvisations aussi bien intense et détendu que vague et spécifique dans le même temps. Cette capacité d’interaction, presque involontaire et qui paraît si naturelle à l’écoute, est en grande partie due à la manière dont Ingrid Laubrock a su s’entourer.

Les improvisations du trio embarquent l’auditeur dans des zones oniriques et hypnotiques où la subtilité des échanges est toujours privilégiée à la fureur d’un défrichage sonore. Tour à tour, les instruments se succèdent, s’additionnent, passent d’un registre plutôt mélodique et atmosphérique à une fonction rythmique. Si les nombreuses respirations participent à la mise en valeur des différentes propositions du discours, ce dernier ne se transforme jamais en une vaine quête abstraite. Ce disque confère au trio, dont la réputation des prestations est grandissante, une place essentielle, souvent difficile à atteindre, à la frontière du classicisme et de l’avant-garde.

Ingrid Laubrock : Sleepthief (Intakt / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2007. Edition : 2008.
CD : 01/ Zugunruhe 02/ Sleepthief 03/ Oofy Twerp 04/ Never Were Not 05/ Environmental Stud 06/ The Ears have it 07/ Batchelor’s Know-how 08/ Social Cheats 09/ Amelie
Jean Dezert © Le son du grisli

21 juillet 2009

Gerry Hemingway : Demon Chaser (HatOLOGY, 2009)

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Enregistré en 1993, Demon Chaser donne à entendre Gerry Hemingway en leader charismatique aux côtés de musiciens de choix : Michael Moore (saxophone alto, clarinettes), Wolter Wierbos (trombone), Ernst Reijseger (violoncelle) et Mark Dresser (contrebasse).

Avec plus d’aplomb que jamais, le batteur pousse ses partenaires dans leurs derniers retranchements, en prenant pour prétexte la défense d’un bop de fin de siècle. Alors, sur Slamadam, les grands écarts du trombone de Wierbos et de la clarinette basse de Moore rivalisent de présence avec les reliefs du morceau-titre : thème sauvage sur lequel Moore et Reijseger interviennent en voltigeurs.

Ailleurs, les atmosphères changeantes d’Holler Up (composition précieuse rattrapée par la maîtrise des musiciens), More Struttin’ With Mutton (défilé de solos remarquables sur bop straight), Buoys (seul véritable écueil, et relatif, de l’enregistrement) et, surtout, d’A Night in Tunisia : thème dissous en arrangements subtils et réformateurs, mécanique à l’équilibre fragile sans cesse sublimé par la puissance de feu des musiciens. Alignés de telle façon, ceux-là ne pouvaient faire autrement.

Gerry Hemingway : Demon Chaser (HatOLOGY / Harmonia Mundi)
Enregistrement : 1993. Edition : 2009.
CD : 01/ Slamadam 02/ A Night in Tunisia 03/ Buoys 04/ Holler Up 05/ Demon Chaser 06/ More Struttin’ With Mutton
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Archives Gerry Hemingway

1 septembre 2009

Paul Dunmall : Moment to Moment (Slam, 2009)

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Moment to Moment retient quatre pièces improvisées l’année dernière par Paul Dunmall en compagnie d’un jeune trio, que composent Matthew Bourne (piano et violoncelle), Dave Kane (contrebasse) et Steve Davis (batterie).

L’emportement, d’avoir ici rapidement gagné les musiciens : Bourne réservant de grands coups à son instrument tandis que Dunmall rompt avec tout repère mélodique après avoir feint de s’y attacher. La pièce donnant son nom au disque termine alors en ronde angoissée dans les dissonances sorties du piano.

La suite, de tenir dans une pièce expérimentale virant soudain au pandémonium alerte (Voluntary Expressions), la déconstruction décidée d’un commun accord par Dunmall et Bourne – le contrebassiste et le batteur ne pêchant pourtant pas par excès de réserve – (Black Sun) et puis la poignée de minutes jetée en guise de conclusion : The Face à l’archet funèbre mais au discours fluctuant et délicat. L’improvisation ouverte au dialogue ; ce-dernier : furieux pour son bien.

Paul Dunmall : Moment to Moment (Slam Production / Improjazz)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009.
CD : 01/ Moment to Moment 02/ Voluntary Expressions 03/ Black Sun 04/ The Face
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

Archives Paul Dunmall

26 septembre 2009

Gato Barbieri : In Search of The Mistery (ESP, 2009)

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En 1967, Gato Barbieri  enregistrait son premier disque : In Search of The Mistery, qui atteste d’un lyrisme dont l’incandescence refusait encore l’art pompier.

En formation étrange aux côtés de Calo Scott (violoncelle), Sirone (contrebasse) et Bobby Kapp (percussions), le ténor déploie là un savoir-faire ténébreux : cinq notes pour toute ligne mélodique, le reste à l’emporte-pièce, et voici combinées In Search of the Mystery et Michelle, refrains d’insistances et digressions exubérantes servant une esthétique implacable.

Contre ces mêmes caractéristiques, la nonchalance d’Obsession No.2 et de Cinemateque ne pourra rien : Barbieri avançant là par à-coups de deux notes avant de devoir faire face à l’électricité du violoncelle de Scott. De cette confrontation, naît un discours mélodique précipité, compacté puis anéanti, qui continue pourtant aujourd’hui encore d’en démontrer. A l’endroit même où l’énigme demeure. 

Gato Barbieri : In Search of The Mistery (ESP Disk / Orkhêstra International)
Enregistrement : 1967. Edition : 2009.
CD : 01/ In Search of The Mistery / Michelle 02/ Obsession No.2 / Cinemateque
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

14 septembre 2009

Arc : The Pursuit of Happiness (Emanem, 2009)

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Remembering (Uneasy Listening) en 1992, Out of Amber (Slam) en 1993, et aujourd’hui The Pursuit of Happiness : trois CD seulement depuis 1988, année ou fut crée Arc (Sylvia Hallett : violon, Danny Kingshill : violoncelle, Gus Garside : contrebasse).

Sobres entailles, toujours en périphérie d’un noyau ferme et intact, les electronics s’invitent pour la première fois ici. Car la musique d’Arc se déploie et se déplace à partir d’un centre-cercle fédérateur. Onze centres-cercles car onze plages. Onze plages où cordes et bois observent le frottement puis s’y abandonnent. Vont alors exister onze histoires de violences et de réserves, d’obsessions et de contractions, de lenteurs et d’étirements. Les cordes seront filantes, stagnantes, troublantes. Le centre s’effacera, réapparaîtra. Le bois se raidira, demandera grâce. Tout sera alors possible : le mélange, l’attente, le surgissement, l’oubli, le dérèglement, l’affaissement. Et tout ceci existera : intensément et profondément ici.

Arc : The Pursuit of Happiness (Emanem / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2008. Edition : 2009
CD : 01/ Binding Light 02/ The Rite of Strings 03/ Quintessence 04/ Forgetting All Over Again 05/ Phantom Caravan 06/ Grandpa’s Box 07/ Sand Maps 08/ A Chance Occurrence 09/ The Pursuit of Happiness 10/ Dividing into One 11/ Where Rivers Meet
Luc Bouquet © Le son du grisli

Archives Sylvia Hallett

13 septembre 2009

Oneida : Rated O (Jagjaguwar, 2009)

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Le groupe Oneida a déjà prouvé – avec Preteen Weaponry, notamment – qu’il pouvait se montrer aussi radical que convaincant dans l'arrangement d’un rock torturé par ses propres références. Les trois disques qui forment Rated O (deuxième volet d'une trilogie baptisée Thank Your Parents) laissent pourtant entendre (ou plutôt réentendre) que les soupçons sont plus que fondés sur l’inspiration inégale de Kid Millions, Bobby Matador et Baby Hanoi Jane.

Ceci, parce que l’auditeur doit faire face sur Rated O à une suite d’exercices de style souvent poussifs : dub, pop psychédélique et toutes sortes de rock (sixties, krautrock ou encore héroïque). Grasse de nature, la mixture parvient à convaincre de très rares fois, et encore, jamais longtemps : sur la toute fin du premier disque (drone et batterie avalant un lot de guitares hurlantes qui, pour une fois, ne sont pas là pour combler les brèches compositionnelles) et la première moitié du troisième. Le temps de ces deux exceptions, Oneida renoue avec la rythmique lente, répète les motifs d’une musique envoûtante et conclut avec plus d'intelligence un projet ambitieux, qui reste malgré tout bien dispensable. 

Oneida : Rated O (Jagjaguwar / Differ-ant)
Edition : 2009.
CD1 : 01/ Brownout In Lagos 02/ What’s Up, Jackal? 03/ 10:30 at the Oasis 04/ Story of O 05/ The Human Factor - CD2 : 01/ The River 02/ I Will Haunt You 03/ The Life You Preferred 04/ Ghost in the Room 05/ Saturday 06/ It Was a Wall 08/ Luxury Travel - CD3 : 01/ O 02/ End of Time 03/ Folk Wisdom
Pierre Cécile © Le son du grisli

27 juillet 2009

Quatre têtes : Figuren (Creative Sources, 2009)

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De deux duos (Gabriela Friedli - Priska Walss / Claudia Ulla Binder - Susann Wehrli) est né Quatre têtes, quartet exclusivement féminin. De l’étrangeté de l’orchestration (deux pianos, flûte et trombone) émerge une intensité confondante. Car plutôt que de n’explorer qu’une seule piste, ce sont en multiples chercheuses de sons et de sens que se sont postées nos quatre musiciennes. Dans cette musique, se croisent l’attente et le tâtonnement, la curiosité et l’inquiétude. On y découvre des enchâssements de timbres singuliers (la grave palette de l’imposant cor des Alpes, un mélodica sorti des sentiers battus), des arithmétiques audacieuses (quartet et divers duos), des fugues et des courses-poursuites haletantes. Bruissements, glissandi, horizontalité inquiète, dialogues ludiques et affranchis s’entrecroisent sans tourment et avec une décontraction naturelle. Stabilité, classicisme des phrasés et cassures abruptes ne s’opposent nullement car on sent les quatre musiciennes durablement soudées et toujours en demande de nouvelles situations. Une réussite totale pour nos quatre têtes pensantes et si magnifiquement jouantes.

Quatre Têtes : Figuren (Creative Sources)
Enregistrement : 2006. Edition : 2009
CD : 01/ Beauty’s Biest 02/ Falmingo 03/ Lavtina 04/ Laüfer und Turn 05/ Penelope 06/ Myriapoda 07/ Voyageurs 08/ Waiting for Cary Grant 09/ Knopf und Knopfloch 10/ Anaphora
Luc Bouquet © Le son du grisli

Archives Gabriela Friedli

23 septembre 2009

Derek Bailey, Tony Bevan, Paul Hession, Otomo Yoshihide : Good Cop, Bad Cop (No-Fi, 2009)

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Sur Good Cop, Bad Cop, quatre musiciens différemment arrangés : Derek Bailey, Otomo Yoshihide, Tony Bevan et Paul Hession, enregistrés en 2003 à Liverpool en duos et quartette.

A quatre, l’improvisation commande à Bailey d’opposer ses interventions sur guitare au volume changeant à un drone serti de râles d’origines différentes. Plus loin, les libertés de l’association s’accordent sur un jeu de plaintes précipitées du saxophone et de larsens élaborés par Yoshihide.

Par la suite, la rencontre se réserve des duos aux conséquences diverses aussi : virulence de la réaction provoquée par la collision des cordes claires de Bailey et des mouvements frénétiques d’Hession ; écarts singuliers des trouvailles sonores de Yoshihide et des roulements du même Hession ; enfin free soutenu de Bevan contrastant avec la ligne claire prônée, une fois n’est pas coutume, par Derek Bailey. La rencontre valait d'être enregistrée.

Derek Bailey, Tony Bevan, Paul Hession, Otomo Yoshihide : Good Cop, Bad Cop (No-Fi / Metamkine)
Enregistrement : 2003. Edition : 2009.
CD : 01/ No Hiding Place / Softly Softly 02/ Morse 03/ The Bill 04/ Good Cop, Bad Cop 05/ Flying Squad
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

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