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Le son du grisli
18 janvier 2013

Aki Onda : South Of The Border (Important, 2012)

aki onda south of the border

Non ce n’est pas Aki Onda qui va à la musique mais bien la musique qui vient à Aki Onda. En ouvrant ses archives cassettes pour la troisième fois, le Japonais le prouve encore : ses « memories » (qui sont ici six souvenirs enregistrés au walkman lors d’un voyage au Mexique) recèlent des trésors.

Ça commence comme ça : une fanfare joue dans la rue, maladroite elle s’arrête, des passants parlent, elle reprend, rebat le tambour, resonne faux, reclaudique. Plus loin (The Sun Clings...) il y aura une autre fanfare, du même genre mais sublimée par la cassette qui accélère ou ralentit ses morceaux et, surtout, qui connaîtra la joie de se faire dévorer par des milliers d’oiseaux d’engeance hitchcockienne (voilà bien quelque chose à entendre !).

Mais les fanfares ne font pas tout et il y a d’autres rencontres dans ce Rec.Mode Trip mexicain : sur Bruise & Bite, on imagine le walkman tressautant au fond d’une poche et enregistrant des véhicules qui passent, des voix et ô surprise un orgue ou énorme flûte de bois (ou l'inverse) que l’on entendra aussi sur I Tell A Story Of Bodies That Change, qui elle tient plutôt de l’ambient. Un bon quart d’heure de plage zenifiante qui propulserai Brian Eno (jeune) ou Bruce Gilbert (en solo) dans un temple bouddhiste. En tout cas c’est le film que l’on se fait ou celui que projette Aki Onda, cinéaste sonore qui traite et mélange mieux que personne le bizarre et le quotidien.

Aki Onda : South of the Border. Cassette Memories Volume 3 (Important Records)
Edition : 2012.
CD : 01/ A Day Of Pilgrimage 02/ Dust 9:18 03/ Bruise & Bite 04/ The Sun Clings To The Earth And There Is No Darkness 05/ I Tell A Story Of Bodies That Change
Pierre Cécile © Le son du grisly 2013

4 avril 2013

Patrick Thinsy : Disappearances (Tanuki, 2013)

patrick thinsy disappearances

Voilà une cassette qui ne me fait pas regretter d’avoir rebranché ma vieille platine (Sony, désolé). Non pas parce qu’elle est dorée, ni parce qu’elle se glisse dans un étui carton (lui-même protégé par une gaine noire) avec du papier d’Arménie tamponné « For Nina », mais parce qu’elle m’informe de l’existence de Patrick Thinsy.

En fouillant bien, je suis tombé ici, où j’ai appris que Thinsy a déjà collaboré avec Ignaz Schick, z’ev ou Martin Tétreault, et qu’il semble vénérer Phill Niblock. Bonnes références, donc, qui n’étonneront pas les chanceux qui pourront mettre la main sur l’un des cinquante exemplaires de sa cassette. Car la première face accouche d’un drone fragile mais qui ne s’oublie pas comme ça. Comme un brin de chromosome, il fait des tours et des détours au milieu d’autres sons, aussi fragiles et subtiles que lui.

La face B se contente d’un buzz, de coups de burin et de clics : est-elle moins originale pour autant ? Eh bien non, car une voix de femme fait son entrée. Son enregistrement est découpé et ajoute à la bizarrerie de son message en français et de sa diction. C’est donc une tout autre atmosphère... et une tout autre réussite. Patrick Thinsy, enchanté !

Patrick Thinsy : Disappearances [For Nina] (Tanuki Records)
Edition : 2013.
K7 : Disappearances [For Nina]
Pierre Cécile © Le son du grisli

5 avril 2013

Roscoe Mitchell : Duets with Tyshawn Sorey and Special Guest Hugh Ragin (Wide Hive, 2013)

roscoe mitchell duets with tyshawn sorey and special guest hug ragin

De silences introspectifs en grand charivari, Roscoe Mitchell, Tyshawn Sorey et Hugh Ragin démontrent qu’un disque n’a aucunement obligation d’unité. Quand on espère la souplesse des futs de Sorey c’est un piano qui déboule. Un piano fait de braises et de cendres. Un piano pour se brûler les ailes. Roscoe Mitchell, parfait décomposeur d’habitudes, insiste sur de scintillants carillons avant de convoquer un spectre de souffles allant du plus grave au plus aigu. Et Ragin, de trancher dans le vif des ses aigus mordants.

Et les styles n’ont plus le moindre besoin de s’énoncer. Ils s’agitent et forent de nouvelles pépites. Désirez-vous du free, des songes intérieurs, de modernes motets, des zébrures appuyés, du répétitif fluet ? N’en doutez pas : vous allez être servis.

Roscoe Mitchell : Duets with Tyshawn Sorey and Special Guest Hugh Ragin (Wide Hive / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ The Horn 02/ The Way Home 03/ Bells in the Air 04/ Out There 05/ Scrunch 06/ A Cactus and a Rose 07/ Chant 08/ Meadows 09/ A Game of Catch 10/ Waves 11/ Windows with a View
Luc Bouquet © Le son du grisli

19 avril 2013

PascAli : Suspicious Activity (Creative Sources, 2012)

PascAli suspicious activity

L'agacement que l'on peut ressentir devant ce catalogue (assumé au demeurant comme tel, au prétexte de collecter des « vignettes musicales » représentatives) de vingt-deux saynètes improvisées par Sean Ali & Pascal Niggenkemper aux « contrebasses préparées » se dissipe curieusement au fil de ce qu'il faudrait envisager comme un ensemble de diapositives proposant des perspectives différentes sur un même problème – celui qui confine presque à un genre : le duo de contrebasses (Kowald & Parker, Léandre & Saitoh, Guy & Phillips, Dafeldecker & Fussenegger, etc.).

Frappant, sciant, fouettant, vrillant, Niggenkemper (dont on connaît les prouesses chez Clean Feed, Red Toucan ou NoBusiness) & Ali dépassent la simple tentative d'épuisement de la contrebasse : ouf !

PascAli : Suspicious Activity (Creative Sources / Metamkine)
Edition : 2012.
CD : Suspicious Activity
Guillaume Tarche © Le son du grisli

18 juin 2013

Kris Davis : Capricorn Climber (Clean Feed, 2013)

kris davis capricorn climber

Choisissant, même dans ses axes les plus complexes, une certaine neutralité, Kris Davis et ses amis (Mat Maneri, Ingrid Laubrock, Trevor Dunn, Tom Rainey) hésitent à se brûler les ailes.

Les compositions de la pianiste ne sont pas de celles qui s’ouvrent à la facilité. Elles se divisent en blocs et en sous-groupes, saxophone et violon (Laubrock est beaucoup plus microtonale que Maneri ici) n’en finissant pas de s’entremêler en de rigides fiels contrapunctiques. Si la compositrice passionne quand il s’agit d’intercepter et de moduler un trait obsessionnel, elle échoue à recycler un jazz qui ne semble guère la passionner. Soit accepter la forme tout en refusant sa ponctuation, ses possibles excès et élans. En résulte une timidité d’approche, heureusement sauvée par de trop brèves interventions solistes (Mat Maneri, Ingrid Laubrock). On pense à certaines compositions de Braxton ou de Tim Berne, possibles modèles – voire maîtres – d’une pianiste dont on attend toujours qu’elle s’ouvre à plus de sentimiento.

EN ECOUTE >>> Pass the Magic Hat

Kris Davis : Capricorn Climber (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 22 mars 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Too Tinkerbell 02/ Pass the Magic Hat 03/ Trevor’s Luffa Complex 04/ Capricorn Climber 05/ Bottom of a Well 06/ Big Band Ball 07/ PI Is Irrational 08/ Dreamers in a Daze 09/ Too Tinkerbell Coda
Luc Bouquet © Le son du grisli

21 novembre 2013

Bererberg Trio : Feel Beetrr (Veto, 2013)

bererberg trio feel beetrr

Dans l’art de se coller l’un à l’autre sans pour autant se copier, Josh Berman (cornet), Christoph Erb (saxophone ténor, clarinette basse) et Fred Londberg-Holm (violoncelle, guitare) savent quel chemin emprunter. En courroux au début, nous les découvrirons mystérieusement réconciliés en fin d’enregistrement.

Entre les deux, le trio connaîtra des périodes d’acidité et de nervosités. La caresse sera âcre, sournoise. La corde grincera, les souffles seront de combat. Ils estropieront les unissons, réduiront en cendres les vertes boutures, s’enduiront d’assauts et de secousses anxiogènes, mettront l’épiderme à nu. Le cornet sera de continuité, la clarinette basse d’appui et d’aplomb, la guitare tissera le ravage. Et on ne sait trop pourquoi, les contrepoints sanglants de début s’adouciront en fin de disque. La tristesse des au-revoir peut-être…  

Bererberg Trio : Feel Beetrr (Veto Records)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Furaha 02/ Felice 03/ Boldogsag 04/ Kutentizza 05/ Fortuna 06/ Onni 07/ Tsuki
Luc Bouquet © Le son du grisli

28 novembre 2013

Maxime Petit : How Many Miles To Babylon? (2013)

maxime petit how many miles to babylon

Un détail attire notre attention : Lasse Marhaug est au mastering… Oui, mais avant ?... Basse électrique branchée directement sur la table (c’est ce qu’on suppose en tout cas), médiator bien calé, envie de s’appliquer à  la confection de sa carte de visite (il n’y en a qu’une centaine, dans une jolie pochette sérigraphiée)… voilà Maxime Petit prêt pour trois prises ! Les dites prises ne font pas un disque très long mais elles montrent de quoi le bassiste est capable.

Malgré son titre (How Many Miles To Babylon?), voilà Petit en route pour des terres plus « expérimentales » que celles de Peter Tosh sans toutefois réussir à cacher son goût (c’est ce qu’on suppose, bis) pour les musiques d’ailleurs (ce que confirmerait le troisième morceau, baptisé du nom d’une ville née de l’imagination de Gabriel Garcia Marquez). En plus de quoi, lorsqu’il ne cherche pas la pépite sonore en geek lo-fi, Petit peut faire de sa basse un mbira (Fira Palace) ou jouer de plus en plus fort un air qui sent fort le manioc (Macondo, justement). Certes, le son manque un peu d’étoffe et la production de pittoresque, mais la tentative est pour le moins originale et même… honnête.

Maxime Petit : How Many Miles to Babylon? (Autoproduction)
CDR / DL : 01/ Fira Palace 02/ City-O-Matic 03/ Macondo
Enregistrement : 17 & 18 juillet 2013. Edition : 2013.
Pierre Cécile © Le son du grisli

1 mai 2013

Little Women : Lung (Aum Fidelity, 2013)

little women lung

Avant de se retrancher dans l’excès sonique (mais beaucoup moins que dans Throat, leur précédent opus), Little Women (Travis Laplante, Darius Jones, Andrew Smiley, Jason Nazary) sera passé par d’inattendues étapes. Ici, font lien respirations et silences : tous deux moteurs et inspirateurs des zébrures à venir.

Oubliant d’éclabousser, le combo accorde aux cymbales de temps d’onduler. Offre aux saxophones des chants croisés. Egratigne un unisson vocal. Déconstruit l’arpège. Déborde le silence de frappes cadrées et saturantes. Fait du souffle un fiel. Gangrène l’ostinato. Retrouve apaisement et résurrection. Raconte et respire. Et surtout : construit sans gradation mais avec entêtement un édifice aux multiples clartés.

EN ECOUTE >>> Lung (extrait) >>> Lung (extrait) 

Little Women : Lung (Aum Fidelity / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01/Lung
Luc Bouquet © Le son du grisli

6 décembre 2013

Looper : ųatter (Monotype, 2013)

looper matter

Redire que Looper est ce trio formé de trois des plus remarquables improvisateurs d’hier (déjà), du jour (sûrement) et de demain (sans doute) : Martin Küchen, Nikos Veliotis et Ingar Zach. Noter aussi que Looper est ce cœur fragile que l’on entend battre sur le début de ųatter, vinyle dont la pochette – juxtaposition d’images, tirées d’une vidéo de Veliotis, qui nous propulse en salle d’opération – pour lui nous fait craindre le pire, mais dont la musique, du même, atteste l’endurance et même la force subtile.

Il faudra pour cela fondre d’abord tous les matériaux : saxophone alto, violoncelle, percussions et radio. L’opération est délicate, dans tous les sens du terme, qui ajoute à sa propre rumeur les chants d’instruments lustrés avec application : claire et grosse caisses effleurées, saxophone réservé, violoncelle maniaque. Au rapport, ce-dernier l’emporte donc et dessine, d’un archet amplifié, la ligne de laquelle le groupe ne déviera plus. Jonchées d’inquiétudes, celle-là, et de graves impératifs. Malgré les unes et les autres, sur sa ligne le trio danse : en appelle à l’accident, s’en remet au péril.

écoute le son du grisliLooper
Alignement

Looper : ųatter (Monotype / Metamkine)
Edition : 2013.
LP : 01/ Slow 02/ In Flamen 03/ Alignement 04/ Our Meal
Guillaume Belhomme © Le son du grilsi

22 novembre 2013

Johannes Bauer, Isabelle Duthoit, Luc Ex : Bouge (CCAM, 2013)

johannes bauer isabelle duthoit luc ex bouge

Cette chronique inaugure une semaine dédiée aux bassistes à l'occasion de la parution, mardi prochain, du onzième hors-série papier du son du grisli : sept basses.  

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Pour vérifier que Luc Ex bouge encore, on peut le suivre en Bouge (ah !) avec la vocaliste Isabelle Duthoit et le tromboniste Johannes Bauer. L’expérience promet, je vous l’assure, en promet même de toutes les couleurs (sur vingt-et-un petits morceaux).

Ça commence par des sirènes et un morceau brut de décoffrage à la Ex (The)… la basse qui crache un motif accidenté, la voix qui aboie aigu et le trombone qui gronde saccadé. Impressionnant, et si la suite l’est un peu moins, elle l’est tout de même assez pour qu’on applaudisse le trio pour sa performance…

Car quand les deux hommes sont moins vaillants, Madame les pique au nerf. Pour ce faire elle siffle, s’insurge, gémit, râle, théâtralise, ou encore – pour citer des verbes qui ne tarderont pas à rentrer dans le Larousse – elle asiatise (japonise ou coréane), boise (à la clarinette) et même il arrive qu’elle talwègue… De quoi relancer la machine mâle, qui canarde pour faire front quand elle n’y va pas de main morte ave trombone-hache et médiator-cisailles !

Enfin, je ne vous quitterais pas sans avouer (quitte à laisser toute la parole à la Cécile qui est en moi) que la mélodie que Bauer a inventé « sur » Rosa a bien failli me tirer des larmes. Voilà pourquoi Bouge, croyez-moi, j’y reviendrai.

Johannes Bauer, Isabelle Duthoit, Luc Ex : Bouge (CCAM)
Enregistrement : Avril-Mai 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Krapplack 02/ Alizarine 03/ Capucine 04/ Cinabre 05/ Pourpre 06/ Ocer 07/ Amarante 08/ Sang 09/ Lava 10/ Vermillon 11/ Zinnoberrot 12/ Tomaat 13/ Carmin 14/ Coquelicot 15/ Rosa 16/ Roest 17/ Vuurrood 18/ Scarlet 19/ Ruby 20/ Aniline 21/ Kirsch
Pierre Cécile © Le son du grisli

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luc ex pannonica

Luc Ex emmènera ce vendredi 22 novembre à Nantes, Pannonica, un autre de ses projets, Assemblee, dans lequel entendre aussi Ingrid Laubrock, Ab Baars et Hamid Drake. Le samedi 23, le groupe se produira à Avignon, AJMI La manutention. 

7 février 2014

Daunik Lazro, Joëlle Léandre : Hasparren (NoBusiness, 2013)

daunik lazro joëlle léandre hasparren

Ce qui se passe ici est très simple, très naturel : cela se nomme complicité. Nous étions nombreux à le savoir et à attendre ce CD. Il aura fallu un petit village bien allumé du Pays Basque et les lituaniens de NoBusiness pour que… Mais ne nous énervons pas : le disque est là, voilà bien l’essentiel.

La complicité, donc. Une complicité vieille de combien d’années déjà ? Pas important. Ecoutons plutôt. Il y a le baryton de Daunik Lazro et la contrebasse de Joëlle Léandre. Tous les deux sont en vol, prêts à fendre l’harmonie. L’une n’agite pas son archet pour rien. Malgré sa grande maîtrise, elle trouve encore le moyen de (se) surprendre. L’autre pivote et n’a de proie que le cri qu’il arpentera plus tard. Pour le moment, ils restaurent des contrepoints rauques. Parfois, mesurent les distances entre l’hyper grave et l’hyper aigu. Si on ne les connaissait pas, on pourrait dire qu’ils s’observent. Mais tel n’est pas le cas. Ils cherchent et zèbrent leurs flux. L’une glisse, l’autre cisaille et tous les deux résonnent. Et voici que quelque chose s’élève. Et ce qui s’élève n’est pas rien. Nous dirons qu’ils font de la tempête une tendresse infinie. Cela est si simple, cela est si naturel : cela se nomme complicité.

écoute le son du grisliDaunik Lazro, Joëlle Léandre
Hasparren IV

Daunik Lazro, Joëlle Léandre : Hasparren (NoBusiness)
Enregistrement : 2011. Edition : 2014.
CD : 01/ Hasparren I 02/ Hasparren II 03/ Hasparren III 04/ Hasparren IV 05/ Hasparren V 06/ Hasparren VI
Luc Bouquet © Le son du grisli

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8 février 2014

Dead Neanderthals : … And It Ended Badly (Gaffer / Raw Tonk, 2013)

dead neanderthals and it endend badly

C’est à Gaffer qu’on doit la mise au jour (et donc le retour) du Dead Neanderthals. Aussi vigoureux, aussi fort, aussi remonté (si ce n’est plus) qu’hier…

Rappel des faits : Polaris.  Maintenant … And It Ended Badly. On n’oserait croire à la fin du Neanderthal, même si on ne peut que constater son gros râle d’agonie (There Was A Great Battle). Heureusement du corps gisant deux saxes sortent maintenant : Colin Webster et Otto Kokke, s’il faut les nommer. Ils se chamaillent et Rene Aquarius (à la batterie) compte les points.

Mais quand il les asticote (à grands coups de bâtons), c’est encore mieux : le jazz rock est free, ce qui pousse les saxophonistes à se différencier (l’un joue plusieurs fois la même note et l’autre en attaque trente-six). Et si la conclusion déçoit un peu en comparaison de ce qui s’est passé plus tôt, c’est qu’elle illustre le poème que forment les titres des six plages du CD. Tout s’explique !

Dead Neanderthals : … And It Ended Badly (Gaffer / Raw Tonk)
Enregistrement : 1er décembre 2012. Edition : 2013.
01/ There Was A Great Battle 02/ Weapons Drawn, Blood Spilled 03/ Both Sides Fought Bravely 04/ It Went On For Days 05/ And It Ended Badly 06/ And In Tears… Of Course
Pierre Cécile © Le son du grisli

31 décembre 2013

Instant Chamber Music (Setola di Maiale, 2013)

instant chamber music

On pourra reprocher certaines petites choses (improvisations shuntées et incomplètes) à Marcello Magliocchi (sculptures sonores), Matthias Boss (violon), Paulo Chagas (flûtes, hautbois, clarinettes, saxophones) et Maresuke Okamoto (contrebasse) mais jamais on ne mettra en doute le bien fondé de leur entêtement. Car ce sont avant tout des aventuriers du bruyant, des soldats aux marches guerrières. Ils sont indomptables, impolis et cela me plait.

Le violoniste furète l’aigu avec malice, aime à bavarder sèchement avec ses amis. On ne peut pas ne pas le remarquer. Il entretient la résonnance et l’oppression. Il crisse et empoisonne l’espace. Et il trouve en Paulo Chagas, sopraniste quasi evanparkerien, un souffleur à sa juste démesure, quitte à laisser  parfois ses deux autres camarades sur le banc de touche. Mais tout ce beau monde, de se réunir en une dernière et discordante improvisation (12026), sans clés ni certitude si ce n’est celle de donner sens et contour à l’art singulier du désordre.

écoute le son du grisliInstant Chamber Music
120226

Instant Chamber Music : Instant Chamber Music (Setola di Maiale)
Enregistrement : 2011-2012. Edition : 2013.
CD : 01/ Scaffolding on the Previous Day 02/ After Silence 03/ Rainy Season 04/ Rumor of Another Forest 05/ After Rain in Another Forest 06/ Yellow in White 07/ Pulse of Essi 08/ The Catcher in the Boss 09/ 120221 #Quartet 10/ 120221 T.17 11/ 120226
Luc Bouquet © Le son du grisli

24 janvier 2014

Joris Rühl, Antez (obs / Azimut, 2013)

joris rühl antez

Vous ne me demandez rien mais je vais vous le dire quand même : j’aime les choses qui grincent et qu’on fait tourner. J’en déduis que Joris Rühl et Antez – un clarinettiste et un percussionniste que je ne connaissais pas jusque-là – étaient faits pour me plaire. Mais eux étaient-ils faits pour s’accorder ?

Eh bien oui bien sûr (quelle question)… Il n’y a qu’à écouter ce disque sans titre, fait de deux extraits de concerts organisés à Zürich (WIM) et Grenoble (La Promotion) en 2012 & que produisent les labels (enfin, je crois que ce sont des labels, tout ça reste obscur) obs (avec un « o » minuscule) et Azimut (sans « h »). L’improvisation des deux hommes suit une minérale-logique rocheuse qui, une fois terminée l’introduction au tom basse, siffle siffle et siffle beaucoup et tourne tourne donc : brute, industrielle, angoissante… L’improvisation du duo tout pour plaire !

écoute le son du grisliJoris Rühl, Antez
(extrait)

Joris Rühl, Antez : (obs / Azimut)
Enregistrement : 2012. Edition : 2013.
CD : 01-02/ -
Pierre Cécile © Le son du grisli

16 janvier 2014

Robert Piotrowicz : When Snakeboy Is Dying / Lincoln Sea (Musica Genera, 2013)

robert piotrowicz when snakeboy is dying lincoln sea

When Snakeboy Is Dying et Lincoln Sea, deux enregistrements que Robert Piotrowicz faisait paraître l’année dernière, pourraient être deux wagons qui, raccrochés, composeraient un terrible engin. Le bruit de la machine – pas si bruyante, malgré son envergure – irait au rythme d’un synthétiseur analogique friable, qui tirerait d’ailleurs profit de sa lente érosion.

Perturbant les champs magnétiques élaborés par le synthétiseur annoncé, piano, guitare et vibraphone, composent au moyen de collisions répétées une électroacoustique faisant la distinction entre les deux grands principes qui la définissent : en conséquence, voici les nappes électroniques amputées par quelques zones d’échouage pour instruments anciens. When Skaneboy Is Dying, de profiter de contrastes sensiblement empilés avant de suivre un rythme autrement captivant, sur lequel les cordes et les coups sonnent et résonnent.

Laissant au synthétiseur tout le champ d’action, Lincoln Sea trame, lui, un minimalisme à strates qui évoquera aussi bien Alvin Lucier que Richard Landry. Bourdons oscillant ou tenaces, polyphonies torves, et voici que s’impose sur toute la longueur de sa dérive un ouvrage électronique débordant de sons certes déroutants, mais qui implacablement le maintiennent à flot.  

Robert Piotrowicz : When Snakeboy Is Dying (Musica Genera / Metamkine)
Enregistrement : 2009. Edition : 2013.
LP : 01/ The Boy And Animal Mass 02/ The Bite 03/ Formatio 04/ Pneuma 05/ Snaekeboy Maximus

Robert Piotrowicz : Lincoln Sea (Musica Genera / Metamkine)
Enregistrement : 2010-2012. Edition : 2013.
12'' : A-B/ Lincoln Sea
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

15 avril 2013

Empty Cage Quartet : Empty Cage Quartet (Prefecture, 2012)

empty cage quartet prefecture music

L’Empty Cage Quartet « confectionne un jazz soutenu parcouru de dissonances, répétitions et entrelacs spécieux », écrivions-nous dans l’évocation d’Hello The Damage! Dans un même état d’esprit, le groupe enregistrait plus récemment une quarantaine de minutes que Prefecture Music édite aujourd’hui sous le nom du groupe : Empty Cage Quartet.

De leurs habitudes, Kris Tiner, Jason Mears, Ivan Johnson et Paul Kikuchi, font sept nouveautés qui profitent d’un bel usage des retournements : unissons, répétitions de motifs, encombrements des instruments à vents, tensions commandées par la contrebasse et la batterie, brin de soul dépêché au chevet d’un impétueux jazz de chambre. Dans sa course – digne d’intérêt – c’est en pugiliste essoufflé que le quartette brille encore davantage : Oblige the Oblivious et Peace propageant partout leur mesure.

écoute le son du grisliEmpty Cage Quartet
Empty Cage Quartet (extraits)

Empty Cage Quartet : Empty Cage Quartet (Prefecture Music)
Enregistrement : 2011. Edition : 2012.
LP : 01/ Oblige the Oblivious 02/ Bubbler 03/ Peace 04/ Presence That Time Diminishes 05/ Taming Power of the Great 06/ Joyous Lake 07/ Avoid the Obvious
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

16 avril 2014

The Ambush Party : Circus (Tumult, 2013)

the ambush party circus

A vouloir colorer tous les tableaux, l’essentiel finit par s’effacer. Ainsi de The Ambush Party (Natalio Sued, Oscar Jan Hoogland, Harald Austbo, Marcos Baggiani), jeune combo néerlandais, prenant à bras le corps une improvisation qui, épisodiquement, les dépasse. Ainsi, la tentation du rythme les éloigne d’un centre dont le saxophoniste, astre libérateur du groupe, réinvente parfois le contour. Et ce rythme-poisse reviendra plus d’une fois hanter et dévorer une brumeuse et docile substance.  

Mais conscient de la monotonie de l’inventaire leur servant de vitrine, The Ambush Party trouve quelques soniques et perverses déchirures. Moments de franche contestation nous laissant espérer de brutaux lendemains.

The Ambush Party : Circus (Tumult)
Enregistrement : 2011. Edition : 2013.
CD : 01/ The Invisible Acrobats 02/ Rope Dancer 03/ Rehearsing the Clowns Act 04/ The Elephant 05/ The Tiger Is Loose 06/ Trapez Cesang
Luc Bouquet © Le son du grisli

11 juin 2014

Peter Brötzmann, Jason Adasiewicz, John Edwards, Steve Noble : Mental Shake (OTOroku, 2014)

peter brötzmann jason adasiewicz john edwards steve noble mental shake

Pour peu que l’on goûte le vibraphone (et l’effet de ses harmoniques), il faut aller entendre ce Mental Shake enregistré par le trio que composent Peter Brötzmann, John Edwards et Steve Noble – dont on se rappelle … the Worse the Better sur le même label – en compagnie de Jason Adasiewicz au Café OTO le 12 août 2013.

Partageant une même conviction – que Noble martèle d’ailleurs –, les quatre musiciens y font en effet preuve d’une inspiration qui met au jour un folk au mystère épais. Ainsi, tarogato puis saxophones et clarinette explorent l’espace avec une fantaisie et une opiniâtreté qui déstabilisent son équilibre : insistants, Edwards et Noble le sont heureusement autant que le souffleur, quand les suspensions vibrantes d’Adasiewicz finissent de fleurir une improvisation courte mais ô combien remuante.

écoute le son du grisliPeter Brötzmann, Jason Adasiewicz, John Edwards, Steve Noble
Mental Shake (extrait)

Peter Brötzmann, Jason Adasiewicz, John Edwards, Steve Noble : Mental Shake (OTOroku)
Enregistrement : 12 août 2013. Edition : 2014.
CD / LP / DL : 01/ Mental Shake
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

4 avril 2014

The Ames Room : In St Johann (Gaffer, 2013)

the ames room in st johann

Au festival autrichien ARTFACTS, le 9 mars 2012, The Ames Room donna un concert. A Niort et Poznan (In), St Johann succède donc.

Une même énergie présida à cet autre échange, nœud de tensions qui, de seconde en seconde, subtilement se renforcent. Abrupte, la frappe de Will Guthrie* lâche le trio sur une pente dont il connaît l’inclinaison mais dont il ignore encore tout des reliefs. Envisageant son instrument comme d’autres élaborent de décisifs mouvements sur cube de Rubik, Jean-Luc Guionnet transforme de brefs motifs à force de répétitions. Plus lâche peut-être qu’à son habitude, Clayton Thomas, lui, oppose sa décontraction (feinte, peut-être) à la dynamique du torrent.

En seconde face, l’alto abandonne ses répétitions pour quelques fulgurances. De l’improvisation, le fil rouge est cassant ; alors, avec une égale implication, ses membres se désolidarisent : elle, gagne en éclats et détonations.

écoute le son du grisliThe Ames Room
In St Johann

The Ames Room : In St Johann (Gaffer)
Enregistrement : 9 mars 2012. Edition : 2013.
CD : 01/ In St Johann
Guillaume Belhomme © Le son du grisli

sonic protest 2014* Echappé de The Ames Room, Will Guthrie sera, ce vendredi soir en duo avec David Maranha, de l'ouverture de la dixième édition du festival Sonic Protest. Occasion de rappeler que le concours Merzbow / Sonic Protest est ouvert jusqu'au 7 avril.

1 juillet 2014

Sophie Agnel, Olivier Benoit : Reps (Césaré, 2014)

sophie agnel olivier benoit reps

Puisqu’il faut souvent, en présence de Sophie Agnel, filer la métaphore, nous irons donc voir dans les stries du Reps annoncé, enregistré en juillet 2011 avec l’un de ses partenaires privilégiés, Olivier Benoit.

Piano contre guitare électrique, une demi-heure, et deux pièces. La fougue emporte déjà la pianiste qui fait gronder son instrument comme d’autres actionnent toujours le même métier à tisser : quelques chuintements trahissent l’âge de la machine, remplacés bientôt par des soupçons prudents mais qui gonflent avec la tension électrique, forment un accord qu’Agnel répétera à distance. Hélas, à coups de facilités et de notes dans le vide, le mystère se délite et la déception point : la trame est finalement grossière.

La contrariété passée – Reps-1 est quand même une demi-réussite –, le duo remet l’ouvrage sur le métier : la confrontation est motivante, qui n’en oblige pas moins Benoit à davantage encore d’effacement, mais chez la pianiste virera au théâtre, et même à l’emphase. L’a-t-elle remarqué ? Reprenant la tonalité d’un larsen qui court, elle se fait alors répétitive et brouille tous les plans : plus de trame qui vaille, mais un charme soudain. Maintenant, la question dérange : deux demi-réussites en font-elles une entière et pleine ?

Sophie Agnel, Olivier Benoit : Reps (Césaré / Metamkine)
CD : 01/ Reps-1 02/ Reps-2
Enregistrement : 11-13 juillet 2011. Edition : 2014.
Guillaume Belhomme © Le son du grisli 

9 juillet 2014

Jaki Liebezeit, Hans Joachim Irmler : Flut (Klangbad, 2014)

jaki liebezeit hans joachim irmler flut

Je ne remercierais jamais assez Jaki Liebezeit (ex CAN) et Hans Joachim Irmler (ex Faust) de nous avoir démontré que ce n’est pas dans les vieux pots à tabac qu’on trouve de quoi faire les meilleures prises…

En effet, Flut nous fait non seulement regretter le krautrock de jadis mais l’on se demande maintenant si ses provocations n’étaient pas là pour cacher une épaisse couche de nullité. C’est cette couche que Flut mettrait au jour avec ses percussions qui tournent comme aurait pu le faire un rythme d’accompagnement de Casio ou sa batterie qui accouche d’un binaire pas contrariant & son orgue qui fait part d’un dilettantisme (débutantisme ?) avachi et donne dans l’improvisation psyché-quoik d’une stérilité mes aïeux… Flut !, après Neu! voici donc Nul !

écoute le son du grisliJaki Liebezeit, Hans Joachim Irmler
Flut (Extraits)

Jaki Liebezeit, Hans Joachim Irmler : Flut (Klangbad)
Edition : 2014.
CD : 01/ Amalgam 02/ Golden Skin 03/ Ein Perfektes Paar 04/ Sempiternity 05/ Washing Over Me 06/ König Midas
Pierre Cécile © Le son du grisli

29 août 2014

Rhodri Davies, Lee Patterson, David Toop : Wunderkammern (Another Timbre, 2010)

rhodri davies lee patterson david toop wunderkammern

Drôle d’aigu pour une rencontre, que celui qui introduisait Wunderkammern que l’excentrique David Toop (laptop, steel guitar, flûtes…) a imaginé en 2006 avec deux musiciens de la jeune génération, j’ai nommé Rhodri Davies (harpe, ebows, électronics…) et Lee Patterson (field recordings, amplified devices…).

Les percussions jouent un grand rôle dans cette ambient électroacoustique rampante, moléculaire, crépusculaire. Wunderkammern, c’est le retournement d’un bâton de pluie le plus lentement possible, le bruit que fait une bille de bois lancée sur des plateaux métalliques ou l’appel à l’aide d’une bouteille lancée dans le cosmos. Et sur cette esthétique sonore dont le label Another Timbre s’est fait le chantre, l’originalité de Toop trouve un terrain propice : régénéré, le Toop.  

Rhodri Davies, Lee Patterson, David Toop : Wunderkammern (Another Timbre)
Enregistrement : 24 juillet 2014. Edition : 2010.
CD : 01-05/ Wunderkammern
Pierre Cécile © Le son du grisli

festival météo 100

Lee Patterson et Rhodri Davies sont au programme de Météo ce vendredi 29 août : le premier se produira seul au Noumatrouff quand le second se fera entendre dans le Trondheim Jazz Orchestra.  Le lendemain, au même endroit, Patterson jouera avec Greg Pope sous le nom de Cipher Screen.

 

9 septembre 2014

Peter van Huffel’s Gorilla Mask : Bite My Blues (Clean Feed, 2014)

van huffel gorilla mask bite my blues

Et Zu, un peu de trash ! Mais à la différence des bruyants italiens, la sportivité n’est pas le seul domaine de nos trois gorilles masqués (Peter van Huffel, Roland Fidezius, Rudi Fischerlehner). Ainsi, entendra-t-on un altiste aylériser son souffle ou un bassiste électrique jazzer en solo. Oui, la terre brûlée n’est pas leur unique domaine : il faut compter sur cet altiste obstiné, têtu, tenace et ne faisant jaillir le cri que dans l’absolue nécessité. Il faut compter sur ce bassiste dévissant le bruit pour lui offrir quelques soutes salvatrices. Il faut compter sur ce batteur pour délivrer les métriques du genre.

Mais il faut aussi que le trash se sache. Ainsi, l’obligation d’enserrer le cercle, de convoquer pelleteuse et bétonneuse, d’activer lyrisme vicié et crachats soniques seront respectés à la lettre. Rien d’anormal donc. Vous reprendrez bien un peu de trash ?

Peter van Huffel’s Gorilla Mask : Bite My Blues (Clean Feed / Orkhêstra International)
Enregistrement : 2013. Edition : 2014.
CD : 01/ Chained 02/ What?! 03/ Skunk 04/ Bite My Blues 05/ Broken Flower 06/ Fast & Flurious 07/ Z
Luc Bouquet © Le son du grisli

16 septembre 2014

Bolder : Hostile Environment (Editions Mego, 2014)

bolder hostile environment

Vieille connaissance du label Mego, à l’époque pas encore au stade des Editions, Peter Votava se rappelle à nos beaux souvenirs de ses anciens projets Pure et Ilsa Gold. Aujourd’hui associé à Martin Maischein (ex-Heinrich at Hart) au sein de Bolder, le producteur autrichien déboule avec un Hostile Environment des plus jubilatoires – pour autant qu’on se laisse porter par sa fausse techno noire à la frontière de l’alien et de l’androïde.

Six putains de tracks qui envoient dans les profondeurs lactées d’une galaxie noire, et balancées au plein milieu d’une insomnie coriace vers trois heures du mat’, elles font sortir du placard tous les démons du magma incandescent – le plus comique étant que prévus pour le 33rpm, les morceaux fonctionnent aussi (et à leur corps défendant) en 45rpm. Prends garde à toi, apprenti vampire des platines.

Bolder : Hostile Environment (Editions Mego / Souffle Continu)
Edition : 2013.
LP / DL : A1/ Sinking Cities A2/ Morbid Funk Ride A3/ Deep Cuts B1/    Extraterrestrial Deactivity B2/ Residuality B3/ Passive Agressive
Fabrice Vanoverberg © Le son du grisli

17 septembre 2014

Franck Vigroux : Ciment (DAC, 2014)

Franck Vigroux Ciment

Ce n’est pas un retour à la vie sauvage (la cabane dans les bois, sur la pochette du LP, m’a fait craindre un nouveau cas de Walden Syndrome), mais plutôt un repli chez soi qui fait le Ciment de Franck Vigroux. Le voilà libre, seul à la guitare, prêt à tirer dans tous les sens.

Et (ouf !) il jouit chez lui de l’électricité (ce qui peut être pratique si l’on veut brancher un ampli). Maintenant, que penser de ces dix instrumentaux bruitisto-mélodiques (dépend des fois) qui s’écoutent (là-dessus, pas de problème) mais qui manquent légèrement de personnalité ?

Car quand on a eu la chance d’entendre ce que Kevin Drumm, Henry Kaiser, Oren Ambarchi, Otomo Yoshihide, Derek Bailey bien sûr, ou même Ali Farka Touré, ont fait à la guitare dans le genre noisy, arpégé, improvisé ou blues du désert, on a du mal à saisir l’originalité des plans au calque de Vigroux. A moins que l’envie nous vienne d’écouter tous ces modèles réunis sur une seule et même galette. Alors, OK, Ciment pourrait faire l’affaire.

Franck Vigroux : Ciment (DAC)
Enregistrement : 2014. Edition : 2014.
LP : A1/ Reste à pique A2/ Marche à déployer A3/ Crève mais l’ombre A4/ Frotte A5/ Lambeaux – B1/ Monter soleil vers la crête B2/ Souviens-toi du premier B3/ Regarde aussi vers B4/ Que rien n’y pousse B5/ Dixième
Pierre Cécile © Le son du grisli

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